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Pourquoi Aurélie Filippetti a posé un lapin à Google

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti s'est désistée. Elle a été remplacée au pied levé par sa collègue du numérique Fleur Pellerin. En toile de fond, les négociations avec le géant américain.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Amit Sood, le directeur de l'Institut culturel de Google, le 10 décembre 2013, à Paris pour l'inauguration du Lab. ( JACKY NAEGELEN / REUTERS)

Entre Aurélie Filippetti et Google, l'heure n'est toujours pas à l'apaisement. Mardi 10 décembre, le lancement du Lab de l'Institut culturel de Google à Paris a tourné à la cacophonie gouvernementale. La ministre de la Culture a boycotté l'inauguration de ce lieu de rencontre entre les acteurs de la culture du monde entier et les ingénieurs de Google. Le géant américain d'internet s'en est offusqué. Et la ministre a été remplacée au pied levé par sa collègue du numérique Fleur Pellerin. Explications de cet incident diplomatique. 

Acte 1 : Filippetti affiche sa fermeté dans les négociations

Aurélie Filippetti a fait sensation. Elle a annulé, au dernier moment et par surprise, sa venue à l'inauguration du Lab, mardi en fin d'après-midi, en présence de Vint Cerf, le vice-président de Google. Motif ? "Malgré la qualité du projet de l'Institut culturel de Google, la ministre ne souhaite pas servir de caution" au groupe américain, a expliqué son cabinet.

Google "n'a pas donné de réponse à un certain nombre de questions qui restent à traiter", argue encore le cabinet de la ministre. Aurélie Filippetti attend ainsi que "Google s'engage plus résolument sur plusieurs sujets". Notamment sur l'optimisation fiscale pratiquée par Google, la protection des données personnelles, la protection de la diversité culturelle ainsi que la lutte contre le piratage.

Acte 2 : Google se dit "surpris" et "déçu"

Personne chez Google n'a vu venir ce désistement. Interrogé par Public Sénat, Vint Cerf s'est dit "très déçu". Quant à Nick Leeder, le directeur général de Google France, il s'est déclaré "surpris", dans un court communiqué.

Car à travers ce projet de Lab, Google espère faire montre de sa bonne volonté face aux acteurs de la culture et aux autorités françaises. Le géant américain a en effet lancé son projet d'Institut culturel dans la capitale en 2011, avec une plate-forme internet, censée rendre accessible au grand public des œuvres du monde entier.

Avec son Lab, le groupe a franchi une nouvelle étape. Il ouvre un atelier de 340 mètres carrés, au sein de ses locaux dans le 9e arrondissement, et offre des outils technologiques de pointe. Il entend notamment accueillir des séminaires, des ateliers et des artistes en résidence.

Acte 3 : l'Elysée et Matignon tentent d'arrondir les angles

Signe de la portée politique de la décision d'Aurélie Filippetti, l'Elysée et Matignon ont réagi. Face à ce désistement inopiné, ils ont demandé à Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique, de se rendre à l'inauguration du Lab, selon une source proche du dossier.

"La ministre de la Culture a raison de défendre les auteurs et les producteurs de contenus face à Google", a estimé cette source. "Mais cette défense légitime ne doit pas empêcher le gouvernement d'être présent à l'inauguration", a-t-elle tempéré. Et cela "ne retire rien aux divergences importantes sur différents dossiers entre la France et Google".

En assistant à l'inauguration du Lab, "Fleur Pellerin vient saluer une décision positive pour l'économie française et l'image de la France", a indiqué le cabinet de la ministre déléguée. "Il n'en demeure pas moins qu'elle porte un dialogue ferme et exigeant avec les géants de l'internet sur différents dossiers", a souligné le cabinet de Fleur Pellerin.

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