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James Bond ou 50 ans de bandes (très) originales

Pas de 007 sans femmes. Pas non plus sans gadgets. Encore moins sans musique. La BO fait partie de l'identité de chaque James Bond, au point d'être parfois plus connue que l'intrigue. A l'occasion des 50 ans de la série sur grand écran, passage en revue de quelques uns de ces génériques devenus cultes.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
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Ce fut l'un des objets d'étude d'un très sérieux "colloque international James Bond (2)007" organisé à Paris : les génériques d'ouverture de la fameuse saga des 007, témoignages des us graphiques de chaque époque (comme le constate le blog d'explorations graphiques et ludiques d'Etienne Mineur) mais aussi des canons musicaux du moment.

Recette élaborée par les producteurs Broccoli et Saltzmann et 22 fois éprouvée : un son moderne, une composition musclée (qui "parle aux hommes ", dit un article du Wall Street Journal ), une voix connue et donc identifiable, et le succès est garanti. De Shirley Bassey à Tina Turner, en passant par Paul McCartney, Duran Duran ou Garbage, ils sont nombreux à avoir propulsé les BO de Bond en tête des charts. 

James Bond 007 contre Dr. No ou le thème original Ce premier James Bond de 1962 est fondateur. Tout y est déjà : la silhouette de l'agent-secret apparaissant en caméra subjective dans le canon d'un revolver, scène posée sur le thème musical qui deviendra la marque de fabrique de la série. Un morceau créé par le Britannique Monty Norman - qui depuis cette date touche des royalties dès que sort un nouvel épisode - et orchestré et arrangé par John Barry, premier mari de Jane Birkin (il orchestrera d'ailleurs 10 autres BO de Bond). Ce thème récurrent, surnommé James Bond thème, est indissociable de la série, présent comme un gimmick dans au moins une scène de chaque épisode. 

Générique de James Bond 007 - Dr. No 1962 © infanf

Dans le film suivant, Bons baisers de Russie , en 1963, le générique d'ouverture, toujours signé John Barry, sera encore un thème strictement instrumental. Une exception avec Dr. No  et Au service de sa majesté.   

Goldfinger et Shirley Bassey, un classique C'est avec ce film, troisième de la série, que les génériques de Bond deviennent synonymes d'airs à succès. Cette année-là, en 1964, les producteurs engagent Shirley Bassey, déjà en tête des hit-parades britanniques, pour interpréter la chanson du film. Le tabac est tel que la chanteuse devient mondialement connue et que les producteurs en redemandent. C'est encore sa voix puissante et chaude qui sera au générique des Diamants sont éternels  en 1971 puis de Moonraker . C'est d'ailleurs la seule à chanter trois titres pour l'agent 007. 

Opération tonnerre,  ou le style crooner Encore plus grandiloquent que le précédent, Opération tonnerre s'offre la voix grave et puissante du crooner Tom Jones, sur fond de naïades et plongeurs en ombre chinoise. On y reconnaît quelques notes du James Bond thème. Pour l'anecdote, le titre aurait été composé par John Barry en une seule nuit. C'est pourtant une autre chanson qui était prévue au départ, intitulée Mr Kiss Kiss Bang Bang , comme l'un des surnoms donnés à Bond par la presse de l'époque. 

Suivront des génériques chantés par des grands noms comme Nancy Sinatra dans On ne vit que deux fois  en 1967, l'un des beaux titres de la série, selon le site jamesbond-fr.com ou Louis Amstrong dans Au service secret de sa majesté, qui interprète un générique (de fin) blues, le plus atypique de la série, en 1969.

Vivre et laisser mourir de McCartney, un vrai tube On en oublierait presque qu'il s'agit du générique d'un film. Live and Let Die, composé et interprété par Paul et Linda McCartney, fait un carton dès sa sortie en 1974. C'est un tournant dans la série des Bond : nouvel acteur, Roger Moore, et nouveau compositeur. C'est la première fois que John Barry ne signe pas la BO, il est remplacé -logique- par le producteur des Beatles, George Martin. La chanson sera nominée aux Oscars.

