Piaf, Cocteau, Prévert, Napoléon… leurs lettres d'amour dans un beau livre
"Mon toto", "Mon Jeannot", "Mon petit Loupiote", "Mon amour bleu"… Ecrivains, poètes, musiciens, peintres, ou hommes politiques inventent eux aussi ces petits noms cocasses, un peu nunuche parfois, que le commun des mortels a l'habitude d'inventer pour qualifier l'objet de sa flamme.
Si la lettre d'amour prend aujourd'hui la forme brève d'un message électronique, elle était autrefois l'objet de tous les soins et a inspiré de très belles pages aux grands de ce monde. Feuilles noircies, dessins ou annotations, les lettres pour la plupart inconnues du public sont à découvrir dans ce beau livre coédité par les éditions Textuel et le musée des lettres et des manuscrits.
"Oh ma chérie, mon espérance, mon refuge, ma joie, ma paix, ma délivrance, mon idéal…" dit Léon Bloy à Jeanne Molbech. Alexandre II est plus trivial pour s'adresser à Ekatarina Dolgoroukova "Je me sens encore tout imprégné de notre bonne soirée et de nos bingerles délirants, qui nous ont fait jouir comme des fous" ("Bingerle" est le mot qu'ils ont inventé pour désigner leurs ébats).
Toutes les facettes de l'amour mises en mots
Les mots de Prévert à Claudy Carter s'accompagnent de petits dessins et d'annotations tendres : "Ca m'ennuie de te savoir souvent sous la pluie avec des chaussures qui peuvent prendre l'eau". Saint Exupéry choisit aussi de dessiner son amour à une inconnue, jeune femme rencontrée dans un train entre Oran et Alger. C'est à travers la voix du Petit Prince aquarellé que l'écrivain aviateur exprime son dépit à cette jeune femme mariée qui refuse ses avances. "Je baigne dans ce temps vide où je n'ai plus rien à rêver", lui dit-il.
"Quel est donc ton pouvoir, incomparable Joséphine?" demande Napoléon à Joséphine. Enflammées, grivoises, plaintives, tendres, parfois cocasses, parfois tragiques, les lettres d'amour revêtent toutes sortes de formes, à l'image de ce sentiment envoûtant.
Les correspondances amoureuses ont une histoire
Ainsi George Sand récupéra-t-elle par l'intermédiaire de Dumas toutes ses missives deux ans après la mort de Chopin, avant de les brûler. Ekatarina Dolgoroukova, forcée de s'exiler à Nice après la mort d'Alexandre II, elle, ne se séparera jamais de ses lettres.
Les correspondances sont accompagnées de textes donnant des indications sur les histoires de ces amours, et illustrées par les photographies des amoureux. Des extraits de lettres, imprimés en capitales sur des fonds colorés scandent l'amour comme des slogans.
Ces correspondances lèvent le voile sur la personnalité des grands hommes, témoignages souvent touchants d'une humanité mise à nu dans l'expression de ce sentiment mystérieux et fragile qu'est l'amour.
"Je n'ai rien à te dire sinon que je t'aime - Correspondances amoureuses" Edition établie et commentée par Dominique Marny (Textuel / Musée des lettres et des manuscrits - 192 pages - 39 euros)
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