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Salon de Montreuil : les auteurs n'ont pas oublié leurs héros
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 26/11/2013 12:30
Mis à jour le 27/11/2013 15:32
Le Salon du livre et de la presse Jeunesse célèbre cette année les héros, ces personnages qui nourrissent la littérature et nous construisent. Des écrivains, des auteurs jeunesse et de bande dessinée évoquent pour Culturebox les héros qui ont accompagné leur enfance et influencé leur vie.
Culturebox avec VILLARD/SIPA
"Dans mon enfance, il y a eu je crois un héros. C'était tout à la fois, un homme, un personnage, un acteur, une sorte de légende et d'amalgame de tout cela. Il était beau, drôle, intrépide, doté d'un sérieux sens de l'humour et d'une capacité à faire face à toute épreuve. C'était Fanfan la tulipe ou plutôt Gérard Philippe en Fanfan la Tulipe. Il avait tout pour lui et je le regardais émerveillé sur le magnétoscope. Je ne voulais rien voir d'autre que son aventure, sa rencontre avec Adeline, cet amour inconnu de lui-même. La révélation et la fougue de cet aventurier. Il a fait plus qu'influencer ma vie. Il a occupé l'écran de mon enfance. Et son sourire à continué longtemps à m'accompagner." Boris Razon est l'auteur de "Palladium"( Stock). Son premier roman était dans la liste du Goncourt 2013.
"La plus marquante d'entre eux est Fifi Brindacier. Elle vit toute seule dans sa villa Drôlederepos avec son cheval et son singe, refuse d'aller à l'école et entraîne dans ses aventures Tommy et Anika, des enfants sages. Fifi est drôle, généreuse, anticonformiste et rebelle. Elle incarne un fantasme de liberté. Bien des années plus tard, il n'est pas impossible que l'esprit de Fifi m'ait aidé à prendre la décision de démissionner, de lâcher ma vie de salariée que je subissais comme une servitude, pour prendre le large.
D'autres personnages ont accompagné mon enfance, j'aimais leur humour, leur énergie et pour certains, leur mauvais caractère : Le petit Nicolas, le capitaine Haddock, Obélix, Joe Dalton, Zorro... J'éprouve toujours autant de tendresse pour Gros Dégueulasse (de Reiser) qui me touche beaucoup." Claudine Desmarteau est dessinatrice et auteur pour la jeunesse. Son dernier livre : "Le petit Gus au collège" (Albin Michel Jeunesse).
"L'un des héros de mon enfance était Tom Sawyer. Je l'ai connu tout d'abord par le dessin animé à la télévision avant de découvrir les livres de Mark Twain et de les dévorer. Je voulais faire comme lui, vivre des "aventures", trouver un trésor, affronter Joe l'Indien… Ce qui m'a poussé, enfant, à explorer les forêts autour de chez moi, à faire le mur la nuit pour rejoindre un ou deux copains et nous mettre en quête d'une aventure… qui n'est jamais survenue ! Frustré, j'ai finalement décidé que le meilleur moyen de vivre ces péripéties serait de les inventer moi-même et c'est comme ça que je me suis mis à écrire pour la première fois. Quelques années plus tard, je suis devenu romancier… Merci Tom." Maxime Chattam est romancier. Son dernier livre, "Neverland", le tome 6 de la série "Autre-monde" est paru en novembre aux éditions Albin Michel.
(Culturebox (avec Jean-François Robert))
"C'est compliqué de vous répondre, parce que je n'ai pas vraiment de héros de mon enfance. Je trouvais Peter Pan pas très gentil, et même arrogant et prétentieux, j'avais une tendresse pour Wendy, mais je la trouvais trop maternisante. J'aimais bien clochette pour son pouvoir, mais pas pour son caractère que je trouvais incompréhensible. Je détestais le Petit Prince, que je déteste toujours. J'avais une passion pour le Petit Peuple, les elfes, fées, Kobolds, korrigans, gnomes, lutins etc, certainement une préférence pour les lutins. J'avais une certaine admiration pour le petit garçon qui met son doigt dans le trou de la digue et qui sauve le polder. J'aurais préféré être la fille qui a des diamants qui lui sortent de la bouche plutôt que celle qui crache des crapauds et des serpents, tout en ne le voulant pas parce que j'étais sûr que ça faisait drôlement mal au passage. J'admirais le fils de Guillaume Tell parce qu'il faillait avoir un sacré foutu père incroyable pour avoir confiance en lui, sous la pomme. En fait je voulais être pompier ET marchand de fromages. Plus tard, plus grand c'est une autre histoire." Claude Ponti est auteur pour la jeunesse. Ses livres sont publiés à L'école des loisirs.
