Didier Daeninckx : rencontre avec l'écrivain de la face obscure de notre société

Ouvrier imprimeur, animateur culturel, journaliste localier, avant de devenir écrivain, Didier Daeninckx a vécu plusieurs vies depuis plus de 60 ans à Aubervilliers. Aubervilliers cette ville de la ceinture rouge de Paris qu'il connaît si bien comme Saint-Denis et La Courneuve. Des villes qui font partie de son ADN, des marqueurs de son histoire qu'il retrouve quand il feuillette un livre de photos de Willy Ronis :

J'ai vraiment l'impression que je pourrais être un des gamins (photographiés). On a 4 ou 5 années de différence mais on était habillés pareil. C'était une classe ouvrière pauvre avec des enfants qui étaient habillés par la mairie. Il y avait des solidarités. Il y a tout ça dans ces photos.

Depuis "Meutres pour mémoire" (éditions Série noire) en 1984  sur la guerre d'Algérie, puis "Le géant inachevé" avec pour toile de fond la corruption du monde politique, Didier Daeninckx est classé comme un écrivain de la réalité occultée. Dans ses romans il dénonce le racisme, la corruption, la colonisation. "Artana ! Artana !" son dernier roman paru chez Gallimard a pour cadre la banlieue.

Aubervilliers a compté jusqu'à 50 000 ouvriers au plus fort de la période industrielle. Aujourd'hui Didier Daeninckx nous conduit dans ce qu'il appelle "un des endroits délaissés de la ville", chez un de ces artisans qui lui sont chers. Bruno Brette est luthier. Il fabrique des contrebasses : "Didier fait partie des personnages de la cité. C'est quelqu'un qui connaît bien sa ville, qui l'a bien étudiée, qui en parle parfois et qui porte un regard tendre sur elle."

A bientôt 70 ans, Didier Daeninckx a gardé cette curiosité pour le monde qui l'entoure et que les lecteurs ne tarderont pas à retrouver au détour d'un roman.