Paroles de Conteurs, il était une fois un festival au bord d'un lac en Limousin
Balades contées, apéros contes, siestes contées, veillées spectacles... Il suffit de lire les intitulés des rendez-vous quotidiens pour se faire une idée de l’ambiance qui règne dans ce festival. Ici, le temps semble s’être arrêté pour laisser les mots se dérouler librement, au rythme que chaque conteuse et conteur lui dédie.
Pour cette 28e édition, soixante artistes francophones de toutes origines vont se produire jusqu'au 24 août sur la plage d’Auphelle au bord du lac de Vassivières (à l’Est de Limoges), un des plus grands lacs artificiels de France, à cheval sur les départements de la Creuse et de la Haute Vienne. Ici, il y en a pour tous les goûts et tous les âges, en familles ou non. Pour leur permettre de profiter du festival sans vider leur porte-monnaie, de nombreux spectacles sont gratuits, une soixantaine sur les quatre-vingts programmés cette année.
Une histoire de barrage
La création de ce festival désormais connu dans le monde entier pourrait faire l’objet d’un conte. Un conte moderne qui raconterait comment dans la France des années 50, de nombreux barrages sont nés pour répondre aux besoins croissants en électricité. Celui de Vassivières fut mis en eau la veille de Noël 1950, engloutissant huit villages dont celui qui lui a donné son nom. Une réserve de 1000 hectares et 106 millions de m3 d’eau a ainsi vu le jour.
Quel est le lien avec le festival ? En 1995, EDF demande aux responsables locaux de trouver une idée pour animer la période de vidange du lac, alors que l'opération révèle des vestiges sous l’eau. L'objectif est de faire perdurer la saison touristique après la deuxième quinzaine d’août. Le directeur de l’office du tourisme était à l’époque Jean-Louis Bordier. C’est lui qui décide de créer le 1er festival du conte à Vassivière, avec moins d'une dizaine de conteurs conteuses à l'affiche. Le succès est immédiat et l'aventure se poursuit depuis toutes ces années avec l’association Contes en Creuse.
Tradition orale
Pour Jean-Louis Bordier, ce territoire était fait pour accueillir un tel festival. "La Creuse, c’est une terre pauvre raconte-t-il dans une interview donnée en 2013 à Montréal durant le Festival interculturel du conte du Québec. Les gens allaient chercher du travail hors du département. C’est les fameux maçons de la Creuse qui ont bâti Paris. Ils revenaient au pays l’hiver, riches des expériences vécues en ville. Ça, ajouté aux traditions de veillées partagées, fait qu’il y a des racines autour de l’oralité dans ce pays. C’est pour ça que ce festival a trouvé son ancrage dans ce territoire de tradition orale".
Moins poétiques que les mots, les chiffres semblent lui donner raison. En 2022, le festival a attiré 12 000 spectateurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.