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Jeux Vidéo. "Little Nightmares" : cauchemars d’une nuit d’été

Sorti cet été, "Little Nightmares", petit bijou graphique du studio Tarsier (Little Big Planet), vient hanter nos nuits de son atmosphère glauque et onirique à la fois. Une petite fille apeurée, un navire titanesque plein d’embuches et de surprises, des êtres difformes et malsains tout droit sortis de nos plus affreux cauchemars : Il y a du Tim Burton dans cet univers, du Jean-Pierre Jeunet aussi.
Article rédigé par franceinfo - Manu Font
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Une scène de "Little Nightmares"
 (Bandaï Nightmares)


Dans Little Nightmares, vous incarnez Six, une petite fille en ciré jaune qui s’éveille d’un cauchemar au fond de la cale d’un bateau. La démarche  hésitante, elle chancèle plus qu’elle n’avance, trébuchant au milieu d’un roulis incessant. Seule la lueur tremblotante d’un briquet lui permet d’entrevoir son environnement. Dès les premiers pas, l’ambiance oppressante de cette prison flottante assaille les sens. Tôle rouillée, eau qui suinte, course de rats… Pas besoin de long discours pour comprendre ce qu’il faut faire, on n’a qu’une seule envie : sortir !

  (Bandaï Namco)

L'antre de la folie

Vous n’aurez de toute façon pas plus d’explications. Il n’y a pas de dialogues, rien à comprendre mais beaucoup à ressentir : La douleur, la peur, la faim (pas toujours quand on le voudrait). La fuite est votre seule quête et elle n’est pas simple. Se cacher, grimper, sauter, attraper maladroitement de petits objets sont vos seules armes contre un navire sournois qui cherche par tous les moyens à vous occire. Ramper dans un tunnel puis escalader des escaliers cyclopéens vous rendent tour à tour claustrophobe puis agoraphobe. La caméra accompagne l’action par des travellings qui donnent un aperçu du gigantisme des décors et nous ramènent à l’état d’une souris échappée d’un laboratoire démoniaque.

Cauchemar en cuisine

Au milieu de cette arche à la beauté onirique, les scènes s’enchainent, toujours plus glauques, plus malsaines. Il faut échapper aux être contrefaits, aux limaces poisseuses, au couple de cuistot à l’hygiène douteuse. Mais le titre ne manque pas d’humour (noir forcément). Parfois, pour réussir, il faut penser de façon salace ou morbide, comme les habitants de ce sinistre paquebot. La mort survient régulièrement, quelquefois drôle, le plus souvent atroce et on se surprend à murmurer : « Non ! Pas ça, pas ça… ». A chaque fois Six est ramenée en arrière pour se réveiller en sursaut et recommencer à trembler.

L'ambiance sonore : "une tuerie" ! 

Dans cet univers dépourvu de dialogues, le son prend de l’ampleur. Grincements, cris lointains, moteurs assourdis, le bateau devient une créature vivante qui suinte l’angoisse et la détresse. L’excellent bande son accompagne cet élan morbide et entretient un sentiment continu de peur larvée. Chaque bruit devient une promesse de danger et il faut souvent être à l’écoute pour espérer survivre.

Jouer à se faire peur

Le jeu alterne agréablement exploration, réflexion et course-poursuite. Les mécanismes sont variés et évoluent au fil du temps. Sans être extrêmement difficile, l’aventure nécessite quand même un peu de matière grise. Compter 4 à 5 heures de sueurs froides pour accéder à l’ultime étape et enfin découvrir quelques réponses. 

Poe, Burton, Jeunet et... Miyazaki

Little Nightmares est avant tout un univers à conseiller aux amateurs d’Edgar Alan Poe, qui aiment jouer à se faire peur. On apprécie le travail du studio Tarsier (Little Big Planet) avec une esthétique proche de Tim Burton et de Jeunet. On peut même y croiser un clin d’œil à Hayao Miyazaki dans sa vision des démons japonais toujours affamés; mais Six n’est pas la petite Chihiro et son voyage n’a rien d’une promenade de santé.
Pour ceux qui ne veulent pas se réveiller, une extension est déjà disponible en DLC (à télécharger) : Secrets of the Maws. Il faudra cette fois-ci aider un garçon à s’échapper d’un bateau-prison.
 

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