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38e Festival de Deauville : le cinéma américain à l'heure française

Comme chaque année en septembre, Deauville devient américaine en recevant le Festival du cinéma américain. La prestigieuse station balnéaire de la côte normande connaît cette année la 38e édition de ces festivités du 31 août au 9 septembre, avec la plus grande concentration de cinéastes et d’acteurs d’Outre-Atlantique en Europe, qu’ils viennent des majors hollywoodiennes ou du cinéma indépendant.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Les planches de Deauville à l'heure américaine
 (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

L’anti-Festival de Cannes
Si Deauville est le deuxième festival de cinéma en France, après Cannes, en termes de réputation et de prestige, il se démarque fortement de l’institution cannoise.

Sa principale différence réside, non seulement dans son ciblage américain, mais dans un protocole assoupli par rapport à celui de la Croisette, extrêmement solennel et ampoulé, avec sa cérémonie quotidienne de la montée des marches, avec frac et robe de soirée obligatoires, ses projections réservées et très hiérarchisées, aux nombreuses portes fermées.

Deauville est ainsi le seul festival de cinéma à ouvrir au public et aux cinéphiles des projections de films 24 heures sur 24 (!) durant dix jours. Tout un chacun a donc accès à la vision des films de la sélection en et hors compétition, ainsi qu’aux nombreuses rétrospectives et avant-premières qui animent le festival.
 

 

La compétition
Vitrine du cinéma américain en Europe, cette 38e édition du festival de Deauville met cette année quatorze films en compétition, tous inédits en France.
 

La sélection s’ouvre avec « Les Bêtes du sud sauvage » de Benh Zeitlin, lauréat au dernier festival de Sundance et Caméra d’or (récompense pour un premier long métrage) au 65e Festival de Cannes en mai dernier. « Booster » de Matt Ruskin est le premier film de fiction de ce documentariste réputé. « California Solo » de Marshall Lewy voit le retour sur les écrans de Robert Carlyle (« Full Monty ».
 

« Compliance » de Craig Zobel est un thriller social dont la sortie est prévue le 26 septembre en France. « Electric Children » de Rebecca Thomas raconte l’étrange immaculée conception d’une jeune femme mormone découvrant la musique rock.  « For Ellen » de la réalisatrice d’origine sud-coréenne So Yong Kim tourne autour de la paternité et sort en France le 19 septembre.

« God Bless America » de Bobcat Goldthwait fait fortement penser à « Natural Born Killer » d’Oliver Stone. « Francine » de Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky raconte la réinsertion d’une jeune femme dans une bourgade américaine après une peine de prison. « Gimme the loot » d’Adam Leon voit deux jeunes graffeurs de New-York se poser un défi pour s’affirmer.

“Robot and Frank” de Jake Schreier  est une comédie de science-fiction où Frank Langella, en perte de mémoire, voit sa vie bouleversée par la présence d’un robot programmé pour surveiller sa vie bougonne. « Smashed » est signé par le journaliste et auteur de BD James Ponsoldt, avec comme sujet la désintoxication d’une jeune institutrice alcoolique. « The We and the I » poursuit la carrière américaine du Français Michel Gondry qui filme le dernier parcours en bus scolaire d’une bande de lycéens qui ne se reverront jamais.
 

« Una Noche » de Lucy Mulloy met en perspective l’espoir d’un jeune cubain à partir de la Havane pour rejoindre Miami et le rêve américain. « Your Sister’s Sister » de Lynn Shelton  rassemble un homme endeuillé et deux sœurs dont la réunion va les révéler à eux-mêmes.

Le jury
Qui dit compétition, dit jury. Il est composé de neuf membres, exclusivement français, image du regard hexagonal sur le cinéma américain qu’incarne Deauville.

