Avec "La jeune fille et la nuit", Guillaume Musso revient à Antibes où il est né
L'enfant d'Antibes avoue son "plaisir" d'avoir écrit ce "polar sans policier" dans des lieux "familiers". Exit New York, cadre de la plupart de ses livres, mais pas le suspense qui séduit, ouvrage après ouvrage, des centaines de milliers de lecteurs.
Guillaume Musso fait partie du club très fermé des auteurs francophones de best-sellers. Plus de 28 millions de livres vendus à travers le monde. Traduit en 40 langues. Adulé en Corée du Sud, star en Allemagne et en Italie.
Depuis sept ans, l'écrivain est l'auteur français qui vend le plus de livres. Son dernier opus, le premier publié chez Calmann Levy (après son départ spectaculaire de chez XO qui le publiait depuis 2004), bénéficie d'un tirage initial de 400.000 exemplaires.
Dès les premiers pages on connait l'assassin
Le livre est une gageure pour un thriller puisque dès les premières pages Guillaume Musso nous donne le nom de l'assassin. Il s'agit du narrateur, Thomas, un romancier à succès né à Antibes."La ressemblance s'arrête là. J'ai l'âge et le métier du protagoniste mais ça n'a rien de biographique", prévient Guillaume Musso dans un éclat de rire, au cours d'une rencontre avec l'AFP.
En décembre 1992, Thomas, 18 ans, élève en classe prépa d'un lycée (ressemblant furieusement au lycée international d'Antibes où Musso fut enseignant), a assassiné Alexis, un prof de philo soupçonné d'être l'amant de la jeune Vinca, une condisciple de Thomas dont il était secrètement amoureux.
Le corps d'Alexis a été emmuré dans le gymnase du lycée. Vinca a mystérieusement disparu. L'enquête de police n'a rien donné.
Retrouvailles 25 ans plus tard
25 ans plus tard, en mai 2017, Thomas revient à Antibes alors que l'on fête les 50 ans du lycée. Le gymnase doit être rasé. On va certainement retrouver le corps qui y est emmuré. La vie de Thomas et de son ami Maxime (qui l'a aidé à se débarrasser du cadavre) va sombrer. Le cauchemar semble avoir déjà commencé quand Thomas trouve le mot "Vengeance" écrit à son attention.Tout le récit se passe l'espace d'une journée avec, de temps en temps, un retour à la fatale soirée de décembre 1992. "Tout rassembler au cours d'une seule journée a été une contrainte volontaire, ça stimule", explique l'écrivain qui ne cache pas s'être inspiré des "Campus Novels", un genre littéraire popularisé notamment par le Britannique David Lodge ou l'Américain Michael Chabon.
"L'idée d'écrire ce genre de roman me trottait dans la tête depuis longtemps mais le truc s'est vraiment déclenché quand je me suis dit : 'Pour en faire un roman original et singulier j'ai besoin du soleil du Sud, des couleurs de la Méditerranée, du vent dans les pins'".
"Le roman n'existe vraiment que quand il est lu"
Pari réussi. Guillaume Musso maîtrise son sujet et embarque ses lecteurs sur un chemin parsemé de chausse-trapes. La lecture achevée on s'aperçoit (trop tard) que le romancier avait pourtant parsemé son récit d'indices."Ça fait partie du plaisir du jeu avec le lecteur. Chaque roman est une contribution, à part égale, entre l'écrivain et le lecteur. Le roman n'existe vraiment que quand il est lu", souligne le romancier.
Au-delà de l'intrigue qui force à tourner fébrilement les pages, on retrouve aussi les thèmes chers à l'écrivain : l'identité et la paternité. "La jeune fille et la nuit", un titre aux accents schubertiens, dresse de magnifiques portraits d'un père et d'une mère prêts à tout pour protéger coûte que coûte leurs enfants. "C'est quelque chose que je ressens ayant moi-même des enfants relativement jeunes", admet le romancier.
Ce serait criminel de raconter la fin mais on peut signaler l'ultime dilemme auquel l'écrivain soumet ses lecteurs : faut-il faire éclater la vérité à n'importe quel prix ?
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