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Le retour des librairies dans le "9-3"
Avec une librairie pour 100.000 habitants en moyenne, la Seine-Saint-Denis est le département de France métropolitaine le moins bien pourvu. Mais ces dernières années, de nombreuses librairies ont ouvert, comme à Bobigny, pour promouvoir la lecture dans les quartiers sensibles.
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Jusqu'au mois d'août 2012, Bobigny était la seule ville-préfecture de France à ne pas avoir de librairie. Désormais, au 23 bd Lénine, au milieu des grands ensembles, "A la librairie" permet à la capitale du "9-3" de ne plus passer pour le vilain petit canard.
"J'ai vu pas mal de collègues qui souhaitaient s'installer à Bobigny car c'était la préfecture mais quand ils venaient en repérage, ils se rendaient compte qu'il n'y avait pas de centre-ville, pas de place, pas de rue commerçante...", explique Aline Charron, 26 ans. "Avoir une librairie participe aussi du mouvement de normalisation des banlieues", dit-elle, avant de conseiller à une cliente "Confiteor" du Catalan Jaume Cabré, son coup de coeur de la rentrée littéraire. "C'était vraiment important d'avoir un tel commerce pour être une préfecture normale", confie la maire communiste Catherine Peyge. Pourtant, en 12 mois, la boutique, située au pied de l'hôtel de ville, a été cambriolée... 7 fois. Guillaume Chapellas, 34 ans, qui tient la librairie avec Aline souligne "Si on n'avait pas de clients, ce serait vraiment dur, mais là on ne va pas s'arrêter à cause de quelques cambrioleurs", dit-il alors que le chiffre d'affaires atteint 197.000 euros après un an d'ouverture pour un prévisionnel de 200.000 euros.
Sylvie, 61 ans, originaire de Narbonne mais qui habite à Bobigny depuis 30 ans, indique "Ca manquait vraiment, rien ne remplace les bons conseils des libraires. Pour les vacances, je cherchais un livre rigolo, Guillaume m'a dit d'essayer Tom Sharpe, je n'ai jamais autant ri en lisant", glisse-t-elle.
"J'ai vu pas mal de collègues qui souhaitaient s'installer à Bobigny car c'était la préfecture mais quand ils venaient en repérage, ils se rendaient compte qu'il n'y avait pas de centre-ville, pas de place, pas de rue commerçante...", explique Aline Charron, 26 ans. "Avoir une librairie participe aussi du mouvement de normalisation des banlieues", dit-elle, avant de conseiller à une cliente "Confiteor" du Catalan Jaume Cabré, son coup de coeur de la rentrée littéraire. "C'était vraiment important d'avoir un tel commerce pour être une préfecture normale", confie la maire communiste Catherine Peyge. Pourtant, en 12 mois, la boutique, située au pied de l'hôtel de ville, a été cambriolée... 7 fois. Guillaume Chapellas, 34 ans, qui tient la librairie avec Aline souligne "Si on n'avait pas de clients, ce serait vraiment dur, mais là on ne va pas s'arrêter à cause de quelques cambrioleurs", dit-il alors que le chiffre d'affaires atteint 197.000 euros après un an d'ouverture pour un prévisionnel de 200.000 euros.
Sylvie, 61 ans, originaire de Narbonne mais qui habite à Bobigny depuis 30 ans, indique "Ca manquait vraiment, rien ne remplace les bons conseils des libraires. Pour les vacances, je cherchais un livre rigolo, Guillaume m'a dit d'essayer Tom Sharpe, je n'ai jamais autant ri en lisant", glisse-t-elle.
Avec 6 ouvertures ces 3 dernières années, le secteur fait preuve de vitalité
11 des 15 libraires du département ont même créé en février l'association Librairies93, destinée à "promouvoir la lecture sur tout le territoire". "C'est paradoxal, il y a la concentration de librairies la plus faible de France mais il y a désormais un vrai dynamisme, avec beaucoup de créations. Doucement, on rattrape notre retard", se félicite Jacques-Etienne Ully, libraire à "Folies d'encre" à Aulnay et président de Librairies93. "On n'est plus ce département sinistré, les villes changent, certaines sous l'effet de la +boboïsation+"
En 1981, Jean-Marie Ozanne a été un précurseur, en créant à Montreuil la première librairie indépendante dans ce département pauvre et ouvrier. "Dans les années 1980, des représentants des maisons d'éditions venus de Paris m'avaient demandé +mais on lit à Montreuil+? Toutes ces créations, c'est formidable, car il en faut du courage pour conquérir des territoires au livre. Installer une librairie dans le +9-3+, ça veut forcément dire qu'il y a un engagement", dit-il. "Le 9-3 est le prototype du lieu mis au ban, mais qui se cicatrice doucement, avec certes quelques brûlures de temps à autre... Et une librairie est un agent et un effet de la cicatrisation, et qui tire ce lieu vers le haut".
Doris Séjourné, 56 ans, s'est installée il y a 3 ans à La Courneuve, qui ne comptait alors pas de librairie. Malgré un succès d'estime, elle a failli fermer en décembre. "La réussite de +La traverse+ ne tient pas de son chiffre d'affaires, mais de sa faculté à toucher toutes les différentes populations", confie-t-elle.
11 des 15 libraires du département ont même créé en février l'association Librairies93, destinée à "promouvoir la lecture sur tout le territoire". "C'est paradoxal, il y a la concentration de librairies la plus faible de France mais il y a désormais un vrai dynamisme, avec beaucoup de créations. Doucement, on rattrape notre retard", se félicite Jacques-Etienne Ully, libraire à "Folies d'encre" à Aulnay et président de Librairies93. "On n'est plus ce département sinistré, les villes changent, certaines sous l'effet de la +boboïsation+"
En 1981, Jean-Marie Ozanne a été un précurseur, en créant à Montreuil la première librairie indépendante dans ce département pauvre et ouvrier. "Dans les années 1980, des représentants des maisons d'éditions venus de Paris m'avaient demandé +mais on lit à Montreuil+? Toutes ces créations, c'est formidable, car il en faut du courage pour conquérir des territoires au livre. Installer une librairie dans le +9-3+, ça veut forcément dire qu'il y a un engagement", dit-il. "Le 9-3 est le prototype du lieu mis au ban, mais qui se cicatrice doucement, avec certes quelques brûlures de temps à autre... Et une librairie est un agent et un effet de la cicatrisation, et qui tire ce lieu vers le haut".
Doris Séjourné, 56 ans, s'est installée il y a 3 ans à La Courneuve, qui ne comptait alors pas de librairie. Malgré un succès d'estime, elle a failli fermer en décembre. "La réussite de +La traverse+ ne tient pas de son chiffre d'affaires, mais de sa faculté à toucher toutes les différentes populations", confie-t-elle.
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