Le Journal de Mickey fête ses 80 ans
Le 15 octobre, un numéro collector de 100 pages retracera l'histoire de l'hebdomadaire créé par Paul Winkler, journaliste et fondateur de l'agence de presse Opera Mundi, qui avait su convaincre Walt Disney lors de son passage en Europe en 1929.
En 2013, le Journal de Mickey, qui vise surtout les 8-12 ans, s'est vendu à 120.600 exemplaires. "Le titre est rentable", assure Anne-Marie Labiny, DG du magazine. Sans vrai concurrent papier - l'hebdomadaire Spirou est plus axé sur la BD et s'adresse à un public plus âgé -, le magazine, leader des hebdos jeunesse, a vu ses ventes baisser de 12% depuis 2010, bien loin des 635.000 exemplaires atteints dans les années 1950. Ses rivaux d'aujoud'hui sont les écrans: les 7-12 ans passent chaque semaine 5 heures sur internet, presque 10 heures devant la télé et 5 heures à jouer à des jeux vidéo, selon Ipsos.
En 1934, le premier numéro s'est écoulé à 450.000 exemplaires
Le 21 octobre 1934, lorsque Paul Winkler lance le Journal de Mickey six ans après la création de la souris, la formule séduit immédiatement. "Le premier numéro s'est écoulé à 450.000 exemplaires", rappelle Édith Rieubon, rédactrice en chef du Journal de Mickey. "A l'époque, c'était vraiment novateur. Pour la première fois en France, toutes les BD étaient à bulles, et non plus avec le texte sous l'image", explique Jean-Paul Jennequin, traducteur et spécialiste de BD. Paul Winkler veut en faire un journal lisible par toute la famille. Il intègre dès le premier numéro des pages de jeux et d'information, en plus des BD. "La formule a été largement imitée pendant l'entre-deux-guerres", souligne Jean-Paul Jennequin. Le Journal de Mickey paraît jusqu'au 18 juin 1940. Stoppé faute de papier, il reparaît en zone libre, puis s'arrête à nouveau. Il reprend en 1952, modernisé et sur 16 pages où arrivent Picsou, les Rapetou et Géo Trouvetou. Dans les années 1960, de nouveaux personnages font leur entrée, comme Thierry la Fronde ou Mandrake, adaptés des séries télévisées éponymes.
"En voiture, en avion, en navette spatiale, Mickey a su s'adapter au temps présent. C'est une de ses forces", relève Patrick Eveno, historien de la presse. Les personnages adoptent les modes vestimentaires, les nouvelles technologies. Le graphisme évolue. Quand, en 1972, le mercredi devient jour de congé pour les écoliers à la place du jeudi, le Journal de Mickey avance sa publication d'un jour. Le journal, qui à l'origine publie des BD américaines traduites, met l'accent sur les créations spéciales.
De Mickey à Super Picsou Géant
"En parallèle, le Journal a fait des petits. Il a essaimé au fil des décennies", note Édith Rieubon. Mickey Parade en 1966, Picsou Magazine en 1972 et Super Picsou Géant en 1977: le Journal de Mickey se retrouve au centre d'un groupe de magazines, devenu Disney Hachette Presse, filiale à 50/50 du groupe Disney et d'Hachette (groupe Lagardère).
"Dans les années 1990, le Journal de Mickey est devenu un véritable news magazine", explique Jean-Paul Jennequin. Sur les 64 pages de l'hebdo, vendu deux euros, une trentaine sont consacrées aux jeux, aux reportages et aux programmes télé. "Aujourd'hui, on en arrive à un magazine qu'on a lu de génération en génération. Et si le Journal de Mickey qu'achètent les parents n'est plus le même que celui qu'ils ont lu enfants, il reste intemporel", résume Jean-Paul Jennequin.
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