Le Petit Robert colle à son époque avec des mots liés à internet et aux technologies
Mais souligne le linguiste Alain Rey, conseiller éditorial des éditions Le Robert, aucun des mots qui figuraient dans les éditions précédentes n'a été retranché. Ainsi, le lecteur de l'Avare de Molière, intrigué par la formule "tenir la bride haute" (Acte I, scène 5) saura, grâce au dictionnaire, que cela signifie "ne pas lui laisser de liberté d'action". 300.000 mots et sens figurent dans le dictionnaire qui compte plus de 2.800 pages.
Parmi les nouveautés, on remarque "nomophobie" terme désignant une dépendance extrême au téléphone portable. En fait, explique Alain Rey "choisir ces mots est un travail continu tout au long de l'année". Chaque année, entre un millier et 2.000 mots qui ne sont pas dans le dictionnaire sont relevés par l'équipe qui travaille autour du linguiste. "On engrange tout ce qui apparaît dans les médias", dit-il. "On essaye d'extraire ceux qui ont des chances de durer".
"S'enjailler" ou faire la "chouille"
Cette année, ont ainsi été retenus le mot "viandard", un adepte de la viande alors même que le mouvement "vegane" prend de l'ampleur. Côté gastronomie, on retiendra l'"alfala", une luzerne riche en protéines et en calcium ainsi que le "pad thaï", le plat traditionnel thaïlandais qu'on peut relever avec du "piquillo", un piment doux produit au Pays basque. Pour brûler les calories accumulées, on conseille de "s'enjailler", un mot venu de Côte d'Ivoire et qui signifie faire la fête à moins que l'on préfère faire la "chouille", ce qui revient au même. Une autre méthode pour éliminer est de faire du sport et pourquoi pas de l'"aquabike"."L'afflux monstrueux d'anglicismes" est un crève-coeur
Une des forces du Petit Robert est de coller à l'actualité. On trouve de nouvelles définitions pour "candidats au djihad" ou "radicalisation des jeunes". La lutte contre Daech et l'afflux de réfugiés ont abouti à l'ajout des mots "peshmerga" et "yézidi" et notamment d'une nouvelle définition de "migrant". Parmi les mots nouveaux, Alain Rey n'en a aucun de préféré même si l'on sent que les mots issus du monde francophone ont sa sympathie. On trouve venus de Belgique, les mots "ket" (gamin effronté) ou "tchouler" (pleurer abondamment). Pour cet amoureux de la langue française "l'afflux monstrueux d'anglicismes" est un crève-coeur. "On ne peut pas les éviter car tout le monde les emploie", regrette-t-il. Mais ajoute-t-il, "spoiler", un des mots nouveaux du dictionnaire, "m'énerve prodigieusement car il y a des mots français disponibles mais qu'on n'emploie pas".Dans Le Petit Robert des noms propres (sortie le 26 mai), on trouvera l'actrice et réalisatrice Maïwenn ou encore Lionel Messi qui côtoie la prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch ou le dernier prix Goncourt, Mathias Enard. Deux Rey, Abel et Jean, y sont mais pas Alain. "J'ai décidé de ne pas figurer dans le bouquin et je ne reviendrai pas là-dessus", insiste Alain Rey, 87 ans. "On ne se sert pas la soupe à soi-même, on attend qu'un meilleur cuisinier le fasse".
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