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"Les enfants du silence", une pièce qui ouvre "un questionnement magnifique sur l’amour"

Les acteurs de la Comédie-Française jouent "Les Enfants du silence" au Théâtre Antoine, à Paris, jusqu’au 26 février. Cette pièce bilingue est un plaidoyer pour la langue des signes et le droit à la différence 

Article rédigé par Anne Chépeau, Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Les Enfants du silence", avec Françoise Gillard et Laurent Natrella, au Théâtre Antoine à Paris jusqu'au 26 février.  (COSIMO MIRCO MAGLIOCCA / COLL. COMEDIE-FRANÇAISE)

En ce moment et jusqu’au 26 février, la troupe de la Comédie-Française s’installe au Théâtre Antoine, à Paris, avec Les enfants du silence. Cette pièce, qui fut adaptée au cinéma dans les années 80 et dont l’intrigue se déroule dans un institut pour sourds et malentendants, mêle langue parlée et langue des signes.

Une autre façon d'interpréter les mots 

Pour la première fois, elle est jouée par des acteurs entendants. On y trouve, dans les deux rôles principaux, Françoise Gillard, qui incarne Sarah, une ancienne élève sourde devenue femme de ménage à l’institut, et Laurent Natrella, dans la peau de Jacques, un orthophoniste qui tombe amoureux de Sarah et qui veut absolument sortir la jeune femme de son silence. Pour cela, il va tenter d’obtenir le soutien de Denis, un des élèves de l’institut. Pour pouvoir jouer la pièce, les comédiens ont suivi un long apprentissage de la langue des signes avec une difficulté particulière pour Laurent Natrella qui doit traduire en paroles les signes de sa partenaire Françoise Gillard, qui avoue elle-même avoir été déstabilisée par l’utilisation de cette nouvelle langue.

Vous n’utilisez pas votre outil de travail habituel qui est la voix. Tout d’un coup, ça passe par vos mains, par votre corps et par la maîtrise de beaucoup de choses qui vous échappent

Françoise Gillard, qui interprète Sarah

à franceinfo

"Par exemple moi, quand je joue un rôle classique et que j’ai un trou de mémoire, je peux improviser avec le langage. Mais là c’est le blanc total. Je ne sais pas improviser en langue des signes", explique l’actrice.

Savoir vivre ensemble au-delà de la différence

Françoise Gillard ne connaissait pas la langue des signes mais l’univers des sourds lui était en revanche déjà familier. "J’ai une sœur sourde de naissance et donc c’est vraiment un monde que je connais bien, c’est quelque chose qui est très intimement lié à mon histoire. Et donc évidemment ce personnage, c’est ma sœur. Tout ce que j’ai pu lui prendre, les attitudes de sourd, des comportements physiques, des comportements même de caractère", poursuit-elle.

Plaidoyer pour la langue des signes écrit à la fin des années 70 par l’Américain Mark Medoff, Les enfants du silence, au-delà du difficile dialogue entre personnes intendantes et sourdes, pose aussi la question de la différence et de ce "savoir-vivre" au-delà de cette différence, explique Laurent Natrella. "Qu’est-ce que cela veut dire dans le couple accepter une telle différence ? La pièce ouvre un questionnement magnifique sur l’amour. Je crois que c’est une pièce qui parle d’amour", résume l’acteur. Une histoire d’amour qui permet aussi à la langue des signes de faire son entrée au répertoire de la Comédie-Française.

Théâtre. Les enfants du silence, une pièce qui ouvre "un questionnement magnifique sur l’amour". Le reportage d'Anne Chépeau

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