Frédéric Mitterrand exclut Céline des célébrations nationales 2011

Il en aurait sans doute secrètement joui. Cinquante ans après sa mort, Louis-Ferdinand Céline continue à diviser cette République qu'il honnissait. Pour mettre fin à la polémique, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand a décidé de retirer le sulfureux auteur de la liste des célébrations de 2011. Il n'y aura donc pas de cinquantenaire officiel de la mort de l'un des plus grands écrivains français.

Auteur fascinant de chefs-d'œuvres désespérés, gris et granuleux comme la misère et la bêtise, Céline est aussi connu pour son antisémitisme virulent. Et dans le corpus de textes qui tissent son œuvre, il s'en trouve certains qui professent sa haine, qu'il n'a jamais reniée, même après la défaite des nazis. Des appels au meurtre purs et simples.
_ Des nazis qu'il a d'ailleurs soutenu jusqu'au bout. Jusqu'à partir en exil à Sigmaringen, avec Pétain et sa cour de collaborateurs.

C'est à cause de ce visage noir que l'association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), présidée par Serge Klarsfeld, a estimé qu'il était impossible que la République célèbre Céline, aux côtés de Blaise Cendrars, Franz Liszt, André Leroi-Gourhan ou encore Georges Pompidou.

Frédéric Mitterrand se sera donc rangé à cet avis, “après mûre réflexion, et non sous le coup de l'émotion”, assure-t-il. “Ce n'est en aucun cas un désaveu à l'égard du Haut comité (chargé d'établir la liste des personnalités) mais (...) une inflexion que j'assume pleinement”, explique le ministre.