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Annie Ernaux, Brigitte Giraud... Femmes récompensées en littérature, tendance éphémère ou véritable changement ?

En 2022, la plupart des prix littéraires en France ont été remportés par des écrivaines. Une bonne nouvelle dans un milieu réputé masculin : en plus d'un siècle, seules 13 femmes ont été couronnées du Goncourt.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les livres d'Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022, exposés dans une librairie japonaise juste après l'annonce du Nobel, Tokyo, Japon, le 6 octobre 2022 (KANAME MUTO/AP/SIPA / SIPA)

Prix Nobel de littérature à la Française Annie Ernaux, prix Médicis à Emmanuelle Bayamack-Tam, prix Fémina à Claudie Hunzinger... Remarquer que des femmes sont majoritairement récompensées pourrait donner l'impression de s'en étonner, voire de sembler découvrir que les femmes savent bien, très bien, écrire. Pourtant, Brigitte Giraud est devenue seulement la 13ème femme à gagner le prix Goncourt avec son roman Vivre vite... en 122 éditions. "Ce n'est pas énorme, euphémise Alix Penent, éditrice de Brigitte Giraud chez Flammarion. Mais, cette année, on a l'impression qu'on revient à quelque chose de naturel."

>> Prix Nobel de littérature : cinq livres pour entrer dans l'œuvre universelle et accessible d'Annie Ernaux

Au moins de juillet dans le Journal du dimanche, le président de l'académie Goncourt, Didier Decoin, avait estimé que son jury se "cassait le nez sur la matière première". Sous-entendu : il n'y a pas assez de livres écrits par des femmes – ou pas d'assez bons. "J'ai le sentiment que ça s'équilibre en termes de production, nuance Philippe Claudel, secrétaire général de l'académie Goncourt. Sans être dans une obsession de parité, parmi les quinze titres de la première liste début septembre, il y avait huit romans écrits par des femmes, sept par des hommes."

Quand l'art accompagne les phénomènes sociétaux

Si l'on reste encore assez loin de la parité en termes de récompenses, il y a bel et bien une dynamique positive à l'oeuvre depuis quelques années, peut-être même depuis le mouvement #MeToo. Les jurys sont ainsi amenés, dans tous les domaines artistiques, à être plus vigilants à ne pas invisibiliser les femmes. "Il y a, à la fois, un désir du lectorat et un désir des gens qui osent créer", constate Juliette Joste, directrice littéraire chez Grasset. La femme de lettres se remémore le slogan des féministes dans les années 70 qui disait "Ne me libère pas, je m'en charge" : "Je pense que c'est vrai aussi dans le domaine de la littérature, et plus largement que du côté du féminisme, du côté aussi de toutes les formes de différences", poursuit-elle.

"À un moment donné, ce sont les femmes, les racisés, les autres, ceux qu'on n'entend pas qui se disent : 'Moi aussi je vais y aller, moi aussi, j'ai quelque chose à dire'."

Juliette Joste, directrice littéraire chez Grasset

à franceinfo

La meilleure réponse à ces débats est peut-être ce Nobel de la littérature décerné à Annie Ernaux : la récompense d'une œuvre remarquable mais aussi d'une femme et d'une personnalité, aux partis pris féministes et politiques forts.

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