De la Réunion à la Creuse. En 1965, Marlène Morin est enlevée à sa famille et envoyée en métropole. Une enfance déracinée. Comme des milliers d’enfants originaires de La Réunion, elle a été transplantée de son île par l’État français.Ce lundi, elle s’envole vers son lieu de naissance, avec 69 autres Creusois d’origine réunionnaise. Elle prépare sa valise pour un voyage sur les terres de son enfance, mais avec en tête, le souvenir d’une enfance bafouée. Marlène Morin devrait participer à un colloque sur cette page aussi sombre que méconnue de l’histoire de France."Jamais on ne rattrapera ce temps perdu. L’État nous a tout pris. Notre culture, ma langue, tout mon savoir, toutes mes senteurs. Tout. Ils m’ont pris ma vie entière".2 000 enfants déracinésEntre 1962 et 1984, la France entend repeupler certains départements touchés par l’exode rural. Plus de 2 000 enfants des Outre-mer orphelins ou nés dans des familles pauvres sont déportés vers la métropole. Un exil forcé rarement expliqué. Aurore, la fille de Marlène n’a appris que tardivement l’histoire de sa mère."Elle représente bien l’enfant réunionnais et effectivement ça prouve que l’enfant réunionnais a été obligé d’être fort. Ceux qui se sont effondrés ne se sont pas relevés. Ils se sont soit suicidés, soit ont fini dans la rue. Ma mère c’est une guerrière".Sur place, Marlène va retrouver sa famille et tenter de se réconcilier avec son histoire.