Sandrine Bonnaire
 (MARTIN BUREAU/AFP)
 

Un jury présidé par l’actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire, révélée par Maurice Pialat, icône du cinéma d’auteur, devenue réalisatrice en 2007 pour la télévision avec « Elle s’appelle Sabine » documentaire sur sa sœur autiste, puis pour le cinéma en 2012 avec sa première fiction « J’enrage de son absence ».

Sami Bouajila
 (LOIC VENANCE/AFP)
 

Sami Bouajila est le seul acteur du parterre. Régulièrement à l’écran, au cinéma comme à la télévision, il a laissé sa marque notamment pour sa composition dans « Indigènes » (2006) de Rachid Bouchareb et sa remarquable interprétation d’Omar Radad dans la reconstitution du fameux fait divers par Roschdy Zem, « Omar m’a tuer » (2010).

Clotilde Coureau
 (THOMAS SAMSON/AFP)

Clotilde Coureau, également comédienne, suit aussi une carrière sans discontinuer depuis 1990 et a été particulièrement remarquée dès sa première apparition dans « Le Petit criminel » de Jacques Doillon, « Mon idole » (2002) de Guillaume Cannet, ou « La Môme » (2004) d’Olivier Dahan.

Anaïs Demoustier
 (VALERY HACHE/AFP)
 

On verra à partir du 21 novembre Anaïs Demoustier dans le dernier film réalisé par Claude Miller, « Thérèse Desqueyroux »,  qui a clôturé le dernier Festival de Cannes. Elle était également présente dans le film de Robert Guédiguian, « Les Neiges du Kilimandjaro ».

Alice Taglioni
 (Gaumont / The Kobal Collection / AFP)
 

Révélée en 2002 dans « La Bande du drugstore » (François Armanet), la somptueuse Alice Taglioni tourne trois à quatre films par ans. Elle apparaît notamment dans « Le Cœur des hommes » (2003) de Marc Esposito, « Sans armes, ni haine, ni violence » (2007) de Jean-Paul Rouve et elle était en tête d’affiche dernièrement de « Paris-Manhattan » de Sophie Lellouche.

Christophe Honoré
 (Ekaterina Chesnokova/AFP)
 

Christophe Honoré, réalisateur, a dix longs métrages à son actif, dont son dernier opus « Les Bien-aimés », film de clôture du Festival de Cannes 2011, « Les Chansons d’amour » (2007) et « Dans Paris » (2006). Il est également acteur, scénariste, romancier et metteur en scène de théâtre.

Joann Sfar
 (PATRICK KOVARIK/AFP)
 

Réalisateur, acteur, scénariste, auteur de bande-dessinées, Joann Sfar a été révélé dans le monde de la BD grâce à son « Chat du rabbin » qu’il a adapté en film d’animation en 2009. Mais il a été reconnu au cinéma en réalisant le biopic sur Serge Gainsbourg, « Gainsbourg (vie héroique) », sorti en 2010.

Florent Emilio Siri
 (STEPHANE DE SAKUTIN/AFP)
 

Réalisateur remarqué en 2001 avec un petit thriller efficace, « Nid de guèpes », Florent Emilio Siri a reçu ses lettres de noblesse avec « L’ennemi intime » dans lequel Benoît Magimel et Albert Dupontel interprètent de deux soldats en conflit pendant la guerre d’Algérie. Son remarquable biopic de Claude François, « Cloclo » avec Jérémie Renier, est sorti en mars dernier.

Philippe Découflé
 (THOMAS BREGARDIS/AFP)

Si Philippe Découflé tire sa notoriété de son travail de chorégraphe de metteur en scène de spectacles et de danseur, il est aussi réalisateur de courts et de moyens métrages. Mais on se souvient particulièrement de sa cérémonie d’ouverture des XVIe Jeux Olympiques d’hiver d’Alberville (1992), et de ses chorégraphies pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989.

Quatre femmes, cinq hommes : un jury équilibré en termes de parité, si l’on tient compte du rôle prépondérant de Sandrine Bonnaire comme présidente.

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