"Les soixante-quinze feuillets et autres manuscrits" : une œuvre "poétique, qui comble notre attente", pour la Société des amis de Marcel Proust
Ces manuscrits sont le brouillon de "À la recherche du temps perdu" de Proust, et dévoilent le processus de création de son œuvre.
La parution jeudi 1er avril des Soixante-quinze feuillets autres manuscrits inédits de Marcel Proust, aux éditions Gallimard, est une œuvre "particulièrement poétique, fervente et elle comble notre attente", a réagi sur franceinfo Jérôme Bastianelli, président de la Société des amis de Marcel Proust. C'est un évènement littéraire puisque ces manuscrits étaient restés cachés depuis près de 70 ans chez l'éditeur Bernard de Fallois et ont été découverts après sa mort en 2018.
Une publication d'une "grande fluidité" et "plus abordable" que d'autres ouvrages de Marcel Proust. "Il me semble que c'est une clé intéressante pour ouvrir la porte de l'œuvre de Proust", selon Jérôme Bastianelli, pour qui Proust est "une mode durable".
franceinfo : Est-ce le Graal proustien, ce manuscrit ?
Jérôme Bastianelli : On l'attendait avec beaucoup d'impatience parce que, d'une part, on est toujours impatient de découvrir des œuvres nouvelles de notre écrivain favori et d'autre part, celle-ci est particulièrement poétique, fervente et elle comble notre attente. J'ai eu la chance de le lire. J'ai trouvé que c'était tout à fait émouvant de voir Proust écrire ce qui deviendra À la recherche du temps perdu et pour cela, il avait utilisé les prénoms des vraies personnes de sa famille. On sait qu'il va se détacher un peu plus de l'autobiographie pour brouiller un peu les pistes. Mais dans ces "soixante-quinze feuillets", il parle vraiment des gens qu'il a connus et c'est peut-être avec un style plus abordable que celui de À la recherche du temps perdu. En tout cas, j'ai l'impression qu'il y a une grande fluidité déjà dans ces "feuillets". Ça peut être une bonne introduction à son œuvre même pour ceux qui ne la connaissent pas bien.
Si on n'a pas lu À la recherche du temps perdu, peut-on commencer par ça ?
D'une part, il y a beaucoup de petits chapitres, ce sont des textes qui font quatre ou cinq pages, peut-être dix. Donc, il n'y aura pas ce sentiment de partir pour un voyage au long cours qui peut rebuter certains. Et d'autre part, c'est vraiment un style qui semble peut-être un tout petit peu plus abordable. Il n'y a pas de si longues phrases que ça et là, il me semble que c'est une clé intéressante pour ouvrir la porte de l'œuvre de Proust.
Pourquoi êtes-vous passionné par Marcel Prous, par son œuvre ?
Elle m'est venue cette passion quand j'étais adolescent à cause d'une épreuve du bac français. Je l'ai découvert en 1987. J'ai eu une assez mauvaise note parce que je ne connaissais pas Proust. Le ver était dans le fruit. Et puis après j'ai beaucoup apprécié l'histoire d'amour du narrateur, une histoire d'amour malheureuse, d'adolescent romantique et torturée. C'est ce qui m'a le plus plu au début. Maintenant, mon intérêt pour Proust a évolué et j'ai trouvé une philosophie de la vie et de l'art. Un miroir pour mieux se connaître, beaucoup d'humour, un témoignage historique aussi. C'est aussi un recueil de maximes dans À la recherche du temps perdu. Il y a plein de petites phrases percutantes qui vous sautent à la figure. Et puis, c'est une autre manière de voir le monde avec cette métaphore tout à fait poétique. C'est d'une richesse insoupçonnée. Chacun y trouvera son propre intérêt.
Marcel Proust a-t-il toujours la cote ?
Cette nouvelle publication fabuleuse a été entourée d'un certain nombre d'articles de presse et de radio et cela montre que Marcel Proust intéresse beaucoup. J'espère qu'il est beaucoup lu aussi. En tous les cas, si c'est un phénomène de mode, c'est une mode durable.
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