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Sempé croque New York et nous régale de sa poésie

En 1965, Jean-Jacques Sempé débarque à New York. Le coup de foudre est immédiat. C’est cette histoire d’amour inconditionnel que "Sempé à New York" raconte. Sa vision amoureuse de la ville, ses quarante ans de collaboration avec le New Yorker, pour qui il a dessiné plus de cent couvertures… Un livre intime et poétique, réédité en 2016 dans une version augmentée.
Article rédigé par Sophie Granel
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sempé à New York ou la Grosse Pomme vue par l'un des plus grands dessinateurs français.
 (J.J. Sempé-Sempé à New York - éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux)

C’est une conversation entre amis. En 2009, Jean-Jacques Sempé se confie à Marc Lecarpentier. Entre l’ancien directeur de Télérama et le dessinateur, le respect est mutuel. L’amitié aussi. Une atmosphère propice à la confidence, dont le lecteur est le témoin privilégié. Sempé raconte à son copain, son expérience new yorkaise. A la fois unique et universelle.

The New Yorker, couverture du 24 novembre 1997.
 (J.J. Sempé-Sempé à New York - éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux)
Qui, en effet, n’a jamais ressenti à son arrivée à New York ce vertige, cette exaltation face à une cité de légende ? Un tourbillon de sons et de couleurs. La couleur, c’est ce qui a séduit l’artiste en premier lieu. "Alors que Paris est gris-bleu, New York est très, très coloré".

Une ville en technicolor, que Sempé découvre en 1965 alors qu’il accompagne son éditeur pour un séjour touristique.  Et c’est bien en touriste, que le dessinateur envisage la ville. De visites en promenades, il s’imprègne de l’essence de New York. Une sensation d’espace et de liberté. Ici le gigantisme n’écrase pas, il décuple : "Il se dégage des buildings une telle force, c’est tellement grand, qu’on ressent une sorte d’énergie factice parce qu’on a l’impression d’agir !".
The New Yorker, couverture du 10 janvier 2005.
 (J.J. Sempé-Sempé à New York - éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux)
New York est la ville de tous les possibles. Jean-Jacques Sempé en a fait l’expérience. C’est en effet ici qu’il a réalisé l’un de ses rêves : travailler pour The New Yorker qu’il découvre en 1949 (il n’est alors qu’un jeune coursier à vélo de 17 ans) et qu’il considère comme "le plus grand magazine du monde". Lors de son premier séjour dans la grosse pomme, Sempé ne fait que passer devant le bâtiment, "j’étais trop impressionné". Ce n’est que plus de vingt ans après que son ami Ed Koren, qui dessine pour le New Yorker, l’incite à proposer ses oeuvres au magazine de société qui a vu passer les plus grands (Salinger, Nabokov, Wolfe...). Le directeur William Shawn est séduit. Le 14 août 1978, l’homme oiseau de Sempé fait la une du journal. La première d’une longue série. En presque 40 ans de collaboration, le dessinateur a déjà fait 109 fois la couverture, sans compter les illustrations intérieures !
La dernière couverture en date de Sempé pour le New Yorker, 29 août 2016.
 (J.J. Sempé-Sempé à New York - éditions Denoël / éditions Martine Gossieaux)
Pour faire la couv’ du New Yorker, il faut savoir créer une ambiance. Et ça, Sempé sait faire. Il a su comme personne capter l’essence de New York. Une ville dans laquelle chacun, parmi la multitude est unique. De cet homme qui contemple tranquillement une nature morte avec dans son dos l’agitation de la rue, à une danseuse, juchée sur un balcon au milieu des buildings en passant par ce musicien de jazz (l’une de ses grandes passions) qui répète à sa fenêtre, petite lucarne au milieu de tant d’autres…

Sempé a ce don de placer l’humain au cœur de ses illustrations, de confronter le minuscule au gigantesque. Des esquisses muettes qui racontent la ville bien mieux que les mots ne sauraient le faire.

"Sempé à New York" aux éditions Denoël/Martine Gossieaux - 400 pages, illustré, 170 x 235mm - 28 euros.

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