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Il disait que "malgré tout cette vie fut belle" : Jean d'Ormesson n'est plus

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Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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L'écrivain et académicien Jean d'Ormesson, l'auteur d'"Au plaisir de Dieu", est mort dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 92 ans d'une crise cardiaque, a annoncé sa famille à l'AFP, confirmant une information donnée par le site montpelliérain Métropolitain. Auteur prolifique, il devait encore publier un roman en février : "Et moi , je vis toujours".

Le romancier est décédé à son domicile de Neuilly (Hauts-de-Seine), a précisé sa fille, l'éditrice Héloïse d'Ormesson. "Il a toujours dit qu'il partirait sans avoir tout dit et c'est aujourd'hui. Il nous laisse de merveilleux livres", a-t-elle ajouté.

Son regard bleu, pétillant d'intelligence et de malice, son hédonisme et son oeuvre à succès, méditation sur le temps qui passe et traité de vie, avaient hissé le doyen de l'Académie française parmi les personnalités préférées des Français.

Un cancer de la vessie lui avait valu en 2013 huit mois de souffrances et de séjours à l'hôpital. Epuisé, cet amoureux de la vie avait pourtant écrit après cet épisode douloureux un roman, "Comme un chant d'espérance", dans lequel il questionnait l'origine de l'univers, le hasard, le temps et Dieu.

 

Dans la Pléiade de son vivant

Il avait fait à 87 ans, en 2012, des débuts au cinéma dans la comédie de Christian Vincent, "Les Saveurs du palais", où il incarnait le président François Mitterrand (qui l'invitait régulièrement à l'Elysée et aussi au théâtre).
 
Elu en 1973 à l'Académie française, éditorialiste et ancien directeur du Figaro (1974-1977), Jean d'Ormesson est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages.
 
Sa carrière littéraire avait explosé en 1971 avec "La Gloire de l'Empire", récompensé par le Grand Prix de l'Académie française. En 2015, il avait reçu la récompense suprême de tout écrivain français, être édité dans la collection La Pléiade des éditions Gallimard. 

Jean d'Ormesson sur le plateau du 20h le 10 janvier 2016 et portrait par V. Gaget et N. Sadok

Un aristocrate de haute lignée

L'écrivain était un aristocrate de haute lignée. Le comte Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Le Fèvre d'Ormesson, né le 16 juin 1925 à Paris, compte parmi ses ancêtres un conseiller du chancelier Michel de L'Hospital, un membre du Conseil de régence sous la minorité de Louis XV et quatre ambassadeurs de France, dont son père André d'Ormesson, ami de Léon Blum.

Auprès de celui-ci, en poste en Allemagne et en Roumanie dans les années 30, le jeune Jean assiste à la montée du nazisme et au basculement de l'Europe dans la guerre. Enfant, il passe ses étés en Bourgogne, au château de Saint-Fargeau, qui appartenait à sa mère, épisode qu'il raconte dans "Au plaisir de Dieu" (la devise de sa famille). Il suit aussi son père, ambassadeur, au Brésil.

Normalien et agrégé de philosophie, il entreprend une carrière de haut fonctionnaire.
 
Après avoir été membre de délégations françaises à plusieurs conférences internationales (1946-48), il entre à l'Unesco, où il est secrétaire général (1950-1992), puis président du Conseil international de philosophie et des sciences humaines. Il est nommé parallèlement dans plusieurs cabinets ministériels de 1958 à 1965.

Sujet J.N. Mirande, M.P. Susini
Ex-directeur du FigaroCollaborateur dès 1949 de plusieurs journaux, Paris-Match, Ouest-France, Nice Matin, il est rédacteur en chef adjoint (1952-1971) de la revue de philosophie "Diogène", avant d'en devenir directeur général en 1976.
 
Président du directoire de la société de gestion du Figaro et directeur de ce quotidien de 1974 à 1976, il est ensuite directeur général du Figaro jusqu'à sa démission en juin 1977.
 
Jean d'Ormesson publie en 1956 son premier roman, "l'Amour est un plaisir". Parmi ses grands succès littéraires, "Au plaisir de Dieu" (1974), sera adapté à la télévision. Suivront notamment "Dieu, sa vie, son oeuvre," (1981), "Jean qui grogne et Jean qui rit" (1984).

"Et moi je vis toujours"

Avec "l'Histoire du Juif errant" (1991), "La Douane de mer" (1994) et "Presque rien sur presque tout" (1996), l'écrivain, qui a reçu le prix Chateaubriand (1994) pour l'ensemble de son oeuvre, donne son explication du monde, avec l'art qui lui est propre de dire des choses graves avec légèreté.
 
Ensuite, il publie notamment "Une autre histoire de la littérature française" en deux tomes (1997-1998), un nouveau roman ("Voyez comme on danse", 2001) et deux livres "testamentaires": "Le Rapport Gabriel" (1999), "C'était bien" (2003). En 2005, paraît "Une fête en larmes".
 
En 2013, dans "Un jour je m'en irai sans vous avoir tout dit", il livrait sa foi en la littérature, la force des sentiments et le goût du bonheur.

Un roman attendu pour février 2018

Jean d'Ormesson continuait à écrire abondamment. En 2014 il avait publié "Comme un chant d'espérance" (éditions Héloïse d'Ormesson, la maison de sa fille), où il disait son émerveillement face au monde.

Cet ouvrage fut suivi en 2016 d'un gros livre de souvenirs où il s'affrontait avec son surmoi, "Je dirai malgré tout que cette vie fut belle" (Gallimard).

Jean d'Ormesson allait encore publier début février 2018 chez Gallimard un nouveau livre, "Et moi je vis toujours", un roman qui explore le temps où le narrateur, tantôt homme tantôt femme, vole d'époque en époque, des chasseurs-collecteurs de l'époque la plus ancienne à nos jours.
 

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