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Le Rideau de scène de Picasso se déploie au Centre Pompidou Metz

C'est l'un des événements de la saison au Centre Pompidou Metz. Le Rideau de scène du ballet "Parade", oeuvre monumentale réalisée par Picasso, vient d'être installé dans la Grande Nef du CPM. Propriété du Centre Pompidou de Paris, elle n'a été exposée que dix fois ces cinquante dernières années. Le public pourra la découvrir dans le cadre de l'exposition "1917", qui sera proposée au CPM du 26 mai au 4 septembre 2012.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le rideau de Picasso exposé dans la Grande Nef du Centre Pompidou Metz
 (France 3 / Culturebox)

 

Au delà des dimensions spectaculaires (45 kilos, 10,50 mètres de haut, 16,40 mètres de large), c'est surtout l'iconographie de ce rideau de scène qui en fait une pièce maîtresse de l'oeuvre de Picasso. La toile représente une scène théâtrale entourée de lourdes tentures rouges qui s'ouvrent sur une fête et un banquet où se détachent sept personnages : deux pierrots "arlequinés", deux hommes, l'un en costume de marin, l'autre en tenue de picador, deux femmes et un serviteur noir. Tous semblent s'être immobilisés à l'arrivée d'un Pégase femelle. Debout sur l'animal, une jeune femme ailée qui monte à une échelle, aidée par un singe.

Le rideau de scène imaginé par Picasso pour le ballet "Parade"
 (DR)

Ce rideau de scène fut réalisé par Picasso pour "Parade", un ballet en un acte créé par Léonide Massine, un jeune chorégraphe des Ballets russes de Diaghilev, sur une musique d'Erik Satie. Mais à l'origine de ce projet, il y a surtout Jean Cocteau qui écrivit l'argument de "Parade" avec dans l'idée de créer un spectacle résolument contemporain, qui parlerait de la vie. C'est lui qui eut l'idée d'associer Picasso au projet. Ce dernier était alors dans une phase difficile. Certes, en 1907, il avait bouleversé la peinture en posant les bases du cubisme avec "Les Demoiselles d'Avignon". Mais en 1917, il est encore quasiment inconnu et se retrouve seul à Paris, ses amis étant partis pour le front. Il s'est remis à dessiner des arlequins, il apprécie Satie et accepte la proposition de Cocteau en se lançant dans la conception du rideau, des décors et des costumes.

Costumes de Chinois du ballet "Parade" - Aquarelle de Picasso
 (ADAGP, Paris and DACS, London 2010 )

"Parade" sera un projet d'équipe mais dans lequel Picasso va clairement imposer sa "patte" et son génie. Présenté pour la première fois le 18 mai 1917 au Théâtre du Châtelet, "Parade" déclencha un scandale dans la salle. On accusa ses créateurs dont Picasso, de peindre une scène pleine de légèreté alors que la violence de la Première Guerre mondiale faisait rage à 300km de là. Le cubisme imposé par Picasso était encore considéré comme subversif voire même "anti-artistique et anti-national". La campagne des détracteurs fut telle que le spectacle ne rencontra pas le succès même si des artistes comme Juan Gris et Guillaume Appolinaire en dire tout le bien possible. En 1920, quand Diaghilev reprit "Parade", il fut nettement mieux accueilli et même applaudi par ceux qui, trois ans, plus tôt, l'avait sifflé.

Par la suite, Picasso s'investira à plusieurs reprises dans l'espace scénique en collaborant à la conception des costumes, des décors et des rideaux de scène. Mais c'est avec les Ballets russes de Diaghilev qu'il réalisa la plus longue et la plus riche des collaborations parmi lesquelles "Le Tricorne", Pulcinella, "Cuadro Flamenco", "L'après-midi d'un faune" et "Le train bleu".

Rideau de scène pour Le train bleu, 1924 Peinture à la détrempe sur toile, 8 x 10 m (détail)
 ( Coll. The Diaghilev and the Ballet Foundation  )

L'expo 1917

A Metz, ce rideau de scène est le point de départ d'une grande exposition consacrée à l'année 1917. Pourquoi celle là ? "Parce qu'elle a connu de grands événements artistiques comme la réalisation de la fontaine Marcel Duchamp. C'est également l'année où les Etats-Unis entrent en guerre, où il y a les Révolutions russes et les mutineries" expliquait récemment Claire Garnier la co-commissaire de cette exposition, au Républicain Lorrain. Plus de 600 oeuvres (peintures, sculptures, photos, manuscrits, films, musiques) seront donc présentées pour évoquer la création artistique en temps de guerre. Une création beaucoup plus dense qu'on ne l'imagine. "On pense toujours qu'il y a une pénurie et que les gens sont mobilisés mais certains artistes comme Monet ou Matisse, sont trop âgés pour l'être et d'autres comme Duchamp ou Picabia vivent trop loin aux Etats-Unis".

Exposition "1917", du 26 mai au 24 septembre 2012. Galerie 1 et Grande Nef, au Centre Pompidou de Metz

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