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Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 : "Leurs enfants après eux n'est pas si fataliste que ça"

Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour son roman "Leurs enfants après eux" chez Actes Sud était hier soir l'invité du 20 heures de France 2. Il raconte ce qui l'a conduit à écrire cette histoire de deux adolescents dans une Lorraine des années 90 sinistrée et aux perspectives sombres.
Article rédigé par Jean-Michel Ogier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Nicolas Mathieu invité du 20 h de France 2
 (France 2 / culturebox)

"Ce matin j'ai pris un train à Nancy à 8h16 sans savoir ce qu'allait être ma journée et ce soir je suis là (sur le plateau du 20 heures). C'est très curieux, un peu inattendu et très vertigineux.


C'est cela le Goncourt : la projection en pleine lumière d'un écrivain pas forcément habitué aux projecteurs. C'est le cas du Spinalien Nicolas Mathieu qui se retrouve couronné pour son deuxième roman.

"Leurs enfants après eux" raconte l'histoire de deux adolescents d'origines sociales différentes dans les années 90 au coeur d'un bassin minier sans avenir en Lorraine. Nicolas Mathieu rappelle que dans son premier roman "Aux animaux la guerre" (Actes Sud), des personnages d'adolescents étaient apparus malgré lui et avec lesquels il n'en avait pas fini parce qu'il n'en avait pas fini non plus avec son adolescence. "J'avais le projet de faire un roman d'initiation. Un roman qui raconte les illusions et désillusions d'une bande de gamins et le passage du temps".

"Il y a un destin social qui pèse sur eux. Ils vont tout essayer pour s'en extraire dans la mesure de leurs moyens. Ce sont des gamins qui roulent pied au plancher dans un monde qui finit. Ce n'est pas si fataliste que ça ! Il y a des trajectoires ascendantes aussi."

De l'utilité de l'école

Le profil des deux "héros" est très différent : d'un côté une adolescente issue de la bourgeoisie et qui va finir par partir de sa ville, de l'autre un garçon fils de prolétaire qui lui va rester. 

C'est la capacité à se rendre compte à quoi sert l'école. Ce qui fait que la petite bourge de cette ville va s'en sortir c'est qu'elle va comprendre comment fonctionne l'école, quel tremplin ça représente. Quand on ne comprend pas, c'est comme une gare de triage, ça nous laisse sur le bas côté. Elle  va réussir à s'en servir."


Ces personnages, Nicolas Mathieu les a connus : "Peut-être que je viens d'un monde et d'une famille qui rendent particulièrement sensibles à leur type de destin. Je ne suis pas né dans ce milieu là mais ça réveille chez moi une sensibilité particulière. C'est d'eux dont j'ai envie de parler. C'est envers eux que je me sens une dette et c'est à eux que j'ai envie de donner la parole."

"J'ai fait ce que j'ai pu avec ce que je n'avais pas"

Nicolas Mathieu a "pris son temps" pour écrire ce deuxième roman. Il aime citer le boxeur Joe Louis à qui on demandait un jour quel regard il portait sur sa carrière. Il avait répondu :"J'ai fait du mieux que j'ai pu avec ce que j'avais". Le prix Goncourt 2018 détourne la phrase en toute modestie : "Longtemps j'ai fait ce que j'ai pu avec ce que je n'avais pas. Il m'a fallu le temps pour saisir quelles étaient les histoires qui me concernaient, pour parler des choses que je comprenais et que je connaissais." 

Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu
Actes Sud, 21,80 euros, 434 pages


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