L’affaire Dominici : la contre-enquête du commissaire Jean-Louis Vincent
Reportage France 3 Provence-Alpes : V. Bouvier, L. Centofanti et N. Burlaud
L’affaire Dominici restera à jamais l’une des grandes enquêtes judiciaires du XXe siècle. Tout y est réuni pour faire de ce drame un feuilleton à rebondissements qui, à ce jour, n’a toujours pas trouvé son épisode final. Le 2 août 1952, trois Anglais, Jack Drummond, un scientifique, sa femme et leur fille de dix ans sont assassinés à proximité de la ferme de la Grand’Terre appartenant à la famille Dominici où ils s’étaient arrêtés pour passer la nuit sous la tente.
Très vite, on accuse le "clan Dominici", seuls habitants à proximité des lieux du meurtre. Un clan qui a tout pour attirer l’attention sur lui : Gaston, le patriarche bourru, silencieux, autoritaire, sa femme, silencieuse et ses fils Gustave et Clovis.
Au long des très nombreux mois qui vont précéder le procès, ce ne sera, au sein de cette famille, qu’aveux, démentis, accusations et rétractations. Autrement dit, pour les nombreux journalistes présents, la porte ouverte à toutes les hypothèses et à bien des supputations.
Agacé par tout ce qui a été écrit et surtout par toutes les théories plus ou moins farfelues qui ont circulé, l’ancien commissaire Jean-Louis Vincent a décidé de reprendre l’enquête à zéro. Pendant quinze ans, il a épluché tous les témoignages, tous les actes et toutes les minutes du procès.
L'éboulement déclencheur
Première conclusion : pour lui rien ne se serait produit sans un éboulement de terre sur la voie ferrée.C’est le motif, semble-t-il raisonnable, qui fait que les Dominici durant la nuit, Gaston, son fils, étaient préoccupés par cet éboulement et ont eu une bonne raison de venir circuler dans les parages.
Jean-Louis Vincent
"Je suis l'auteur des crimes"
A partir d’un écheveau inextricable de témoignages et de données, Jean-Louis Vincent veut apporter ses yeux de flic et rappeler des faits oubliés du grand public.
Vous avez Gustave qui accuse son père, qui dit 'mon frère Clovis est au courant'. On va chercher Clovis qui, au début, nie le fait que son père lui ait dit quoi que ce soit. Mais quand on met les deux frères en présence, Clovis reconnait que son père lui a dit : 'Je suis l’auteur des crimes.' Donc vous avez deux fils qui accusent leur père.
Jean-Louis Vincent
Quand on lui demande pourquoi cette affaire continue de faire parler et pourquoi un doute plane toujours, Jean-Louis Vincent répond :
"Il n’y a jamais eu de preuves matérielles contre quiconque. Gaston Dominici a été condamné à mort alors qu’il n’y avait contre lui aucune preuve matérielle."
Jean-Louis Vincent
Jean-Louis Vincent est persuadé de la culpabilité de Gaston Dominici. S'il ne souhaite pas forcément partager cette intime conviction avec ses lecteurs, il veut en revanche qu’ils se fassent une idée de la réalité basée sur des faits scientifiques et non sur des fictions.
"L’affaire Dominici : la contre-enquête" - Jean-Louis Vincent (Ed. Vendémiaire 25€)
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