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Michael Connelly plonge dans "Les ténèbres et la nuit", un polar sans surprise mais efficace

On assiste avec "Les ténèbres et la nuit" à un passage de relais en douceur entre Harry Bosch, héros récurrent de Michael Connelly, et Renée Ballard, inspectrice rebelle. Excellent, comme toujours.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'écrivain américain Michael Connelly en 2012. (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN)

Pour ceux qui ne connaissent pas Michael Connelly (y en a-t-il encore ?), Les ténèbres et la nuit (Calmann-Levy) est une découverte qui se lit avec gourmandise. Et pour les autres lecteurs, forcément plus nombreux, le dernier roman de l’auteur du Poète se lit aussi avec plaisir, attendu certes mais à chaque fois renouvelé.

"Les hommes de minuit "

L’histoire, donc. Lors du passage à la nouvelle année, l’inspectrice Renée Ballard est appelée sur une scène de crime. La victime : Javier Raffa, un garagiste endetté. Elle découvre vite que le meurtre est lié à un autre, sur lequel avait travaillé Harry Bosch. En parallèle, la nouvelle héroïne de Michael Connelly enquête sur un duo de violeurs, "Les hommes de minuit". Dans un Los Angeles sous pandémie, Renée Ballard ne laisse pas tomber le masque et encourage son partenaire à se faire vacciner, seuls signes d'engagement de l'auteur, dans l'Amérique des fake news de l'époque de Donald Trump président. Tous les deux ont un fort caractère. Et, comme son mentor Harry Bosch, Renée Ballard flirte avec l’illégalité. Désormais à la retraite, Harry Bosch s'empresse d'apporter son aide à son amie. Et les deux complices d'embarquer dans de nouveaux mystères, dans des ténèbres. 

La machine Michael Connelly est bien huilée, rien ne l’enraie. La petite (grande entreprise) Michael Connely ne connait pas la crise, ni la pandémie. Le prolifique auteur a su s’adapter au Covid en l’intégrant dans sa dernière œuvre. Tout comme il a réussi, avec finesse et/ou prudence, à évoquer l’assaut du Capitole par les sympathisants de Donald Trump. Efficace donc, comme toujours, et toutefois convenu. Efficace parce que Michael Connelly sait écrire, donner un tempo dont il a le secret, narrer simultanément deux histoires, décrire d’une façon clinique la vie dans un commissariat... Et l’on assiste au passage de relais de Harry Bosch, désormais à la retraite, à Renée Ballard, inspectrice célibataire, célibattante, surfeuse pendant ses loisirs et ses forts moments de tension. Convenu parce que Michael Connely n’arrive pas à nous surprendre. 

Les ténèbres et la nuit est un très bon roman. Frustration : Michael Connely fait du Michael Connely et il le fait très bien. Souhait : que l'auteur sorte un peu de sa prudence et prenne des risques. 

Couverture du livre "Les ténèbres et la nuit" de Michael Connely (CALMANN-LEVY NOIR)

Qui est Michael Connely ? Auteur prolifique, environ un livre par an, il a rencontré le succès très vite. Ancien chroniqueur judiciaire, le jeune sexagénaire (66 ans) a lâché le journalisme dès 1994. Son roman Le poète a eu un succès public retentissant et la reconnaissance de ses pairs. Plusieurs de ses livres ont été portés à l'écran, grand et petit. Ses héros récurrents, Harry Bosch et Mickey Haller, ont eu droit à de nombreuses adaptations. A ce jour, Michael Connelly a vendu plus de 80 millions de livres à travers le monde.

"Les ténèbres et la nuit", Michael Connely, Calmann-Levy, 22,5 euros

Extraits :  "Elle attrapa et mit CNN, l’écran se remplissant aussitôt d’images de gens, de hordes de gens, montant à l’assaut du Capitole. Elle passa d’une chaîne à une autre et c’était partout, sur tous les réseaux et chaînes d’infos. Les commentateurs parlaient d’insurrection, de tentative d’arrêter la certification de l’élection présidentielle deux mois plus tôt. Muette tant elle était abasourdie, elle  regarda la télé une heure durant sans bouger du canapé (…) ". "La télécommande à la main, elle passa les deux heures suivantes à sauter de chaîne en chaîne et à regarder des images troublantes de désordre absolu en essayant de comprendre comment les divisions dans le pays avaient pu tellement grandir que certains éprouvaient le besoin de se lancer à l’assaut du Capitole et de changer les résultats d’une élection à laquelle cent soixante millions de personnes de citoyens avaient pris part". 

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