Pierre Lemaitre, Goncourt 2013 : "On a vite fait de penser que l’on est un grand homme"
Le 4 novembre 2013, Pierre Lemaitre reçoit le plus prestigieux des prix littéraires, le Goncourt, pour son roman Au revoir là-haut, chez Albin Michel. Réunis comme d'habitude depuis un siècle au restaurant Drouant, les jurés lui décernent le prix, après 12 tours de table. Un moment dont il garde un souvenir très particulier.
"Je garde d’abord le souvenir d’une caméra qui me tape sur la tête parce qu’il y avait tellement de caméras et de photographes à la sortie de Drouant que c’est une cohue terrible. Ce sont des émotions tellement puissantes qu’il faut du temps pour qu’elles s’apaisent. On est à un an et l’émotion est quasiment intacte, " raconte Pierre Lemaitre.
De nombreux changements
Si Pierre Lemaitre vit toujours dans un modeste immeuble de Courbevoie, en région parisienne, sa vie a radicalement changé. "C’est un déferlement médiatique qui n’arrête pas et je suis obligé, moi qui n’en ait jamais eu, d’avoir une assistante car il n’y a pas une minute de répit. Je passe d’un studio à l’autre, je travaille à peu près 14 heures par jour pendant des mois. "
Le Goncourt est aussi un jackpot pour le lauréat et son éditeur, avec en moyenne 400.000 ventes à la clé pour le roman barré du célèbre bandeau rouge, cadeau de Noël par excellence. Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, tiré initialement à 30.000 exemplaires, s'est écoulé à ce jour à 620.000 (Canada compris), après 21 réimpressions.
Pierre Lemaitre a rencontré de nombreux médias, libraires et lecteurs, en France comme à l’étranger. "Le fait de rencontrer des journalistes étrangers et d’avoir la perception qu’ils ont de ce qu’est le Goncourt, la culture française, de ce qu’est mon travail, c’est intellectuellement très intéressant. "
C'est un piège terrible
Il faut toutefois faire attention à ne pas prendre la grosse tête, explique Pierre Lemaître. "On a vite fait de penser que l’on est un grand homme parce que l’on est interrogé, parce qu’on est sollicité. Si on n’a pas le recul, on a vite fait d’y croire. "
Un après Goncourt un peu difficile
Une fois passés ces mois bien remplis et toute l’agitation liée au Goncourt, il n’est pas toujours évident pour le lauréat de redescendre sur terre et de reprendre une vie normal. Certains, comme Pierre Lemaître, on une sorte de Goncourt blues. "Il y a quelque chose qui est passé et qui ne reviendra plus. Mais vous ne savez pas quoi et c’est un petit peu angoissant. C’est un moment qui est passé et j’ai maintenant hâte d’avoir un confrère ou une consoeur Goncourt. "
Le Goncourt 2014 intéresse beaucoup Pierre Lemaître car il sera libéré du fait d’être le Goncourt de l’année et redeviendra un Goncourt parmi les autres. "Je passe de l’actualité au patrimoine. "
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