La mort de Michel Polac
Né le 10 avril 1930 à Paris, Michel Polac était le fondateur de l'émission culturelle "Le Masque et la Plume" sur France Inter en novembre 1955, qu'il avait animée jusqu'en 1970. Il avait débuté en 1951 comme producteur et animateur à la Radiodiffusion télévision française (RTF), devenue ORTF.
Michel Polac a affûté ses armes de critique et chroniqueur au journal "Arts" (1953-64), puis à "L'Express". Au cours de sa longue carrière, il a présenté plusieurs émissions littéraires à la télévision, comme "Bibliothèque de Poche" (1966-1970), ou, bien plus tard, "Libre et change" sur M6 (1988-1989). Entre-temps, en 1971, il avait été contraint d'interrompre prématurément "Post-scriptum", un programme lancé en 1970, pour avoir abordé le thème de l'inceste. Ce n'était pas la dernière fois que Michel Polac serait obligé de mettre brutalement fin à une émission...
Sujet France 3 PY Salique, D. Vassy (7 août 2012)
Renvoyé de TF1
Au début des années 1980, Michel Polac était devenu très célèbre grâce à la mythique émission "Droit de réponse" (1981-1987), un espace de débat, de liberté et d'irrévérence, le samedi soir sur TF1. Une émission stoppée nette après la privatisation de la chaîne -vendue en 1986 au groupe Bouygues- à la suite d'un dessin du caricaturiste Wiaz que la direction de TF1 avait très peu apprécié. Sur ce dessin fort commenté à l'époque, on pouvait lire une phrase de Cabu : "Une maison de maçon ; un pont de maçon ; une télé de m..." Un an auparavant, "Droit de réponse" avait été couronné d'un Sept d'or au titre du "meilleur animateur", remis au vaillant Michel Polac.
En 1987, année de la fin de "Droit de réponse", Michel Polac est devenu chroniqueur littéraire à la rédaction de l'hebdomadaire "L'Evénement du jeudi". Dix ans plus tard, on l'a retrouvé occupant les mêmes fonctions, cette fois à "Charlie Hebdo". Il a par ailleurs collaboré à France Inter jusqu'en 2005.
Extrait du journal de France 2 du mardi 7 août 2012
Ecrivain et réalisateur
Michel Polac était aussi cinéaste, ainsi qu'auteur de près d'une vingtaine de romans et essais. En 1956, il a publié un premier roman, "Une vie incertaine" (réédité en 2007). En 2000, il a sorti des extraits de son journal intime (période 1980-1998). Côté cinéma, il a réalisé des films et téléfilms comme son "Autoportrait en vieil ours" (1998), "Un fils unique" (prix Georges Sadoul, 1970) ou "Monsieur Jadis" (1975). Il a joué dans les films "Post coïtum, animal triste" de Brigitte Roüan (1997) et, plus récemment, "Imposture" de Patrick Bouchitey (2005) où il incarnait le président du jury d'un prix littéraire... Michel Polac a aussi produit et réalisé des documentaires, dont un sur l'écrivain Louis-Ferdinand Céline en 1969.
Entre septembre 2006 et juin 2007, on l'avait vu dans l'émission "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier, sur France 2. Il avait été remplacé par Eric Naulleau pour raisons de santé.
Un extrait de "Droit de réponse" avec Guy Bedos, Josiane Balasko, Sheila, Pierre Desprosges... en décembre 1981
Une brève parenthèse politique
En mai 1994, lors des Européennes, Michel Polac a participé à la liste"L'Europe commence à Sarajevo" qui visait à sensibiliser les partis politiques sur la crise dans les Balkans. Il a été candidat en 31e position. La liste a recueilli 1% des voix, après avoir atteint, dans les sondages, 12% d'intentions de vote.
Réactions :
François Hollande a salué mardi soir dans un communiqué "l'exemple d'un homme libre et d'une figure de notre vie culturelle". "Avec Michel Polac disparaît un esprit original et un journaliste exigeant. Il aura marqué par ses émissions impertinentes et indépendantes, les esprits de millions d'auditeurs et de téléspectateurs (...) Tout au long de sa carrière, il nous aura fait partager sa passion pour les lettres, le cinéma et le théâtre." Le chef de l'Etat a adressé ses "plus sincères condoléances" à la famille de Michel Polac.
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a rendu hommage à "un authentique pionnier de la télévision et l'inventeur des premières émissions culturelles en public". Dans un communiqué paru mardi soir, elle déclare : "Michel Polac était une personnalité forte, un contestataire souvent contesté, qui impressionnait par sa verve et son humour décapant, mais aussi par sa passion pour le livre et sa capacité à défendre les nouveaux talents. L'homme engagé était aussi un écrivain prolixe qui savait admirablement nous faire partager son amour de la langue. Au sens le plus fort et le plus beau du terme, Michel Polac était un homme de lettres."
Bernard Pivot a rendu hommage à Michel Polac mardi dans deux messages sur Twitter : "Le secret de Michel Polac, c'est qu'il faisait des émissions, d'actualité ou littéraires, auxquelles il aurait aimé être invité." Et d'ajouter 4 minutes plus tard : "L'insolence de Michel Polac ne reposait pas sur son humeur, mais sur sa culture, ses lectures, ses études des dossiers et sa réflexion."
- "Droit de réponse", 1982. Un clash entre un dirigeant du journal "Minute", des représentants de "Charlie-Hebdo" et Serge Gainsbourg...
- Michel Polac dans l'émission "Tout le monde en parle" de Thierry Ardisson, à propos de son livre "Franchise postale" (24 mai 2003)
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