Cesare Battisti, transféré au centre pénitentiaire de Ferrare, cesse "momentanément" sa grève de la faim

Cesare Battisti, ancien militant d'extrême gauche condamné à la perpétuité en Italie pour quatre homicides pendant les années 1970, a obtenu son transfèrement dans une prison du nord de la péninsule et a cessé sa grève de la faim, a indiqué lundi 28 juin à l'AFP sa fille Valentine.

Cesare Battisti, 66 ans, a été transféré samedi de la prison calabraise de Rossano (sud) vers le centre pénitentiaire de Ferrara, en Emilie-Romagne (nord). Il a décidé de suspendre immédiatement mais "momentanément" sa grève de la faim, a précisé Valentine Battisti, rappelant qu'il contestait toujours les conditions de sa détention.

Cesare Battisti est soumis au régime des détenus classés "AS2", condamnés pour terrorisme, parmi lesquels des militants islamistes radicalisés. Affirmant avoir été menacé par certains co-détenus, il reste de facto à l'isolement, refusant de sortir par exemple pendant les heures de promenade. Son transfèrement dans le nord de l'Italie est néanmoins un "soulagement" pour ses proches et sa famille italienne qui devraient pouvoir lui rendre visite plus souvent, selon sa fille.

Auteur prolifique de romans noirs

Auteur prolifique de romans noirs, Cesare Battisti a été capturé en janvier 2019 en Bolivie, après près de 40 ans de cavale en France puis au Brésil, et extradé en Italie. Quelques semaines après son arrestation, il avait reconnu devant un magistrat, pour la première fois, sa responsabilité dans ces meurtres et avoir pris ses distances avec la lutte armée menée au nom de l'organisation Prolétaires armés pour le communisme (PAC) pendant les "années de plomb" en Italie. D'abord incarcéré dans une prison de haute sécurité en Sardaigne, il avait été transféré en septembre 2020 vers la prison de Rossano après une première grève de la faim.

L'ancien militant a été condamné à la perpétuité pour le meurtre en 1978 d'Antonio Santoro, un gardien de prison, et celui en 1979 d'Andrea Campagna, un chauffeur de la police. Il avait aussi été condamné pour complicité dans le meurtre en 1979 d'un bijoutier, Pier Luigi Torregiani, et pour complicité du meurtre la même année d'un boucher, Lino Sabbadin.

Pendant son séjour en France de 1990 à 2004, Cesare Battisti avait bénéficié de la protection du président socialiste de l'époque, François Mitterrand, qui s'était engagé à n'extrader aucun militant d'extrême gauche acceptant de renoncer à la lutte armée. Mais en 2004, le gouvernement du président Jacques Chirac avait décidé de mettre fin à la "jurisprudence Mitterrand". Cesare Battisti s'était alors enfui au Brésil.

Pour liquider définitivement cette jurisprudence et régler un litige de trente ans avec Rome sur les ex-membres des Brigades rouges réfugiés en France, le président Emmanuel Macron a ordonné fin avril l'arrestation de dix d'entre eux.