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Et vous, quel est le livre qui a changé votre vie ?

Le salon du livre 2014 invite des personnalités à dire quels sont les livres qui ont changé leur vie. Voici leur témoignage, enrichi d'un petit sondage effectué au hasard des déambulations dans les allées du salon. Chacun, simple lecteur, écrivain ou éditeur témoigne de cette expérience intime et singulière qu'est la lecture d'un livre qui a changé sa vie.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
"Le livre qui a changé ma vie", Salon du Livre 2014
 (Laurence Houot / Culturebox)
Pierre Peju, écrivain
Les enfants du capitaine Grant Jules Verne
Pierre Péju, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
Je dirais plutôt que "les" livres ont changé ma vie. J'ai grandi entouré par les livres puisque mon père était libraire. Et j'ai eu une réaction positive à cela. Je me suis dis que les livres étaient la clé du monde, et même, que la vérité était plus dans les livres que dans la réalité, à la manière de Borges ! Je pensais aussi que c'était par les livres que les choses pouvaient changer. J'étais fasciné par les titres. Pour moi le titre était une énigme et je cherchais dans les rayonnages les plus bizarres, les plus scabreux.  Si je dois dire un livre je dirais "Les enfants du capitaine Grant", parce que quand j'ai écris mon premier roman (j'étais un enfant), ce qui est sorti, c'était "Les enfants du capitaine Grant". Par la magie de l'écriture, je croyais que c'était moi l'auteur. C'est ma première impression d'auteur, alors qu'en réalité, je n'inventais rien, j'ânonnais… (Son dernier roman : L'état du ciel, Gallimard 2013)

Louise 14 ans
Si je reste Gayle Forman
Louise, 14 ans
 (Laurence Houot / Culturebox)
C'est l'histoire d'une jeune fille, la seule survivante d'un accident qui a tué toute sa famille. Elle est entre la vie et la mort. Je l'ai lu l'année dernière, j'avais 13 ans. C'est le premier livre qui m'a fait pleurer. Ce que ça a changé dans ma vie? J'ai  encore plus aimé lire grâce à ce livre !

Clément Benech, écrivain
Le portrait de Dorian Gray Oscar Wilde
Clément Bénech, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
L'irruption d'un petit détail fictif dans la réalité. J'avais 18 ans (il en a 22 aujourd'hui). C'est le livre qui m'a donné envie d'écrire. (Auteur de "L'été slovène", Flammarion 2013).

Matthieu Pigasse, banquier
Le conte de Monte-Cristo Alexandtre Dumas
Matthieu Pigasse, banquier
 (FABRICE COFFRINI / AFP)
C'est vraiment le livre d'enfance qui m'a profondément marqué. Il y a l'aventure, le voyage, la figure de ce héros Edmond Dantès dont la capacité à agir sur sa vie me touche. La quête de sens, aussi : la revanche sur le système qui l'a jeté en prison. Et le refus du conformisme et des valeurs bourgeoises qui l'incarnent. Matthieu Pigasse vient de publier "Eloge de l'Anormalité” (Plon)

Hélène Sturm, écrivain
L'image Samuel Beckett
Hélène Sturm, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
Il y en aurait tant ! Mais je dirais "L'image" de Beckett. Une des plus belles œuvres qui ait été écrite. C'est un livre de 9 pages. C'est ce qu'on a fait de mieux rapport qualité prix ! Mais vous devriez aussi posé la question du livre que l'on a pas lu parce qu'on a peur qu'il nous change la vie ! Moi c'est "Belle du Seigneur", d'Albert Cohen. Je trouve le bonhomme détestable. Rien que la quatrième de couverture ma fait horreur... Je ne veux pas le lire, de peur de changer d'avis, et quand on change d'avis, ça change la vie non? (Le dernier livre d'Hélène Sturm : "Walter", Gallimard).

Douglas Kennedy, écrivain
La fenêtre panoramique Richard Yates
Douglas Kennedy, écrivain
 (JOEL SAGET / AFP)
Quand j'ai lu ce roman, j'ai été fasciné par ses descriptions des disputes domestiques, la férocité, les reproches horribles. Il y a des passages de deux ou trois pages que j'ai lus de nombreuses fois. Pour la première fois, dans la littérature américaine, un écrivain a travaillé sur le conformisme américain. Quatre semaines après l'avoir fini, j'ai commencé à écrire "L'homme qui voulait vivre sa vie". Alors oui, c'est évident, ce livre m'a beaucoup influencé. J'ai, en quelque sorte, essayé d'écrire la "Fenêtre panoramique" de ma génération. Douglas Kenneddy vient de publier un recueil de nouvelles, "Murmurer à l'oreille des femmes"(Belfond).

Daniel Kurkdjian, chef d'entreprise
Mémoires d'outre tombe François-René de Chateaubriand
Daniel Kurkdjian, chef d'entreprise
 (Laurence Houot / Culturebox)
Il n'y a pas de livre en particulier. Mais j'aime la belle littérature française "Les mémoires d'Outre tombe", de Chateaubriand, toute son œuvre d'ailleurs.

