"Blablacar, la France et moi" de Caroline Stevan : un tour de l'Hexagone en toute liberté, ça vous tente ?
La journaliste franco-suisse Caroline Stevan a entrepris un voyage singulier en covoiturage à la rencontre des Français. A l'heure du déconfinement son récit de voyage savoureux et inattendu, écrit avant l'arrivée de la pandémie, se déguste... en toute sécurité, depuis son canapé.
Une photo, quelques mots de présentation, le modèle et la couleur de votre voiture et un lieu de rendez-vous. En quelques clics et pour quelques euros, les applications de covoiturage offrent aux voyageurs un transport pas cher et des rencontres parfois étonnantes. Caroline Stevan a choisi la plus célèbre d'entre elles pour redécouvrir son pays d'origine, celui qu'elle a quitté il y a quinze ans pour s'installer en Suisse avec enfants et mari. La journaliste franco-suisse a voyagé devant ou derrière, fenêtres et oreilles ouvertes. A sa manière, elle prend le pouls d'une France toujours aussi râleuse, fantasque et excessive. Bien loin de son deuxième pays, la Suisse, sage et policée.
Blablacar, la France et moi (éditions Helvetiq) raconte la France d'avant le confinement. Le livre sorti quelques jours seulement avant la fermeture des librairies est passé jusqu'ici un peu inaperçu dans les médias. Qu'importe, l'auteure, ancienne journaliste pour le quotidien suisse Le Temps et aujourd'hui attachée à la RTS radio, s'est chargée de réaliser un petit clip humoristique en mode confiné.
J'avais envie de renouer avec la France et de partir à la rencontre de ses habitants.
Caroline Stevan,auteure
Plus sérieusement, Caroline Stevan a d'abord songé à faire le tour des bistrots ou encore occuper quelque temps un emploi de factrice, mais c'est finalement dans l'intimité des voitures particulières qu'elle sillonne le pays. Et l'on découvre avec elle la France des zones commerciales ou industrielles, la France des aires d'autoroute et des ronds-points, celle, aussi, des villages pittoresques et des sous-préfectures. Pas de planning prévu à l'avance, la reporter se donne le luxe de vagabonder et de prendre son temps.
Enchantée par tant de diversité
Et le covoiturage se révèle d'une richesse incroyable. Ce mode de transport économique et écologique rassemble des millions d'utilisateurs dont la liberté de parole est rarement entamée car on sait à l'avance que l'on ne se reverra pas. "Les Renault 5 y côtoient les BMW, les cols bleus fraient avec les cols blancs," raconte-t-elle dans son ouvrage, visiblement enchantée par tant de diversité.
Au cours de son périple de plusieurs milliers de kilomètres, la journaliste aura eu droit à "1 baiser, 78 ronds-points et 1 accident". Elle aura surtout partagé un bout de chemin avec 2 amoureux, "1 banquier, 2 chômeurs, 4 retraités, 1 médecin, 5 étudiants, 3 personnes en surpoids, 1 beur et 1 lesbienne pour le politiquement correct". Autant de personnages qu'elle raconte avec humour, fascination et parfois lassitude quand la lourdeur et la promiscuité deviennent difficilement supportables.
"Le concept est plus pertinent que jamais"
Autant de personnages qui donnent aussi la couleur de la France d'aujourd'hui, celle qui manifeste sur les ronds-points, râle contre ses dirigeants ou la lourdeur des impôts mais sait aussi redoubler d'attention avec une inconnue.
Impossible de lire son récit sans un brin de nostalgie. Que nous réserve le monde d'après ? La pandémie va-t-elle avoir raison des trajets en voiture partagés ? Est-on condamné à voyager seul par crainte d'attraper ou de transmettre ce satané virus ? L'auteure n'y croit pas. "L'idée de Blablacar est de partager notre empreinte carbone. Le concept est plus pertinent que jamais, affirme-t-elle. Il faut juste attendre que l'épidémie soit derrière nous pour relancer la machine." On a envie d'y croire et de tenter à notre tour l'aventure. Juste pour le plaisir des rencontres improbables.
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