Fleur Pellerin exprime son "fort soutien" à Charlie Hebdo
"Il n'était pas question que Charlie Hebdo paraisse dans les kiosques pour devenir Okapi (magazine pour adolescents) ou un journal qui aurait neutralisé totalement ce qui faisait sa singularité".
Fleur Pellerin avait annoncé jeudi qu'elle comptait "débloquer en urgence" si besoin environ un million d'euros pour Charlie Hebdo, et envisageait des aides structurelles pour le journal. Avant l'attentat, Charlie Hebdo était au bord de la faillite et craignait de disparaître, faute de ventes suffisantes. Il avait lancé un appel aux dons en novembre : début janvier, le journal avait récolté 250.000 euros, sur un objectif d'un million d'euros.
Plus de 20 pays, 5 langues, 5 millions d'exemplaires avec Mahomet en Une
Attendu dans le monde entier, le dernier Charlie Hebdo, signé par les rescapés de l'attentat, paraît sous l'oeil réprobateur de certaines autorités musulmanes qui y voient une "provocation". Le journal satirique français persiste avec une couverture représentant le prophète de l'islam, la larme à l'oeil, tenant une pancarte "Je suis Charlie". Au-dessus, les mots "tout est pardonné".
Mercredi à 10H, tous les kiosques déjà dévalisés
Devenu un symbole de la liberté d'expression, Charlie Hebdo est réclamé partout, jusqu'en Inde et en Australie : le journal, qui ne se vendait qu'à 30.000 exemplaires dont une poignée à l'étranger, a fait, dans un premier temps, imprimer 3 millions de son numéro "des survivants" qui sera diffusé dans plus de 20 pays. Puis l'éditeur a annoncé mercredi matin augmenter le tirage à 5 millions d'exemplaires pour faire face à la demande.
Mais dès 10h, le nouveau numéro était déjà épuisé dans les 27.000 points de vente de presse en France, a indiqué l'Union nationale des diffuseurs de presse. Pris d'assaut, les kiosques et magasins de presse seront réapprovisionnés dans la journée ou dès jeudi, a souligné l'UNDP. 700.000 exemplaires avaient été livrés mecredi matin et au total, un million d'exemplaires devraient être acheminés vers les points de presse ce mercredi.
La presse solidaire
La une sur Mahomet, dévoilée dès mardi, a déjà été reproduite par de nombreux médias et sites dans le monde, surtout en Europe, après la marche de dimanche qui a réuni à Paris une cinquantaine de dirigeants étrangers. Elle a, en revanche, été occultée par les grands médias des pays musulmans et dans certains pays d'Afrique ou d'Asie car l'islam interdit de représenter le prophète. En Turquie, le quotidien d'opposition Cumhuriyet publiera, lui, en turc, une large partie du numéro. Le Mahomet de Charlie Hebdo était aussi absent des grands médias aux Etats-Unis, où la satire religieuse est taboue, et de la plupart des journaux britanniques. Washington a tenu à affirmer mardi son "soutien absolu au droit de Charlie Hebdo" à publier cette une.
Près d'un million d'euros de dons collectés au profit de Charlie Hebdo
Près d'un million d'euros avaient été recueillis mardi au profit de Charlie Hebdo, via les dons de 14.000 personnes, a annoncé l'association Presse et pluralisme, qui centralise cette collecte. Ce chiffre ne prend en compte que les dons des particuliers effectués par carte bancaire sur le site JaideCharlie.fr. Les dons reçus sont reversés progressivement à Charlie Hebdo par l'intermédiaire de la Caisse des Dépôts.
Pour assurer sa pérennité, Charlie Hebdo pourra également compter sur les recettes tirées des ventes de son numéro qui sort mercredi. Les recettes issues du premier million d'exemplaires lui seront reversées en totalité. Pour les deux autres millions d'exemplaires imprimés, le réseau de distribution prendra la commission habituelle, équivalente à environ la moitié du prix de ventes, ont indiqué les Messageries Lyonnaises de Presse, son distributeur.
Par ailleurs, l'association Presse et pluralisme, qui permet de faire des dons défiscalisés aux médias, avait décidé la semaine dernière de débloquer 200.000 euros afin de permettre la diffusion du prochain numéro de Charlie Hebdo. Un don de 250.000 euros a également été réalisé par le Fonds Google/éditeurs pour l'innovation numérique de la presse, a indiqué à l'AFP Ludovic Blecher, son directeur général.
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