On passera très vite en revanche sur les titres suivants, aujourd'hui totalement datés mais au succès garanti à l'heure de leur sortie. "Nobody Does It Better" de  Carly Simon, dans L'espion qui m'aimait , en 1977, nominé aussi pour l'Oscar de la meilleure chanson de film, comme 4 ans plus tard, l'interprétation de Rien que pour vos yeux  par Sheena Easton, dont il existe une version bis (rejetée par les producteurs) par Blondie

James Bond version 80, par Duran Duran ou A-ha C'est le James Bond Hit qui va connaître le plus gros succès : "A view to a kill " de Duran Duran en 1985, dans Dangereusement vôtre . Le seul à atteindre la tête des ventes de singles aux USA. Et pour cause, c'est le premier morceau des 007 formaté pour la FM et le premier encore dont un clip est diffusé sur MTV. 

Dans la même veine, A-Ha interprète le générique de Tuer n'est pas jouer en 1987, premier Bond joué par Timothy Dalton.  

Licence to kill , ou la soul de Gladys Knight Ce titre de 1989 signe la fin d'une époque. Sauf rares exceptions, c'est John Barry qui jusque là était aux manettes de la bande originale des Bond. Il passe la main. Et pourtant, le générique interprété par la chanteuse américaine Gladys Knight fait encore un carton. Il fait partie des dix meilleures ventes de l'année en Grande-Bretagne.

Goldeneye de Tina Turner, des airs de Goldfinger C'est encore un des génériques marquants de la série : la tonitruante Tina Turner sonne l'entrée de Pierce Brosnan dans le costume de l'agent secret, en interprétant Goldeneye , titre éponyme, écrit par Bono et The Edge. "Le reste de la BO [signée Eric Serra] est brouillonne ", selon le spécialiste de 007, Guillaume Evin. Mais "les envolées de Tina Turner que n'aurait pas reniées Shirley Bassey " restent dans les annales. 

Le générique suivant, Demain ne meurt jamais  interprété par Sheryl Crow, est par comparaison bien moins captivant, pourtant il est nominé aux Golden Globes. Ce titre marque aussi l'entrée en service du second compositeur phare (après John Barry) des bandes originales bondiennes, David Arnold, qui les signera toutes jusqu'à Skyfall

S'ensuit le générique du Monde ne suffit pas signé par le groupe Garbage. Lascif, moderne, mais à l'orchestration résolument fidèle à l'ambiance musicale des précédents opus. 

Quand James Bond rencontre Madonna Rien à voir avec les Bond précédents. Le générique de Meurs un autre jour , confié à la star mondiale Madonna, casse les codes du genre à l'occasion du 40e anniversaire de la série et du vingtième film officiel de 007. C'est le premier titre électro... et le énième succès. 

Guitares rocks sous l'ère Craig Encore un nouveau Bond : Daniel Craig. Et un retour aux fondamentaux : l'adaptation du premier manuscrit de Ian Fleming. Résultat : Casino Royal en 2006 est considéré comme l'un des James Bond les plus réussis. Il fallait donc une BO à la hauteur. Pari rock réussi, toujours sous la houlette de David Arnold. Le titre générique "You know my name ", parfaitement raccord avec le film, est interprété par Chris Cornell. 

Dans Quantum of solace en 2008, l'ambiance rock demeure avec guitares électriques, basse et grosse batterie. Le générique est interprété par Alicia Keys et Jack White.

Last but not least : la BO de Skyfall , signée Adele La recette diablement efficace des premiers producteurs des Bond se double d'une stratégie marketing implacable. En témoigne le suspense savament entretenu autour du générique du dernier Bond dont la sortie est prévu le 26 octobre 2012.

Dès le 18 septembre, le nom de l'interprète était lâché : la star britannique Adele. Le 1er octobre, il était confirmé. Le 2, un extrait de 90 secondes de la chanson était mis en ligne. Enfin ce vendredi 5 octobre, le morceau a été dévoilé dans son intégralité sur internet à 0h07 -évidemment- heure de Londres, soit 1h07 heure de Paris, sur le compte Youtube d'Adele. Enjoy !

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