Montreuil : au Salon du livre et de la presse jeunesse, c'est l'aventure !
L’aventure commence dès l’arrivée au Salon, quand on s’engouffre dans cet éden du livre pour la jeunesse : des nuées d’enfants sautillants, sac du salon en bandoulière, cahier et crayon à la main, prêts pour l’aventure, à la découverte des livres, promesse de voyages en tout genres. Et ça tombe bien, cette année le fil conducteur du salon, c’est l’aventure. On est jeudi, le salon a ouvert ses portes la veille, c’est le jour des scolaires. Une grande expo, "28° W" au niveau -1, présente sous forme de « Folies » le travail d’une dizaine d’auteurs et illustrateurs autour de ce thème central de la littérature jeunesse.
"Dans son berceau de brume, à peine avait paru l'Aurore aux doigts de roses, que le cher fils d'Ulysse passait ses vêtements et, s'élançant du lit, mettait son glaive à pointe autour de son épaule, chaussait ses pieds luisants de ses belles sandales et sortait de sa chambre : on l'eût pris, à le voir, pour un des Immortels." C’est avec cette phrase d’Homère (L’Odyssée, Chant 2) que le jeune visiteur est accueilli dans l’exposition "28°W", manière de dire que l’aventure traverse la littérature depuis l’Antiquité. Elle a inspiré les auteurs à travers les siècles et continue à faire vivre la littérature d’aujourd’hui.
Fred Bernard et François Roca, un tandem d’aventures
Ils se sont rencontrés il y a 20 ans à l’école Cohl à Lyon. Depuis, ils font des livres ensemble : La reine des fourmis disparues, La fille du Samouraï, Le pompier de Lilliputia … Fred Bernard écrit les histoires (des aventures, de préférence, l’aventure, c’est leur truc à ces deux-là.) et François Roca les met en images. "On part toujours d’une idée simple, un pays, un métier, un moyen de locomotion et ensuite on en fait notre chose", explique Fred Bernard. En faire leur chose ça veut dire que dès que l’idée est là, c’est d’abord Fred qui écrit. "Chacun chez soi ! C’est comme je dis toujours, notre travail c’est un passage de relais", explique François Roca. Une fois le texte écrit, les deux compères travaillent sur le découpage, une quinzaine de doubles pages. Ensuite Fred passe le relais à François, qui crée les images de l’histoire, très belles illustrations exposées au salon.
"Nous on adore l’aventure. Quand j’étais enfant, je voulais être Johnny Weissmuller, Tarzan quoi, ça me faisait rêver. Nos histoires sont inspirées par des héros de la génération de nos parents. Au début, quand on a commencé, les gens croyaient qu’on était des retraités. Ils étaient surpris de voir arriver deux gars de 25 ans. C’est vrai, on a un goût prononcé pour les héros du passé, de la poésie et de l’onirisme de ces aventures un peu désuètes. On n’est pas très fans de l’aventure poursuites, ce truc pour les rails des jeux vidéos", explique Fred Bernard. "Ce qu’on veut, nous, c’est faire tenir l’aventure dans une quinzaine de pages. Et les illustrations de François soulagent le texte. On est dans un équilibre, où on raconte avec le texte et les images, sans redondance." Et leurs aventures sont ciselées comme des nouvelles, illustrées par des peintures à l'huile comme autant de tableaux qui invitent au voyage. Leurs livres s'adressent aux enfants à partir de 8 ans, "et pas qu'aux premiers de la classe ! Il paraît que nos livres sont utilisées par les profs avec les enfants qui sont très réticents à la lecture", raconte Fred Bernard.
Quand on leur demande ce qu’il faut pour faire une belle aventure, ils répondent de concert : des mésaventures. "L’aventure, c’est un prétexte pour transmettre des émotions, une quête initiatique. Celui qui la vit n'en sort pas comme il y est entré, il change et ce n’est pas toujours facile non plus, ça peut finir mal… ", ajoute Fred Bernard. "Et il y a aussi l’amour, faut une fille dans les histoires… Moi quand j’étais enfant je me souviens très bien que c’était ça aussi qui me faisait rêver… ", conclut François Roca.
Les aventuriers du salon
Du côté des enfants, unanimité : l’aventure, ils aiment ça. "L’aventure c’est découvrir un autre monde", dit Sihem, 11 ans. "Y a de l’action, je m’amuse en lisant des aventures, c’est différent de ce que je vis tous les jours. Avec l’aventure je peux aller plus loin", ajoute sa copine Rania.
Un peu plus loin des lycéens en 1ère L, option arts graphiques, dessinent sur des carnets de croquis. Clarisse, 16 ans, n’est pas une fanatique de l’aventure : "C’est pas trop mon truc mais là je découvre, c’est intéressant". Entendu aussi : « Regarde c’est trop MDR ! » d'une jeune fille hilare, lisant les bulles des planches "Aya de Yopougon" (Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Gallimard), la fameuse série de BD qui raconte les aventures d’une jeune ivoirienne dans son quartier d’Abidjan.
Reportage Nicolas Lemarignier, Chloée Cormery
Au salon, l’aventure est à tous les coins de stand et sous toutes ses formes, merveilleuse manière d’inviter les enfants à se plonger dans les livres.
Salon du Livre et de la Presse Jeunesse, jusqu'au 3 décembre 2012 à Montreuil
Espace Paris-Est-Montreuil, 128, rue de Paris - 93100 Montreuil
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