Cinquantenaire de la mort de Jean Giono : une Pléiade, un Cahier de L'Herne et une réédition
Le grand écrivain provençal est en pleine lumière pour le cinquantenaire de sa mort, avec un tirage spécial dans la Pléiade, un Cahier de L'Herne et la réédition d'un petit livre de l'écrivain en hommage à l'écrivain américain Melville.
La rétrospective consacrée à l'écrivain Jean Giono à peine achevée au Mucem de Marseille, le grand écrivain provençal est réédité dans un tirage spécial à la Pléiade, avec également un Cahier de L'Herne qui lui est consacré et la réédition d'un petit livre de l'écrivain en hommage à Melville, dont il avait traduit Moby Dick.
Quatre décennies d'écriture
Écrivain populaire et patrimonial, le natif de Manosque dont on commémore cette année le 50e anniversaire de la mort, fut un prodigieux créateur: romancier, poète, traducteur (notamment de Moby Dick qu'il fit connaître aux lecteurs français), scénariste pour le cinéma, dramaturge, nouvelliste et chroniqueur.
Giono dans la Pléiade, c'est une vieille histoire. Un an après la mort de l'écrivain (le 9 octobre 1970), la prestigieuse collection de Gallimard avait entrepris la publication (en six volumes) de son oeuvre romanesque à laquelle se sont ajoutés deux autres volumes consacrés à sa poésie, ses récits, ses essais et son Journal.
Ce tirage spécial de la Pléiade (en librairie le 12 mars) propose une traversée des quatre décennies d'écriture couvertes par l'oeuvre romanesque de Giono.
Le point de départ est Colline (1929), son premier roman publié et le point d'arrivée L'Iris de Suse, publié six mois avant la disparition de Giono. On retrouve aussi une de ses oeuvres les plus connues: Un roi sans divertissement ("un sommet de la littérature universelle", selon l'écrivain Pierre Michon) ainsi que L'homme qui plantait des arbres et Pour saluer Melville, un petit livre à la gloire de l'auteur de Moby Dick qui bénéficie parallèlement d'une belle réédition dans la collection L'Imaginaire de Gallimard.
Le soleil noir de la mélancolie
Le nouveau volume de la Pléiade (1360 pages, 60 euros) permettra aux lecteurs qui découvriront Giono à cette occasion de s'apercevoir que l'écrivain n'était pas seulement "un écrivain provençal".
Très marqué par son expérience des tranchées (il fut mobilisé en 1915 à l'âge de 20 ans et ne fut démobilisé qu'en 1918), Giono posait un regard extrêmement noir sur le monde.
Giono, explique l'universitaire Denis Labouret qui signe la préface du volume, rejetait et tournait le dos à "la Provence de carte postale, celle du folklore local, des tambourins et des cigales, celle d'un bonheur de vivre sous un ciel toujours bleu".
"La Provence de Giono, souligne le spécialiste de son oeuvre, est celle des passions humaines qu'attise la solitude sur des plateaux perdus. Elle n'est éclairée que par le soleil noir de la mélancolie".
Des inédits
Pour compléter ce portrait de Giono, on lira avec intérêt le riche Cahier de L'Herne consacré à l'écrivain (288 pages, 33 euros) qui paraît le 4 mars.
Ce Cahier auquel ont participé de nombreux écrivains dont René Fregni, Sylvie Germain, Marie-Hélène Lafon, Gilles Lapouge, Pierre Michon ou encore le prix Goncourt Éric Vuillard, bénéficie de nombreux documents, souvent inédits, issus notamment des archives du Paraïs, la jolie maison manosquine de l'écrivain.
Parmi les inédits, "une rareté miraculeuse", un chapitre jamais publié des Deux cavaliers de l'orage intitulé Une rêverie de Marceau.
Les Deux cavaliers de l'orage fut longtemps mis à l'index en raison de sa publication en feuilleton, de 1942 à 1943, dans l'hebdomadaire La Gerbe, un journal antisémite et collaborationniste.
Contre tous les totalitarismes
Pacifiste intégral, Jean Giono a refusé de s'engager durant la Seconde guerre mondiale. En 1944, il sera arrêté pour "actes de collaboration avec l'intention de servir l'ennemi"... mais aucune charge ne pourra être retenue contre lui et il sera libéré.
Lors de la récente exposition du Mucem, de nombreux documents dévoilaient que l'écrivain avait caché chez lui de nombreuses victimes de l'Occupation.
En fait, note Agnès Castiglione, qui a dirigé le Cahier de L'Herne aux côtés de Mireille Sacotte, Giono était opposé "à tous les totalitarismes, à l'hitlérisme comme au stalinisme".
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