Eric Vuillard, prix Goncourt 2017 : "La fiction n'est pas tant du côté de la littérature que du pouvoir"
"Je suis content tout simplement". Eric Vuillard, tout juste couronné du plus prestigieux des prix littéraires, savoure. Et pourtant cela ne s'annonçait pas gagné d'avance. Et cela pour quatre raisons : "L'ordre du jour" est sorti très tôt dans l'année (au printemps), c'est un récit et non un roman qui, de surcroît, ne fait que 160 pages ce qui est peu pour un possible lauréat, et enfin Actes Sud sa maison d'édition est la maison de la ministre de la culture Françoise Nyssen.
Le récit d'Eric Vuillard conduit le lecteur au coeur des journées qui ont conduit à l'Anschluss. L'auteur évoque le fou rire de Goering et Ribentropp au procès de Nuremberg à l'évocation d'une conversation enregistrée en 1938 pendant laquelle ils avaient bluffé les services secrets britanniques en laissant croire que l'Autriche allait être libérée de la dictature du chancelier Kurt Schuschnigg !!!
Ce que montre cet épisode, c'est que la fiction n'est peut-être pas tant du côté de la littérature ou de l'art que du côté de la politique ou du pouvoir.
"L'ordre du jour" c'est aussi l'occasion de redécouvrir qu'à l'époque de l'Anschluss, l'armée allemande n'était pas si forte que cela. "A l'entrée en Autriche, 70% des engins motorisés sont tombés en panne, rappelle Eric Vuillard. Si bien que l'opération, complètement improvisée ne s'est pas produite du tout !" Un épisode qui met encore plus en lumière la politique d'apaisement de Chamberlain et du gouvernement français qui aurait pu agir pour contrer Hitler à ce moment là.
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