Rentrée littéraire 2024 : il y aura, cet automne, moins de nouveaux romans dans les librairies que l'année dernière

Les éditeurs réduisent légèrement leur offre avec 459 parutions. C'est encore trop, selon les libraires.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Cet automne, le nombre de parutions baisse de 1,5%. (MERCEDES RANCAÑO OTERO / ISTOCKPHOTO)

Pour la troisième année consécutive, il y aura moins de nouveautés dans les rayons des librairies, explique Livres hebdo sur son site internet. Pour les libraires qui militent pour moins de nouvelles parutions à cette période, l'effort de réduction n'est pas encore assez conséquent.

Le magazine de la profession, Livres Hebdo, recense 459 romans prévus en août, septembre et octobre. C'est 1,5% de moins que les 466 de l'année précédente et 35% de moins que le record de 2010, où les librairies avaient été submergées par 701 nouveautés. La rentrée littéraire est une tradition française bien établie, où les grands éditeurs placent des titres qui concourent aux grands prix d'automne (Goncourt, Renaudot, Femina, etc.), tandis que les moins connus espèrent profiter de la fréquentation des librairies à cette époque.

Les libraires, justement, quoiqu'ils profitent de ce coup de projecteur médiatique sur la littérature, sont devenus très critiques face à la surabondance. Pour donner un exemple de ce qui les attend : sur deux jours seulement, le mercredi 21 et le jeudi 22 août, ce sont près d'une centaine de romans qui sortent simultanément. Les mettre tous immédiatement en rayon ? Impossible. Pourtant, être présent en librairie est une question de vie ou de mort pour chacun de ces titres.

Appel à une baisse drastique

"Nous appelons à une baisse drastique de cette production", disait à la presse début juin la vice-présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), Amanda Spiegel. "Ce serait une mesure très saine pour toute la profession, pour l'environnement et pour les lecteurs". "Aujourd'hui, des nouveautés, il y en a quatre fois plus que dans les années 80 (...) alors que le lectorat s'est certainement rétracté", expliquait-elle.

Pour ces libraires, cela implique des choix, qui ont tendance à bénéficier aux auteurs les plus connus. "Évidemment qu'on n'achète pas toute la production. Sinon, on aurait des librairies des années 70 avec des livres du sol au plafond", selon Mme Spiegel, qui est libraire à Montreuil à côté de Paris. Le SLF plaide pour un accord collectif des entreprises du syndicat national de l'édition pour se fixer un objectif chiffré de réduction du nombre de romans.

Les éditeurs frileux

Les éditeurs y voient une utopie. "Un accord général avec l'ensemble de la profession pour produire moins est illusoire", disait déjà en 2018 l'éditeur Olivia Nora, le respecté patron de Grasset, à Livres Hebdo. Restreindre peu à peu l'offre se heurte à une difficulté pratique. Cela signifie refuser certains livres d'auteurs fidèles à une maison ou recruter moins de nouveaux auteurs, avec le risque de laisser filer des talents chez la concurrence.

Mais publier moins "est une option stratégique sur laquelle nous allons nous pencher et il est possible que l'on baisse un peu ce nombre de références", disait en avril Arnaud Lagardère, alors PDG de Hachette Livre, qui a depuis abandonné ses fonctions après avoir été mis en examen dans le cadre d'investigations sur le financement de dépenses personnelles par ses sociétés. Cela n'empêche pas Grasset, maison phare du numéro un français de l'édition, de publier une dizaine de romans en août et septembre, quand Albin Michel en fait paraître une vingtaine et Gallimard une douzaine.

Le président du rival Editis, Denis Olivennes, reconnaissait en avril également, auprès de Ouest-France, que ses concurrents et lui sortaient "trop de livres, notamment pour les libraires". Sans préciser ceux auxquels il devrait renoncer.

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