(Culturebox avec BALTEL/SIPA)
"Je lisais beaucoup de Picsou Magazines ainsi que des romans qui n'étaient pas forcément adaptés à mon âge. J'aimais aussi le club des 5. Mais je lisais peu de littérature jeunesse à part quelques classiques. J'ai lu très tôt des textes courts mais forts : "La métamorphose", "L'étranger", les livres de Vian et Gary. Mais un héros en particulier, non. Pas à mon souvenir." Karine Tuil est romancière. Son dernier roman "L'invention de nos vies" (Grasset) était dans la dernière sélection du prix Goncourt 2013.
(Culturebox avec VILLARD/SIPA)
"Les héros qui ont influencé mon enfance (et tant pis si je tombe dans les banalités) : Tintin, Haddock, Tournesol, Jerry Lewis mais seulement ses tout premiers films en Noir et blanc mais dès qu'il s'est séparé de Dean Martin ça a été pas terrible, Lou Castello, Groucho Marx, Ismail Yassine (mais celui-là il n'y a que certaines personnes d'origine égyptienne qui le connaissent), pour l'instant ce sont les seuls qui me viennent à l'esprit et je suis sûr que dès que j'enverrai ce message j'en trouverai d'autres..." Edika est dessinateur et scénariste de bandes dessinées. D'origine égyptienne, il collabore depuis longtemps à Fluide Glacial.
"Les personnages de fiction qui ont bercé ma jeunesse revêtaient plusieurs formes : humaine et de papier.
Mon héros de B.D était Tintin. C’est la seule BD que je lisais et que je continue de lire. Rien que la couverture a le don de me transporter à des milliers de kilomètres d’où je me trouve. C’est l’exotisme, l’aventure, le mystère qui me happaient littéralement et m’entrainaient dans cet autre monde. La beauté des dessins, l’humour des personnages et des situations. Tintin est une boîte que j’ouvre lorsque je veux partir à l’aventure tout en restant assis sur mon canapé. Je suis en train d’initier mon fils de 2 ans à Tintin. J’ai un faible pour Le trésor de Rackham le rouge. La couverture est merveilleuse.
Mon héros de cinéma était Indiana Jones. Pour les mêmes raisons que Tintin, sauf que là, on rajoute la dimension humaine, réaliste du cinéma puisque notre héros n’est plus de papier mais en chair et en os. J’adorais ce côté prof d’université d’archéologie et aventurier alterné. Rien que le générique de début et la musique me transportaient déjà dans l’aventure. Mon ambition dans la vie était d’être Indiana Jones, et d’avoir le charme d’Harrison Ford.
Mes héros de séries télévisées étaient Colombo et Starsky et Hutch. Ce sont eux qui m’ont donné envie d’être inspecteur de police. On avait le côté intellectuel de Columbo, de beaux mystères, de belles énigmes à résoudre, et puis il y avait le côté bagarreur, flingue, voiture qui dérape, gyro et sirène hurlante. Deux écoles bien différentes et qui me plaisaient chacune dans son style.
Mes héros de littérature étaient Hercule Poirot et Phileas Fogg. Je dévorais les Agatha Christie. Mon préféré est 10 Petits Nègres. Ce détective belge est fantastique. Tout comme Miss Marple, qui peut trouver l’assassin sans bouger de son fauteuil. Phileas, lui, c’est ma passion pour Jules Verne. Encore une fois l’aventure, l’exotisme, le tour du monde, des aventures haletantes. J’adore les couvertures de la version originale, de Hetzel. Ces couvertures rouges et dorées. Mon père m’offrait un Jules Verne à chaque Noël."
Romain Puértolas a publié "L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea" (Le dilettante). C'est son premier roman.
(Culturebox avec Le Dilettante)
"Les héros de mon enfance se divisent en deux catégories : les héros masculins et héroïnes féminines. Cette distinction ouvre la voie à la caricature la plus comique, car mes héros étaient systématiquement des méchants ou des monstres, des bad guys, comme Riquet à la Houpe ou Barbe Bleue, alors que mes héroïnes étaient des gentilles, de jolies princesses ou encore des figures identificatoires positives comme Caroline. Par la suite, je me suis tournée vers la bande dessinée et mon héros est devenu Lucky-Luke, avec son côté justicier désabusé et discret. J’en étais, je crois, un peu amoureuse. Le Petit Nicolas également, mais en l’occurrence, c’était l’auteur René Goscinny qui était mon héros et c’est de lui que je me suis inspirée pour écrire nombre de mes récits." Agnès Desarthe est écrivain. Son dernier livre, "Comment j'ai appris à lire" (Stock) est une déclaration d'amour à la lecture.
(Culturebox (avec ANDERSEN ULF/SIPA))
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