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"Je l'appelle monsieur Bonnard", de Joann Sfar : peintures d'après modèle

Joann Sfar est principalement dessinateur et réalisateur. C'est surtout un touche-à-tout qui décide aujourd'hui de dévoiler ses toiles, librement inspirées du peintre Pierre Bonnard. Avec "Je l'appelle Monsieur Bonnard", un livre qui donnera lieu à une exposition chez Artcurial à Paris, il met en image l'histoire d'une création.
Article rédigé par franceinfo
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  (Joann Sfar/ Hazan)

"Si on dit "Joann Sfar fait des peintures : ça fait prétentieux. Là ça fait jeu, ça fait hommage". C'est d'abord une commande du musée d'Orsay qui a amené Joann Sfar à peindre d'après Bonnard. "Mais à aucun moment je n'ai cherché à peindre comme lui", précise-t-il.

Il travaille d'abord avec un modèle – jeune femme élancée, qu'il choisit très différente des canons de beauté du début du siècle - et une vingtaine de reproductions sur carte postale des toiles du peintre. Puis il dessine, pour "rajouter du mouvement" et ajoute ses dessins aux peintures. Il clôt le tout par un court texte d'introduction, qui raconte le moment de la création. "Je l'appelle monsieur Bonnard" est un livre d'art, c'est aussi un récit.

Sur les pages, le modèle, seule, ne voit pas le peintre. Elle l'attend, l'appelle, le provoque. Elle attend Bonnard comme le fait le lecteur, qui cherche les traces du maître dans les couleurs, les lumières, les reliefs des peintures bien plus expressives de Joann Sfar.

J’attends, avec une anxiété certaine, Monsieur Bonnard, Joann
	Sfar, 2014, tempéra et encre de Chine sur papier, dessin pour Je
	l’appelle monsieur Bonnard, parution aux éditions Hazan en 2015.
 (Joann Sfar/ Hazan)
Les modèles que représentent les autres artistes et les "modèles vivants", ceux qui posent pour être peints sont des thèmes chers à Joann Sfar. Il a illustré Brassens, Gary, Chagall ou Saint-Exupéry, montré la fascination de Gainsbourg ou Pascin pour celles qu'ils voulaient peindre : "J'aime bien parler des gens que j'aime."

Joann Sfar pose sur celle qu'il  peint un regard de cinéaste : "Le modèle est plus important que ce qu'on raconte, on la choisit comme une actrice dans un film, explique-t-il. Il faut qu'il y ait une identification, un désir, des questions. C'est un personnage." Aux Beaux Arts où il lui arrive d'aller dessiner, il raconte comment ses yeux et son crayon se détournent parfois du modèle nu pour se concentrer sur les étudiantes vêtues qui peignent à la craie.
Je vous regarde, Joann Sfar, 2014, huile
	sur medium, peinture pour Je l’appelle
	monsieur Bonnard, parution aux éditions
	Hazan en 2015.
 (Joann Sfar/ Hazan)
Dans le livre ou dans l'exposition à venir, les images se complètent et dialoguent pour donner un portrait plus précis et détaillé du modèle. On a le sentiment de la connaître un peu. 

Les différents profils de Joann Sfar se répondent pareillement quand il raconte comment peindre a changé sa façon de dessiner. "J'aime bien l'idée que la peinture ne doit pas raconter une histoire", dit celui qui ne peut pas s'en empêcher. "Maintenant, je vais plus volontiers faire des pages muettes". Il donne en exemple la page entière d'un carnet intime à paraître. Dans une case, les grands yeux en amande d'une amie côtoient ses petits seins en poire, aperçus sur une autre case, dans l'échancrure d'un débardeur : "Ca, c'est un héritage de quand je fais poser mes modèles nus dans des peintures".

"Je l'appelle monsieur Bonnard", de Joann Sfar (Hazan) 15,00 € à paraître le 8 avril
Exposition chez Artcurial, du 17 au 24 avril
Regarde moi, Joann Sfar, 2014, encre de Chine sur papier,
	dessin pour Je l’appelle monsieur Bonnard, parution aux éditions
	Hazan en 2015.
 (Joann Sfar/ Hazan)
Regarde mes pieds, Joann Sfar, 2014, huile sur medium, peinture pour Je
	l’appelle monsieur Bonnard, parution aux éditions Hazan en 2015.
 (Joann Sfar/ photo Artcurial)

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