"Helmut Newton, l’Effronté" : 5 faits marquants relevés dans le documentaire sur la vie du photographe controversé
Dans les salles depuis le 14 juillet, réalisé par Gero Von Boehm, "Helmut Newton, l’effronté" retrace le parcours de ce photographe influent des années 70, à travers des images d’archives et des témoignages de ses modèles.
Décédé en 2004 dans un accident de voiture à Los Angeles, Helmut Newton a marqué les années 70 avec ses photographies à la fois provocantes et sensuelles. Le photographe berlinois s’amuse à travailler le nu pour des grands magazines de mode tels que Vogue, Vanity Fair et Harper's Bazaar. De sa série Naked and Dressed, aux portraits de Grace Jones ou Claudia Schiffer, Helmut Newton signe des œuvres en noir et blanc de femmes puissantes et triomphantes, aussi controversées qu’adulées.
Dans Helmut Newton, l’Effronté, c’est cette fois au tour de ces modèles féminins, passées devant l’objectif du célèbre photographe, de tirer le portrait de ce "voyeur professionnel". Entre vie privée et professionnelle, voici 5 choses que vous ne savez peut-être pas sur Helmut Newton.
1Il passe son enfance dans l’Allemagne nazie
Né d’un père juif fabricant de boutons et d’une mère américaine, le jeune Helmut Newton se passionne dès son plus jeune âge pour la photographie. A 12 ans, il s’offre sur un coup de tête son premier appareil photo, un Kodak Brownie, avec lequel il réalise sa première photographie : une vue de la Funkturm, la tour de radio de Berlin.
Mais en 1920, le régime Nazi et les lois de Nuremberg viennent chambouler la vie d’Helmut et de sa famille. Très vite, le jeune garçon se retrouve assailli par les images de propagande, notamment les photographies de Leni Riefenstahl qui ont influé, contre son gré, son jeune esprit. "Quand j’ai eu treize ans, Hitler est arrivé au pouvoir et très vite j’ai été submergé par l’esthétique nazie. Il n’existait rien d’autre. […] J’étais un enfant fou d’images qui voulait toujours en voir plus et je n’étais entouré que de cette imagerie nazie, avec toute la glorification autour d’eux", confie-t-il dans une interview.
Tout le paradoxe du travail d’Helmut Newton se cache dans cette influence inconsciente d’un régime que le jeune juif a du fuir très jeune.
2Il a commencé la photographie comme stagiaire dans le studio d’Yva
Peu intéressé par les études, le jeune Helmut quitte le lycée à 16 ans pour devenir apprenti dans le studio d'Yva (Else Neulander-Simon). Cette photographe berlinoise est l’une des premières à faire appel à des modèles vivants dans ses clichés de mode. Elle est également connue pour son travail sur le portrait et le nu. A ses côtés, Helmut Newton va se former et acquérir l’essentiel de sa technique. "J’ai appris à apprécier chaque centimètre de la pellicule au lieu de juste apprendre à appuyer sur un bouton et à faire les choses mécaniquement avec un appareil automatique", dévoile-t-il dans le documentaire.
En 1938, Yva est contrainte de fermer les portes de son studio sous la pression du régime nazi. Elle sera envoyée en camp de concentration et exécutée. Helmut Newton quitte Berlin mais le style et la technique qu'il y aura appris l'accompagneront tout au long de sa carrière.
3Il fuit Berlin et ne reverra plus jamais ses parents
Face à la pression de l'occupation nazi, le jeune juif allemand, de son vrai nom Helmut Neustädter, doit quitter Berlin en décembre 1938. À 18 ans, il décide de prendre le train direction Trieste pour rejoindre la Chine en bateau. Ses parents, eux, s'exileront en Amérique du Sud. Il ne les reverra jamais.
Mais Helmut Newton n'arrivera pas jusqu'en Chine. Il restera à Singapour où il devient photographe pour le quotidien Strait Times. Intercepté par les autorités britanniques, Helmut Newton est envoyé en Australie en 1940 où il s'engagera dans l'armée comme chauffeur de poids lourds. Après la guerre, en 1945, il obtient la nationnalité australienne et change son nom en Newton l'année suivante.
4Beaucoup de ses clichés ont créé la controverse
Dans les années 1960, Helmut Newton s'installe à Paris et travaille comme photographe indépendant. Il réalise de nombreux clichés pour les magazines de mode, notamment pour Vogue. La photographie de mode lui offre un terrain de jeu pour imposer son style, casser les codes et les tabous. Helmut créé la "femme Newton", un personnage féminin puissant qu'il s'amuse à mettre en scène. Souvent érotiques et provocantes, ses images ont souvent choqué mais lui ont valu une reconnaissance internationale.
En 1978, le magazine allemand Stern fait sa une avec une photographie de Grace Jones prise par Helmut Newton lors d'un reportage sur le club Studio 54 de New York. Celle-ci fait scandale et pour cause, Grace Jones y est representée nue, souriante face à l’objectif de Newton, ses pieds enchainés. À l’époque, la journaliste et féministe allemande Alice Schwarzer réunit un large groupe de femmes et porte plainte contre le magazine.
Helmut Newton, l’Effronté revient sur ces nombreuses polémiques en donnant uniquement la parole aux modèles féminins présentes sur les clichés. "J'ai considéré que c'était à travers ces femmes qu'il fallait raconter l'histoire d'Helmut Newton. [...] Tout le monde peut bien penser ce qu'il veut des photographies d'Helmut Newton, mais elles sont là et elles existent. Dans beaucoup de ses images on peut surtout voir à quel point les femmes sont fortes et ont confiance en elles", explique le réalisateur Gero Von Boehm.
5Il entretenait une relation fusionnelle avec sa femme June
Helmut Newton cultivait un mythe autour de son personnage. Toujours entouré de femmes, toutes plus jolies les unes que les autres, beaucoup attribuait au photographe australien l'étiquette de coureur de jupons. Mais la seule femme qui comptait dans sa vie, Helmut Newton la rencontre lors de son séjour en Australie. Actrice et photographe sous le pseudonyme Alice Springs, June Brown épousera Helmut Newton en 1948. Elle devient la muse, la conseillière et la confidente d'Helmut. Une relation fusionnelle qu'ils décident d'illustrer par une série de photos, que l'on retrouve notamment dans l'ouvrage Us and Them.
Décédée en avril 2021, June Newton sera la dernière personne à photographier son mari, dans son lit d'hôpital, quelques minutes avant sa mort des suites d'un accident de voiture en 2004 à Los Angeles.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.