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Vidéo Woodstock, 50 ans après : "J'ai découvert une autre Amérique", se souvient un Français

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par Grégory Philipps, franceinfo
Radio France

Il y a 50 ans, le festival de Woodstock réunissait près d'un demi-million de personnes. Parmi les spectateurs, Francis Dumaurier, 22 ans à l'époque. Arrivé trois jours plus tôt aux États-Unis, il se souvient encore de ce moment unique.

Il a aujourd’hui 72 ans et paraît très ému face à ce champ de Bethel Woods, dans l'État de New York, cette colline en haut de laquelle se trouve désormais un petit monument dédié à la paix et à la musique. Il y a cinquante ans, quand Woodstock débute, Francis Dumaurier entend parler de ce festival alors qu'il est aux États-Unis depuis seulement trois jours. "C’était mon tout premier voyage en Amérique, se souvient-t-il. Avec un copain, on venait explorer le pays du blues et du rock. On est à New York, et là tout le monde parle de ce festival, Woodstock. Alors on demande à un ami américain de nous trouver des billets." 

Les amis trouvent des tickets à 18 dollars pour trois jours. Ils roulent depuis l'État de New York dans une Mustang blanche décapotable, se souvient Francis. "À l’approche de Bethel, l'autoroute est bloquée, poursuit-il. Trop de monde. Trop de voitures. Plus personne ne peut avancer. Nous avons marché pendant plusieurs kilomètres. Et nous sommes arrivés sur cette route-là. Les habitants étaient très sympas : ils nous distribuaient de l'eau, du lait, du biscuit, tout en nous demandant de ne pas faire les fous, et de bien nous comporter. On a suivi la foule, un peu comme des fourmis."

Des hélicoptères pour amener les musiciens

Francis arrive alors au milieu d'une marée humaine : "On devait passer par des tourniquets pour donner nos billets. Mais quand je suis arrivé, le samedi vers 11 heures du matin, ils ne prenaient plus les billets". Les organisateurs sont débordés, le festival attire dix fois plus de spectateurs que prévu. "Très vite, c'est devenu gratuit, avant même l'annonce officielle", se souvient-il.

Le festival de Woodstock attire finalement près de 500 000 spectateurs, provoquant de nombreux embouteillages, raconte Francis : "Personne ne pouvait venir en voiture. Les routes étaient bloquées dès le vendredi soir." Les organisateurs font alors appel aux hélicoptères pour amener les musiciens et pour venir en aide aux festivaliers.

Ils sont venus avec des médecins pour monter des tentes médicales, afin de soigner ceux qui se blessaient et surtout ceux qui avaient pris du LSD de mauvaise qualité.

Francis

à franceinfo

"Je regardais cette colline, pleine de gens face à l'énorme scène, et les tours sur lesquelles se trouvaient les haut-parleurs, décrit-il. Tout le monde souriait, tout le monde semblait bien. Et j'ai eu l’impression d’arriver chez moi, dans un autre monde où moi aussi je me sentais bien" Francis Dumaurier passe trois jours à écouter les artistes et groupes qu'il vénère à l’époque : Carlos Santana, The Who, Ten Years After, Jimi Hendrix, et Janis Joplin notamment. 

L'événement culturel de toute une génération

"Je me souviendrai toujours de Canned Heat le samedi soir, se rappelle-t-il. Leur boogie était incroyable, les solos de guitare interminables. Et tout le monde pétait le feu avec cette musique, en paix, en harmonie, heureux d’être là. C'est vraiment inoubliable. Pareil pour Joe Cocker. Sa prestation était extraordinaire mais elle a été interrompue par un orage incroyable. Et puis Jimi Hendrix qui clôt le festival. Mais quand il monte sur scène, les trois quarts des spectateurs sont en train de partir. Et le champ n’est plus qu'une poubelle, de boue et de détritus. Et qu'il fallait nettoyer !"

C’est vrai que la musique était fantastique. Mais ce qui a compté, c'est aussi et surtout l'atmosphère qui régnait entre nous. Certains prenaient des drogues, mais c'était loin d'être tout le monde. Dans mon souvenir, tout ceci était très calme et harmonieux.

Francis

Woodstock va changer la vie du jeune homme. Francis rentrera brièvement en France pour y terminer ses études, mais reviendra très vite aux États-Unis, où il vit depuis 42 ans, à Manhattan. "Pour moi, ce festival a été une porte, explique-t-il. Ça m'a ouvert les yeux et aussi donné accès à un univers. J'ai découvert une autre Amérique, que j'ai immédiatement adorée. Je pense que tout ceci a eu un vrai impact sur ma génération. C'est le premier gros événement qui a marqué la cassure qu'il y avait avec la génération précédente."

Pour ce cinquantième anniversaire, Francis a tenu à revenir à Bethel, "upstate New York", comme disent les Américains. Il y a retrouvé d'autres vétérans, qui eux aussi étaient là ce week-end d’août 1969. Et tous se tombent dans les bras, partageant souvenirs et anecdotes. Francis a même écrit une chanson pour l’occasion, dont le refrain dit combien "il est heureux d’avoir été présent à Woodstock, combien il est heureux d’être arrivé à temps" pour assister à ces trois jours de paix et de musique.

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