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"Passeport pour Hollywood" : six entretiens du critique Michel Ciment avec des réalisateurs de légende, une leçon de cinéma

Le critique de films rassemble ses longs interviews avec Billy Wilder, John Huston, Joseph Mankiewicz, Roman Polanski, Milos Forman et Wim Wenders : le cinéma vu par le grand bout de la lorgnette.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Michel Ciment, journaliste, ecrivain et critique de cinema francais, en 2006. (LAMACHERE AURELIE/SIPA)

Doyen de la critique de cinéma, pilier de la mythique revue Positif, Michel Ciment, c’est un peu le "patron". Admiratif du cinéma américain, il était aussi l’intervieweur privilégié de Stanley Kubrick en France, sur lequel il écrivit un ouvrage définitif. Dans Passeport pour Hollywood, il rassemble ses entretiens avec les réalisateurs Billy Wilder, John Huston, Joseph L. Mankiewicz, Roman Polanski, Milos Forman et Wim Wenders. De l’âge d’or jusqu’au nouvel Hollywood : une vision du cinéma américain de la seconde moitié du XXe siècle.

Politique des auteurs

Pour Michel Ciment, le cinéma américain changea du tout au tout quand les réalisateurs se mirent à écrire leurs scénarios. John Huston (Le Faucon Maltais, 1941), Joseph L. Mankiewicz (La Comtesse aux pieds nus, 1954), Billy Wilder (Boulevard du crépuscule, 1950) relèvent d’un âge d’or qui propulsa Hollywood au sommet de l’industrie cinématographique mondiale. Ils préfigurent ce qui deviendra en France la "politique des auteurs" qui définit le réalisateur comme responsable majeur de son film, et non comme cheville ouvrière entre producteur et distributeur. Théorisée par François Truffaut, elle influencera plus tard les cinéastes américains avec d’autres préceptes.

A leur suite, Roman Polanski, Milos Forman et Wim Wenders personnalisent des réalisateurs européens dont les films furent produits par Hollywood à partir des années 1960. Ils perpétuent et renouvellent cette indépendance à une époque où l’usine à rêves se remet en question. Comme leurs aînés, ils sont d’origine étrangère, mais contrairement à eux, ils ne sont pas nés aux États-Unis. Passeport pour Hollywood porte bien son titre. Tous s’inscrivent dans une tradition mais avec la volonté de faire bouger les lignes. Leurs témoignages participent à une histoire plurielle du cinéma qui serait leur patrie, plus que leur pays, au carrefour de l’art et de l’industrie.

Un cinéma mature

Billy Wilder ouvre le bal de ce florilège d'entretiens et ne tarit pas d’anecdotes, ayant participé au passage du classicisme des années 1930 à une modernité nouvelle. L’optimisme américain originel se teinte d'ironie, de cynisme et de doute. John Huston et Joseph Mankiewicz, ses contemporains, font de même, sans n'avoir rien de commun dans leurs films, sinon d’œuvrer à un cinéma adulte. Roman Polanski (Rosemary’s Baby, 1967), Milos Forman (Ragtime, 1981) et Wim Wenders (Paris Texas, 1984) sont leurs héritiers.

Tous biberonnés par Hollywood, leur rêve américain s’est réalisé quand ils furent invités par les studios à y réaliser des films. Ils se sont accaparés un patrimoine commun avec une sensibilité européenne. Il en résulte des films nouveaux au moment où l’Amérique et Hollywood se cherchent. Interrogés par un des plus grands critiques français, leurs expériences témoignent des liens entre l’Europe et les États-Unis par le prisme du cinéma. Six rencontres exceptionnelles avec des légendes, menées par un des plus grands journalistes et historiens de l'usine à rêves. 

Première de couverture de "Passport pour Hollywood" de Michel Ciment, 2O22. (CARLOTTA)

Passeport pour HollywoodMichel Ciment. Éditions Carlotta. 18 euros

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