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Guillaume Canet va y tourner son Astérix : une ancienne base aérienne de l'Essonne, future Hollywood à la française ?

L'ancienne base aérienne 217 du Plessis-Paté a été transformée en immense studio de cinéma en plein air. Ce site unique en France est en plein développement.

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Les "faux" pieds de la Tour Eiffel construits pour le tournage du long-métrage Eiffel de  Martin Bourboulon. (M. Tafnil / France Télévisions)

Est-ce un nouvel Hollywood qui est en train de se développer à 20 km de Paris, dans l'Essone, au Plessis-Pâté, sur l'ancienne base aérienne 217 ? Depuis 2018, ce site de 300 hectares a déjà accueilli plusieurs tournages de longs métrages dont L'empereur de Paris en 2018 (avec Vincent Cassel) mais aussi Eiffel de Martin Bourboulon avec Romain Duris (sortie en 2021) et bientôt  le nouvel opus des aventures d'Astérix réalisé par Guillaume Canet.

Le nom de ce site : Backlot 217. En langage cinématographique, un backlot est une zone adjacente au studio de cinéma, où une production peut construire des décors et les stocker.

Studio de cinéma sur ancienne base aérienne
Studio de cinéma sur ancienne base aérienne Studio de cinéma sur ancienne base aérienne

De l'espace et peu de contraintes

Les 300 hectares appartiennent à Cœur d'Essonne agglomération. Sur cette immensité, le groupe TSF (leader français de la location de matériel et de moyens techniques pour le cinéma et la télévision) occupe 19 ha qui comprennent désormais 4 bâtiments d'un total de 5 000 m2 dédiés aux tournages et aux métiers du cinéma (bureaux de production, loges d'artistes, stockage d'accessoires, cantines...) et à la construction de décors (menuiserie, peinture, montage).

Les studios de Plessis-Pâté peuvent accueillir des ateliers de construction de décors. (TSF - Backlot 217)

On trouve aussi des rues avec de vrais pavés, des façades, et une piste de décollage de 2 km de long, idéale pour répéter ou filmer les cascades voitures sans gêner personne ! 

Nous n'avons pas les nuisances de la vie urbaine et nous ne procurons pas de gêne aux riverains

Thierry de Segonzac

Directeur du Backlot 217

Vue aérienne du site Backlost 217. (M. Tafnil / France Télévisions)

Pression foncière

Ici, pas de contraintes liées à la présence de tours ou de poteaux électriques qui pourraient apparaître dans les champs de vision. De tels espaces sont rares, surtout dans cette région où la pression foncière est énorme. On mesure mieux l'enjeu quand on sait que dans l'Essone, le prix du foncier a été multiplié par cinq en douze ans...

En France, nous n'avons pas aujourd'hui de studios de très très grande taille. La pression foncière est telle en région parisienne que c'est quasi impossible économiquement de construire ces plateaux. Ici, nous allons pouvoir le faire, avec des plateaux de 2000 à 4000 m².

Thierry de Ségonzac

Directeur du Backlot 217

Optimiser les tournages

Avec un tel espace, la France peut donc jouer une vraie carte pour offrir la possibilité aux réalisateurs de tourner un maximum de scènes sur le même lieu. La plupart du temps, les tournages sont obligés de faire partir leurs équipes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou dans les pays de l'Est.

Ce fut le cas pour le 6e volet de Mission Impossible tourné en mai 2017 à Paris. "Nous savons que si le backlot avait été opérationnel, ils auraient choisi de rester plusieurs mois ici" confiait Thierry de Segonzac au Parisien en mars 2018. "Déplacer plus de 250 techniciens, c'est toute une affaire. S'ils avaient pu concentrer en France la réalisation de plusieurs séquences, ils ne s'en seraient pas privés".

D'où le projet validé de construire 7 studios intérieurs sur le site du Plessis-Pâté. Ils  vont permettre d'être moins tributaire de la météo et d'accueillir des tournages à l'année, notamment pour les séries.

Un enjeu pour la production

La France ne manque pas de studios de tournage : La Victorine à Nice, La Belle de Mai à Marseille (où se tourne la série de France 3 Plus Belle la Vie), le Studio  d'Epinay, mais aussi depuis 2012 La Cité du cinéma de Luc Besson à Saint-Denis (momentanément  indisponible car elle accueille le village olympique des JO de 2024) et puis les historiques studios de Bry-sur-Marne à l'Est de Paris. Avec huit plateaux et une surface de 20 000 m², ils sont parmi les plus grands studios de France. Leur avenir a été longtemps menacé : un projet immobilier a failli les faire disparaître complètement et il a fallu une grosse mobilisation pour les sauver

La pérennité et le développement des studios de tournage reste un enjeu en France. Notre pays est le premier pays européen en termes de production d'images. Mais comme le rappelle le chef décorateur Bertrand Seitz, "beaucoup de studios français n'ont pas de surface assez importante pour accueillir de grosses productions."  Et de rappeler que "pour 1 mètre carré de tournage il faut prévoir 3 mètres carrés supplémentaires" pour stocker les éléments de tournage. 

La carlingue de cet A 300 a été transportée en janvier 2019 de l'aérodrome de Villaroche en Seine-et-Marne vers le Backlot 217 du Plessis-Pâté.
 (M. Tafnil / France Télévisions)

Stocker de gros décors 

D'où la carte à jouer pour le Backlot 217 du Plessis-Pâté. La place, ce n'est pas ce qui manque ici. La preuve, le site a conservé deux décors d'envergure : les pieds de la Tour Eiffel utilisé pour le tournage de Eiffel (un biopic signé Martin Bourboulon qui relate la construction de la célèbre dame de fer) et la carlingue d'un ancien avion de ligne, un A 300 qui a servi aux tournages des films L'Assaut, Hollywoo, Low Cost et Débarquement immédiat. Valérie Lemercier y a déjà tourné les scènes de son prochain biopic sur Céline Dion. 

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