Coline Faure-Poirée, éditrice
Les hauts de Hurle-vent Emily Brontë
Coline Faure-Poirée, éditrice
 (Laurence Houot / Culturebox)
J'étais interne dans un lycée de filles, en Haute-Provence. C'était une prison de filles, en fait. A la fin de ma scolarité, la bibliothécaire a fait une fête parce qu'il y avait mon nom devant toutes les fiches d'emprunt. J'avais lu tous les livres de la bibliothèque ! Le livre qui a changé ma vie ? C'est "Les haut de Hurle-vent" , d'Emily Brontë. Je me suis identifiée à Heathcliff. Peut-être aussi parce qu'il  y avait ce vent, les hauteurs… Je vivais en Haute-Provence dans une chambre d'où j'entendais le mistral. C'est peut-être de là que beaucoup plus tard est née la collection "Haute enfance" (Coline Faure-Poirée dirige Giboulées, Gallimard Jeunesse).

Yves Ravey, écrivain
La métamorphose Frantz Kafka
Yves Ravey, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
A cause de la densité surprenante de ce roman. Et aussi parce qu'il montre une autre face du monde. C'est manière de dire dès le départ que quelqu'un se transforme en insecte, alors que ce n'est pas un livre de sciences fiction. C'est aussi un livre qui m'a relié à l'Europe centrale. Je suis d'origine autrichienne.(Le dernier roman d'Yves Ravey : "La fille de mon meilleur ami", aux éditions de Minuit).

Nadège Brou, chargée de formation
Je l'aimais Anna Gavalda
Nadège Brou, chargée de formation
 (Laurence Houot / Culturebox)
C'est un livre qui décrit bien ce qu'est l'amour. Je l'ai lu il y a 7 ou 8 ans et c'est le seul livre dont je me souviens parfaitement, et pourtant je lis beaucoup. J'ai compris ce que pouvait être la souffrance d'un chagrin d'amour. Je suis devenue plus compréhensive avec la souffrance des autres.

Florence Cestac, auteur de BD 
Désert Le clézio
Florence Cestac, auteur BD
 (Laurence Houot / Culturebox)
Quand j'ai lu ce livre la première fois, ll y a une musique qui s'est mise en route pour moi. C'était magique. Depuis je l'ai relu au moins deux ou trois fois ! (Dernier album de Florence Cestac : "Le démon du soir ou la ménopause héroïque" Dargaud)
 
Romain Puértolas, écrivain
Le tour du monde en 80 jours Jules Verne.
Romain Puértolas, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
Ca m'a donné le goût de l'aventure, de l'exotisme. (Romain Puértolas a publié son premier roman cette année "L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea", Editions Le Dilettante)

Michel Drucker, animateur télé 
Les raisins de la colère 
John Steinbeck
Michel Drucker, journaliste, animateur télé
 (GERARD JULIEN / AFP)
Comme souvent, c'est l'image qui m'a amené vers le livre. En l'occurrence, ici, le film de John Ford, avec Henry Fonda. J'ai découvert ce livre marquant, qui se déroule durant la Grande Dépression de 1929 et du début des années 30. Il m'a profondément touché. 

Frédéric Verger, écrivain
Madame Bovary Gustave Flaubert
Frédéric Verger, écrivain
 (Laurence Houot / Culturebox)
Je l'ai lu quand j'avais 14 ans et j'ai eu le sentiment de comprendre tout ce que l'écrivain voulait dire dans chacune des phrases, pas la chose explicite, mais ce qui était derrière, de sensibilité, d'affect. Ca a changé ma vie parce que j'ai compris que le roman, c'était une façon de penser la vie. Une façon de comprendre la vie, comme il peut y avoir une façon religieuse de comprendre la vie. Et moi, cette manière-là, cette façon de regarder et d'appréhender la réalité par les mots, me convenait. (Frédéric Verger a publié chez Gallimard son premier roman cette année, "Arden", prix Goncourt du premier roman).

Edith Cresson, ex-première ministre
A la recherche du temps perdu Proust
Edith Cresson, ex Premier Ministre
 (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
J'étais éduquée par les religieuses, j'entendais une vérité. Mais je savais aussi que les grands frères de mes copines étaient dans le maquis. Et que la vérité était ailleurs. Et finalement, l'œuvre de Proust disait ça tout le temps. Proust, c'est comprendre la personne de l'intérieur. Savoir que les apparences ne sont que des apparences. Lorsque vous êtes jeune, porté par le rêve et l'imagination, ça rassure de découvrir que de grands écrivains traduisent ce que vous ressentez. (Edith Cresson a publié plusieurs livres aux éditions Flammarion, J.C-Lattès, Editions du Rocher).
 
Etienne Klein, physicien et philosophe
Patience dans l'azur Hubert Reeves
Etienne Klein, physicien et philosophe
 (L Houot / Culturebox)
J'étais en terminale, en 1976, quand j'ai découvert en lisant "Patience dans l'azur" que les chercheurs découvraient des choses qui n'étaient pas encore dans mes livres de cours, et que donc les scientifiques contribuaient aussi à déconstruire nos croyances.

Vous aussi, dites quel livre a changé votre vie sur le Tumblr du salon du livre.
 

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