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Alain Finkielkraut fait son entrée jeudi à l'Académie française, un lieu de "résistance de la civilisation"

L'essayiste Alain Finkielkraut, qui sera reçu jeudi à l'Académie française, a estimé ce 25 janvier sur France Inter que cette institution, fondée au XVIIe siècle, incarnait "la résistance de la civilisation" face à "une nouvelle élite arrogante et barbare". Elu à l'Académie française en avril 2014, Alain Finkielkraut occupera le fauteuil de Félicien Marceau, dont il fera l'éloge, tradition oblige.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le philosophe Alain Finkielkraut fin octobre 2015.
 (Damien Grenon / Photo12)

"L'Académie a été peut-être, à un moment donné, l'institution de la bourgeoisie triomphante. Aujourd'hui, face à une nouvelle élite arrogante et barbare, elle incarne, avec son respect des formes et son amour de la belle langue, la résistance de la civilisation", a affirmé le futur académicien sur France Inter.

"Ma tête est mise à prix sur tous les murs"

Souvent taxé de "néo-réac", l'ancien militant maoïste, âgé de 66 ans, a expliqué qu'il était traité ainsi car il critiquait "la culture de masse et l'effondrement de l'école républicaine". "Si vous résistez au présent, vous êtes un néo-réac", a-t-il ironisé, avant de s'en prendre "aux collabos de la modernité" et "à la presse Pigasse". "Ma tête est mise à prix sur tous les murs de la ville, par Libération et dans la  presse Pigasse", a poursuivi l'essayiste, en référence à Matthieu Pigasse, copropriétaire du Monde avec Pierre Bergé et Xavier Niel, et également  propriétaire des Inrockuptibles.

"J'en prends plein la figure tous les quatre matins", s'est-il plaint. "Il y a une pensée qui était en état d'hégémonie, qui ne l'est plus et qui ne le supporte pas". Défenseur de "l'identité française", il a souligné que "l'avenir de la culture, la place de la culture" était pour lui "un sujet absolument capital". "Une France post nationale, post littéraire et post culturelle est un pays dans lequel je n'ai pas envie de vivre", a-t-il dit. "La France est en train de changer et ce changement n'est pas pour le meilleur", a-t-il encore estimé.

"Mémoire paresseuse"

Elu à l'Académie française en avril 2014, par 16 voix sur 28 (huit bulletins avaient été barrés d'une croix en signe de désaveu), Alain Finkielkraut sera intronisé jeudi 28 janvier au fauteuil de Félicien Marceau. D'origine belge, Félicien Marceau avait été condamné à 15 ans de prison par contumace en Belgique à la Libération pour collaboration avec l'occupant nazi, avant que de Gaulle ne lui accorde la nationalité française.

Comme le veut la tradition, Alain Finkielkraut, lui-même fils d'immigrés juifs polonais et dont une partie de la famille a été assassinée à Auschwitz, fera l'éloge de son prédécesseur. "Félicien Marceau était un auteur très prolifique et admiré dans de  nombreux cercles", a-t-il noté, fustigeant une "mémoire paresseuse" qui, "sous couleur d'être vigilante", ne retient de Félicien Marceau que le fait qu'il fut "collabo". "Je suis attendu au tournant, parce qu'un certain nombre de gens se frottent les mains, se lèchent les babines, et se disent un néo-réac qui fait l'éloge d'un collabo, bien fait pour lui", a-t-il dit. "Et bien, nous verrons, j'en parlerai, sans dérobade possible. J'y consacrerai une partie importante de mon discours".

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