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Enfant des rues de Kinshasa devenue actrice, Rachel Mwanza se raconte
Révélée en 2012 dans le film "Rebelle", Rachel Mwanza est passée de la violence des rues de Kinshasa aux tapis rouge des festivals de cinéma. Ours d’Or de la Meilleure actrice à Berlin, cette jeune femme qui dégage une incroyable douceur raconte son parcours hors-norme dans un livre, « Survivre pour voir ce jour », co-écrit avec Dédy Mbépongo Bilamba (Ed. Michalon).
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Temps de lecture : 3min
Reportage : P. Deschamps, D. Dahan, A-C. Bequet
La première fois que j’ai entendu parler Rachel Mwanza, c’était à la radio. Ce qui était fascinant, c’était l’infinie douceur de sa voix, l’innocence qui s’en dégageait alors qu’elle racontait des faits d’une violence et d’une dureté intolérables. On ne peut qu’être séduit par cette jeune fille âgée aujourd’hui de 17 ans au destin hors du commun qui avait plutôt bien commencé. Rachel Mwanza vivait tranquillement dans la Province de Kassaï, au centre de la République Démocratique du Congo, dans une famille plutôt aisée, avec ses 5 frères et sœurs. Une vie paisible qui bascule le jour où son père se remarie et envoie sa première épouse et leurs enfants vivre à Kinshasa. La maman de Rachel se retrouvant démunie, fait appel à un pasteur évangéliste, un « mauvais prophète », qui voit en la petite fille, une sorcière. Après des séances d’exorcisme, Rachel qui n’a que 9 ans, sera jetée à la rue.
Elle vient alors gonfler les rangs des « shégués », ces 20 000 enfants qui errent dans les rues de Kinshasa, affamés, abandonnés de tous, sauf des voyous et des gens mal intentionnés. Si Rachel échappe à la prostitution (elle vient du peuple Baluba où le corps est sacré), elle sera hélas victime de viol, par un homme qui prétendait les aider, sa petite sœur et elle, en les hébergeant.
Le bout du tunnel
Mais après quatre ans d’enfer quotidien, sa vie va s’éclairer avec la rencontre d’une équipe belge qui réalise une fiction sur les enfants des rues. Lors d’un casting sauvage, Rachel doit prononcer cette phrase : « Monsieur le gendarme, on m’a violée ». Elle emporte l’adhésion de tous. Sorti en avril 2013, "Kinshasa Kids" suit le quotidien de huit enfants des rues qui vont trouver un nouvel espoir en montant un groupe de musique (voir l’article Culturebox). Puis ce sera l’aventure "Rebelle". Ce film, réalisé par le canadien Kim Nguyen a été tourné à Kinshasa. Il raconte l’histoire de Komona (Rachel Mwanza), une adolescente qui fut à l’âge de 12 ans, forcée de tuer ses propres parents et de rejoindre les rangs des enfants-soldats des milices rebelles. Pour ce rôle, Rachel a remporté l’Ours d’Argent de la Meilleure actrice au Festival du Film de Berlin. En jouant un rôle si proche de son propre vécu, a-t-elle exorcisé ses douleurs et toutes les humiliations subies ? Toujours est-il que sa parole est dénuée d’amertume. Sacrée leçon et sacré petit bout de femme qui nous remet à notre place d’éternels privilégiés insatisfaits.
"Survivre pour voir ce jour" de Rachel Mwanza, co-écrit avec Dédy Mbépongo Bilamba, Editions Michalon, 200 pages, 16 euros
Le bout du tunnel
Mais après quatre ans d’enfer quotidien, sa vie va s’éclairer avec la rencontre d’une équipe belge qui réalise une fiction sur les enfants des rues. Lors d’un casting sauvage, Rachel doit prononcer cette phrase : « Monsieur le gendarme, on m’a violée ». Elle emporte l’adhésion de tous. Sorti en avril 2013, "Kinshasa Kids" suit le quotidien de huit enfants des rues qui vont trouver un nouvel espoir en montant un groupe de musique (voir l’article Culturebox). Puis ce sera l’aventure "Rebelle". Ce film, réalisé par le canadien Kim Nguyen a été tourné à Kinshasa. Il raconte l’histoire de Komona (Rachel Mwanza), une adolescente qui fut à l’âge de 12 ans, forcée de tuer ses propres parents et de rejoindre les rangs des enfants-soldats des milices rebelles. Pour ce rôle, Rachel a remporté l’Ours d’Argent de la Meilleure actrice au Festival du Film de Berlin. En jouant un rôle si proche de son propre vécu, a-t-elle exorcisé ses douleurs et toutes les humiliations subies ? Toujours est-il que sa parole est dénuée d’amertume. Sacrée leçon et sacré petit bout de femme qui nous remet à notre place d’éternels privilégiés insatisfaits.
"Survivre pour voir ce jour" de Rachel Mwanza, co-écrit avec Dédy Mbépongo Bilamba, Editions Michalon, 200 pages, 16 euros
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