Goncourt des lycéens à "Frère d'âme" : "Les soldats qui sont partis avaient l'âge de ces lycéens ou un peu plus"
Le Goncourt des lycéens est attribué à David Diop, l'auteur de "Frère d'âme", une histoire d'amitié dans l'enfer des tranchées. Le lauréat réagit sur franceinfo.
Le romancier David Diop a décroché ce jeudi le Goncourt des lycéens, qui fête cette année ses 30 ans, avec Frère d'âme (Seuil). C'est une histoire d'amitié dans l'enfer des tranchées de la Première Guerre mondiale. Un livre hommage aux combattants et notamment aux 200 000 africains ayant combattu dans l'armée française.
franceinfo : Qu'est-ce que cela vous fait d'obtenir ce prix ?
David Diop : Je suis très touché de recevoir ce prix, d'abord parce que je suis enseignant, et parce que les soldats qui sont partis avaient l'âge de ces lycéens ou un peu plus et cela a un sens pour moi.
La réhabilitation des tirailleurs est un sujet très sensible pour les lycéens ?
Au-delà des tirailleurs sénégalais, ils sont très sensibles à cette question de la guerre, à cette grave question du sacrifice de quasiment la moitié d'une génération pour une guerre en Europe. Il est vrai que les tirailleurs sénégalais, dans les livres d'histoire, on en parle mais on n'a pas d'échos de ce qu'ils ont pu ressentir intimement face à la guerre.
Votre personnage raconte la vie de ces tirailleurs et ce qu'ils subissent. Qu'avez-vous voulu faire passer ?
Je fais une distinction entre ce qu'a pu penser la hiérarchie militaire de la façon d'exploiter les tirailleurs sénégalais en tirant partie de la peur des Allemands. On leur a donné des coupe-coupe, on leur a fait nettoyer les tranchées. Il s'agissait de terroriser l'ennemi. Je fais la distinction entre ça et la fraternité qui a pu exister entre les tirailleurs sénégalais et les poilus. J'ai vu les soldats d'Oran, des photographies au Musée des armées, qui montraient que, dans la souffrance extrême, poilus et tirailleurs sénégalais, commandés par les mêmes chefs, avaient fraternisé.
Ce sont des sujets importants pour les lycéens ?
Oui, parce qu'ils se rendent bien compte qu'ils vivent dans une France plurielle, de la diversité et que, peut-être, ils veulent interroger, ou qu'on aille un peu plus loin avec eux, sur les raisons pour lesquelles en France il y a des noirs, des blancs, des jaunes. Si dans les programmes on parle souvent de la décolonisation à mon avis on ne parle pas assez de la colonisation, de la façon dont ça a fonctionné. Il y a peut-être par le fait de décerner ces prix la manifestation d'une volonté des jeunes gens qu'on aille peut-être un peu plus loin. Mais, il s'agit de littérature et non d'histoire et un texte littéraire c'est peut-être autre chose qu'un document historique.
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