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L'écrivain Per Olov Enquist, figure marquante de la littérature scandinave, est mort à 85 ans

Son roman sur la folie du roi Christian VII de Danemark, Le médecin personnel du roi, lui vaut en 1999 le prix August, la plus haute récompense littéraire suédoise, et en 2001 en France le prix du Meilleur livre étranger.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
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L'écrivain suédos Per Olov Enquist le 23 février 2011 à Stockholm. (SOREN ANDERSSON / AFP)

Per Olov Enquist, une des figures marquantes de la littérature scandinave du 20e siècle, est décédé à l'âge de 85 ans, a annoncé dimanche 26 avril sa famille à des médias suédois.

Romancier, dramaturge, journaliste, essayiste, ses écrits ont été traduits dans des dizaines de langues, depuis L'oeil de cristal publié en 1961 jusqu'au Livre des paraboles en 2013. En français ont notamment paru Le Cinquième Hiver du magnétiseur, Hess, Le Départ des musiciens, L'Ange déchu, La Bibliothèque du capitaine Nemo et Blanche et Marie.

Prix du Meilleur livre étranger en 2001

Son roman sur la folie du roi Christian VII de Danemark, Le médecin personnel du roi, lui vaut en 1999 le prix August, la plus haute récompense littéraire suédoise, et en 2001 en France le prix du Meilleur livre étranger.

Per Olov Enquist a produit une oeuvre puissante en plongeant dans les ombres de l'Histoire et de sa propre biographie. Il s'est inspiré de son enfance solitaire dans l'extrême nord de la Suède, dans une ambiance austère et bergmanienne. Son autobiographie Une autre vie, parue en Suède en 2008, a été couronnée par un second prix August. Un prix créé en 1994 en hommage à August Strindberg, l'enfant terrible de la littérature suédoise à qui "POE", comme on l'appelait en Suède par ses initiales, disait devoir tant.

Survivre

Né en 1934 à Hjoggböle, il grandit dans un décor bergmanien avec le souvenir d'avoir hérité du lit destiné à son frère mort à la naissance, de l'absence d'un père décédé alors qu'il n'avait pas un an et de sa mère qui le pousse à inventer des péchés à confesser. 

Puis il s'émancipe, entre au lycée, pratique le saut en hauteur à haut niveau, s'éveille au journalisme, à l'écriture, aux femmes. Il manque de peu la qualification pour les Jeux olympiques de Rome en 1960 et se retrouve journaliste, au coeur des JO 1972 de Munich. A l'âge d'homme surgissent les terreurs, la dépression, le doute de soi, de la valeur de l'existence : il a dix-huit ans lorsque Stig Dagerman, qu'il admire, publie Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, vingt ans quand l'écrivain suédois se suicide. "Je crois que toute ma vie j'ai voulu être écrivain et je n'ai jamais laissé tomber. Il n'a pas été facile de survivre...", racontait Enquist à l'AFP en 2011.

Dans son appartement de Stockholm où il recevait alors, un pan entier de mur était masqué par des livres de poésie, de théâtre, par des romans ou des contes : son oeuvre, rien que son oeuvre, en suédois, anglais, français, russe,... "C'est ma bibliothèque égocentrique", expliquait-il. "A chaque fois que je perds le moral parce que je ne parviens pas à écrire, je la regarde et je me dis allez, ce mur fait sept mètres de long, j'ai donc fait un petit quelque chose dans ma vie, alors je peux mourir".

Per Olov Enquist, c'est aussi une lutte contre l'alcoolisme. Il passe trois ans à Paris, sans quasiment dessoûler. "Je vivais dans un somptueux appartement sur les Champs-Elysées, mais je ne pouvais rien écrire (...) Je me souviens de la magnifique vue que j'avais depuis le balcon, Paris était très beau à regarder, mais je n'arrivais pas à l'utiliser". La troisième cure est la bonne, parce qu'on lui laisse son ordinateur et qu'un beau jour, il se rend compte qu'il est "toujours un écrivain""Le plus terrible pour un écrivain ce n'est pas d'écrire, mais de ne pas écrire. C'est une période de ma vie qui est maintenant derrière moi et que j'ai été content de raconter".

Pour Bjorn Wiman, responsable de la rubrique culture au journal Dagens Nyheter, Enquist a "marqué la vie culturelle suédoise depuis les années 60" et a "influencé des générations de jeunes écrivains". "Rares sont ceux qui ont inspiré tant d'autres écrivains, renouvelé comme lui le roman documentaire et vitalisé l'art dramatique suédois", ont réagi ses éditeurs suédois de la maison Norstedts.

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