Edith Cresson : "C'est Proust qui a tout déclenché !"
Première Ministre de François Mitterrand de mai 1991 à avril 1992, Edith Cresson demeure la seule femme à avoir occupé ce poste en France. En retrait de la vie politique, elle s'est beaucoup investie ces dernières années dans les écoles de la deuxième chance, qui aident à l'insertion professionnel des jeunes qui ont "décroché" du système scolaire traditionnel, et dans une agence pour le développement de l'intelligence économique.
Le livre qui a changé sa vie : "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust
"Le déclenchement a été l'oeuvre de Proust, incontestablement" raconte Edith Cresson. "Il m'a émue par ses évocations de l'enfance, l'abandon, cette nostalgie qu'on ne parvient pas à expliquer. Et aussi cette façon d'approcher les autres. Il y a chez les autres des tas de choses mystérieuses !"
Adolescente, Edith Cresson découvre "A la recherche du temps perdu". "C'était une période difficile. J'étais éduquée par les religieuses, j'entendais une vérité. Mais je savais aussi que les grands frères de mes copines étaient dans le maquis. Et que la vérité était ailleurs. Et finalement, l'oeuvre de Proust disait ça tout le temps. Proust, c'est comprendre la personne de l'intérieur. Savoir que les apparences ne sont que des apparences. Lorsque vous êtes jeune, porté par le rêve et l'imagination, ça rassure de découvrir que de grands écrivains traduisent ce que vous ressentez".
Un autre monde
Plus tard, la jeune femme tombera sous le charme de Virginia Woolf et d'autres auteurs anglais. "Ils me permettaient de savoir qu'il existait un autre monde".
Et aujourd'hui que lit-elle ? "Essentiellement des essais sur la mondialisation, la situation actuelle. Je viens de recevoir le livre de Jean-Michel Quatrepoint, je vais le dévorer. Je lis aussi, en ce moment, "Big Data", un gros livre américain qui nous prépare aux révolutions industrielles à venir, en nous aidant à les appréhender".
Son grand combat, depuis plusieurs années, c'est l'école de la deuxième chance. "120 000 jeunes ont pu en bénéficier ! Et la plupart avaient d'énormes difficultés avec la lecture, l'écrit, justement. Laisser un jeune à un tel niveau d'inculture, c'est le laisser désarmé face au monde !".
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