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Italie : une bibliothèque de renom victime de la crise

À Naples, une prestigieuse bibliothèque contenant des ouvrages philosophiques de toute l'Europe a fermé à cause des coupes budgétaires dans la culture liées à la crise économique en Italie, a annoncé son fondateur à l'AFP jeudi.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Gerardo Moratto, cofondateur de la bibliothèque napolitaine en péril (2/6/2012)
 (Anna Monaco / AFP)

Fondé en 1975, l'Institut italien pour les études philosophiques renfermait quelque 300.000 volumes, dont des éditions originales de grands penseurs comme Giordano Bruno (1548-1600) ou, plus proche de nous, Benedetto Croce (1866-1952). Ils sont en train d'être déménagés vers un entrepôt.

L'Institut ne peut plus payer le loyer des locaux où les volumes étaient exposés et mis à disposition des chercheurs universitaires.

L'un des fondateurs de la bibliothèque, Gerardo Marotta, 85 ans, lui-même philosophe, a travaillé avec Croce dans sa jeunesse. Il a commencé à collectionner des livres dans les années 50 lors de voyages en Europe.

Le cofondateur de l'institut déplore un déclin de la culture en Europe
Pour Marotta, la fermeture de la bibliothèque de l'Institut est symptomatique d'un déclin généralisé des études philosophiques et de la culture en Europe. "C'était la plus belle bibliothèque privée d'Europe. Nous avons travaillé dessus pendant plus de 40 ans", a-t-il expliqué, en soulignant que la seule institution comparable en Europe est le Warburg Institute à Londres.

Une subvention capitale supprimée
Selon Gerardo Marotta, en 2010, le ministère de l'Education nationale a totalement supprimé une subvention qui était auparavant de 3 millions d'euros par an. "Le gouvernement (actuel) ignore totalement notre projet", malgré divers appels à l'aide. Un projet prévoyant le transfert de l'Institut et de ses précieux ouvrages dans un bâtiment acheté par la région traîne en longueur en raison de problèmes juridiques.

Ces derniers temps, Gerardo Marotta a vendu tous ses biens et a même contracté des emprunts pour financer les loyers des 14 locaux différents où sont hébergés les 300.000 volumes. "Pour ne pas les laisser dans la rue, nous sommes en train de tous les déménager vers un entrepôt à l'extérieur de la ville", a expliqué Antonio Gargano, secrétaire général de l'Institut.

Petite lueur d'espoir, le maire de Naples, Luigi de Magistris, s'est ému de la situation. "Créer une bibliothèque pour héberger les précieux volumes de l'Institut est une priorité non seulement au niveau local mais aussi national car cela représente une partie de notre héritage culturel et historique." Un patrimoine culturel qui fait de plus en plus office de première victime des mesures de rigueur à travers d'Europe.

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