L'écrivain Orhan Pamuk dénonce la "peur" en Turquie sous le régime d'Erdogan
"Le pire c'est qu'il y a une peur. Je constate que tout le monde a peur, ce n'est pas normal (...) La liberté d'expression est tombée à un niveau très bas", a dit Orhan Pamuk au journal Hürriyet à l'occasion de la sortie de son nouveau roman, non-encore traduit, six ans après le dernier, "Le musée de l'innocence".
Pressions sur les journalistes
La parole de Orhan Pamuk est une voix qui porte. Par ses nombreux livres sur Istanbul, sa ville natale, il est l'auteur turc le plus vendu dans le monde, traduit dans plus de 60 langues. Il a aussi été le premier Turc à recevoir un prix Nobel.
L'écrivain a succès a déploré les pressions sur les médias en général en Turquie par le pouvoir et notamment les actions en justice et les licenciements visant les journalistes d'opposition. "Beaucoup d'amis viennent me dire que tel ou tel journaliste a perdu son travail. Désormais même les journalistes les plus proches du pouvoir sont chassés. Je n'ai jamais rien vu de pareil nulle part", a indiqué le romancier âgé de 62 ans.
L'égalité homme-femme en péril
Pamuk a aussi déploré les récentes déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan qui a affirmé qu'hommes et femmes n'étaient pas égaux "parce que c'est contre la nature humaine", provoquant une controverse d'ampleur internationale.
"Mon (dernier) roman porte en fait sur l'oppression subie par les femmes en Turquie (...) Si nous devions critiquer la Turquie avec un regard porté de l'extérieur, ce serait pour la place de la femme dans la société. Nos politiques font des déclarations irréfléchies sur ce point comme s'il voulaient provoquer une bagarre", a-t-il dit dans une allusion à peine voilée à la polémique générée par l'homme fort de Turquie.
Recep Tayyip Erdogan a dirigé sans partage la Turquie à la tête de l'exécutif de 2003 à 2014 avant d'être élu à la magistrature suprême en août dernier. Il est accusé par ses adversaires d'autocratie et de dérive islamiste.
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