La mort d'Imre Kertész, rescapé de la Shoah et prix Nobel de littérature
En 2002, quand il reçoit le Prix Nobel, Imre Kertész est largement inconnu en Hongrie. Son premier roman Etre sans destin est sorti 25 ans plus tôt, dans l’indifférence générale. Le livre raconte, à la première personne, la vie d’un enfant de 15 ans dans un camp de concentration. Cet enfant, c’est Kertész qui a survécu à Buchenwald. "Il est l'une des rares personnes qui a réussi à décrire cela d'une manière immédiatement accessible pour tous, pour ceux qui n'ont pas vécu cette expérience ", précisait Horace Engdahl, secrétaire permanent de l'académie Nobel, en 2002.
De retour en Hongrie après la guerre, Imre Kertész travaille d’abord comme journaliste avant d’être mis à l’écart par le régime communiste. Il se met à l’écriture. L’expérience des camps de la mort revient régulièrement dans son œuvre.
Avec le prix Nobel, c’est la notoriété, soudaine et brutale. Il est fêté par les uns et critiqué par les autres. C’est un juif qui a eu le Prix Nobel, persiflent les milieux d’extrême-droite. Imre Kertész ne supporte plus l’antisémitisme dans son pays. Il s’exile à Berlin, où il séjournera plusieurs années.
Le 31 décembre 2002, il écrit dans son journal : "H ier, une information : à Hódmezövásárhely (ville au sud de la Hongrie NDLR), des lycéens déchirent ostensiblement et éparpillent dans les rues les exemplaires d’Etre sans destin que l’Etat leur a offerts. Littérature de juif. Mon commentaire : l’Etat n’a pas à offrir mon livre ; il doit faire confiance au public, ceux qui le veulent l’achèteront. - Rompre définitivement avec la Hongrie : c’est une question d’hygiène mentale".
Mais affaibli par la maladie de Parkinson, il revient à Budapest où il passera les dernières années de sa vie. Son ultime ouvrage, L’ultime auberge paru en France en 2015 aux Editions Actes Sud, est l’histoire d’un duel. Un duel entre l’écrivain et la maladie. "Une autofiction poignante et sublime" selon son éditeur hongrois, Krisztian Nyari.
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