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De la comédie au fantastique, découvrez notre sélection de films pour passer le temps pendant le confinement (5)

Les cinémas fermés, les sorties restreintes, il est possible de trouver tous les films, ou presque, en VOD et DVD. Nous vous suggérons une cinquième sélection d'oeuvres impérissables. 

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 22min
Jim Carey dans "Le dôle Noël de Scrooge" de Robert Zameckis. (Walt Disney Studios Motion Pictures France)

Coronavirus oblige, les sorties sont réduites, les cinémas fermés et les rayons DVD bouclés. Pour la famille et les cinéphiles, voici notre cinquième sélection triée sur le volet pour prendre le large. Chaque mercredi, retrouvez nos recommandations, tous genres confondus : familial, aventure, comédie, western, polar/thriller, fantastique/science-fiction, drame, guerre, et patrimoine. Pour voir notre première sélection cliquez ici, la deuxième, la troisième, la quatrième.

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Plateformes de streaming et box donnent accès aux films par paiement, ou gratuitement durant cette période de confinement. Parmi elles, LaCinétek, la cinémathèque des réalisateurs, tous pays confondus, en partenariat avec le CNC. Olivier Assayas, Jacques Audiard, Bong Joon-ho, Laurent Cantet, Costa-Gavras, Arnaud Desplechin, Jacques Doillon, Pascale Ferran, Christophe Gans, James Gray, Michel Hazanavicius, Jean-Pierre Jeunet, Cedric Klapisch, Hirokazu Kore-Eda, Patricia Mazuy, Lynne Ramsay, Ira Sachs, Céline Sciamma, Bertrand Tavernier, Agnès Varda… sont de bon conseil.

Nombre de films de notre sélection sont disponibles sur LaCinétek, et tous sont accessibles en VOD sur les sites dédiés.

Si vous cherchez un film familial

Le drôle Noël de Scrooge fait appel en 2009 aux plus récentes innovations d’animation numérique. Robert Zemeckis (Forrest Gump), féru de technologies nouvelles, utilise la "motion Capture". Celle-ci consiste à filmer des acteurs, ensuite "recouverts" à la palette graphique pour donner vie à leurs personnages, tout en respectant leur jeu. Zemeckis adapte pour Disney le célèbre Christmas Carol (Un chant de Noël, 1843) de Charles Dickens. Ebenezer Scrooge (Jim Carey), banquier misanthrope londonien à l’avarice légendaire, méprise les fêtes de Noël. Il est visité la nuit du réveillon par les fantômes des Noëls passés, des Noëls présents et des Noëls futurs, dont les leçons vont bouleverser sa vie.

Zemeckis conçoit son adaptation comme un merveilleux livre d’images, à l’action trépidante, avec un Jim Carey remarquable sous ses oripeaux de Scrooge. Le parti-pris esthétique, très sophistiqué, peut ne pas faire l’unanimité mais demeure remarquable dans sa virtuosité technique, avec des fulgurances constantes. Un avertissement toutefois : Scrooge est recommandé à partir de 10 ans, pour certaines images qui pourraient effrayer les plus jeunes. Mais c’est une longue tradition chez Disney, de la forêt hantée de Blanche-Neige à la sorcière Maléfique de La Belle au Bois Dormant, en passant par la mort de la maman de Bambi

A l’opposé de la "motion Capture" de Zemeckis, le réalisateur tchèque Jiri Trnka est un génie de l’animation "stop motion" (filmage image par image de marionnettes). Fidèle à cette technique et à cet art, il a produit nombre de films dans les années 1950-60, dont Les vieilles Légendes tchèques en 1953. Il relate la naissance de la nation tchèque dans un moyen-âge mythique, sous la gouverne du roi Cosmas de Prague (XIIe siècle), unificateur de son peuple en quête d’une terre promise.

Entre actes héroïques, batailles et féérie, c’est un merveilleux livre d’images que créé Trnka en cinq chapitres. Tout en décors et personnages miniatures animés et éclairés avec un goût du détail minutieux, Les vieilles Légendes tchèques, édité récemment en DVD chez Artus, sort de l’oubli un des plus grands créateurs de l’animation. Espérons que d’autres de ses films suivront.

Si vous voulez rire un bon coup

Scénariste et réalisateur, Francis Veber adaptait en 1998 pour l’écran sa pièce Le Dîner de cons, en gardant Jacques Villeret, et en remplaçant Claude Brasseur par Thierry Lhermitte. Le film remportait du même coup trois César, dont celui du meilleur acteur pour Villeret, en rassemblant plus de neuf millions d’entrées en France. Veber retrouve la verve d’un Feydeau dans son comique de situation, où un éditeur, Pierre Brochant (Lhermitte), organise toutes les semaines un diner avec ses amis, chacun devant être accompagné d’un "con". Brochant a trouvé un champion en la matière, François Pignon (Villeret), qu’il invite chez lui avant le dîner. Mais un tour de rein oblige Brochant à rester confiné avec son "con" qui, durant toute la soirée, va lui pourrir l’existence.

Quiproquos et bons mots fusent avec rythme, servis par un casting de luxe, avec un Daniel Prévost remarquable, César du second rôle, ou encore Francis Huster. Ils portent une comédie irrésistible, où l’écriture de Veber fait mouche en surfant sur un duo proche de son Emmerdeur de 1973, également très recommandable.

Trop oublié aujourd’hui, La Kermesse héroïque de Jacques Feyder en 1935 a longtemps été loué comme un des meilleurs films français, aux côtés de ceux de Jean Renoir ou Marcel Carné. Il faut dire qu'il a de qui tenir, avec une Françoise Rosay incroyable d’impertinence envers son mari bourgmestre de Boom, en Belgique (André Alerme), qui joue les morts pour éviter la rencontre en 1616 avec l’ambassadeur d’Espagne. Louis Jouvet interprète, lui, un chapelain mémorable d’hypocrisie. Rosay réquisitionne les bourgeoises du bourg, pour charmer, faire festoyer et enivrer les espagnols, au cours d’une journée mémorable, au terme de laquelle leur départ sera regretté.

Le film bénéficie d’une reconstitution historique sublime qui évoque le peintre Jan Brueghel le Jeune, résidant à Boom à l’époque du film. Mais il est aussi une dénonciation tant des préjugés envers les étrangers, que de l’ingérence impérialiste, à une époque où Hitler frappe depuis 1933 aux portes de l’Europe. A redécouvrir.

Si l'aventure vous dit

Classique des classiques de Fritz Lang en 1955, Les Contrebandiers de Moonfleet réunit Stewart Granger et George Sanders dans un film d’aventures situé en 1757, dans la tradition de L’Île au trésor. Malgré ses grandes qualités visuelles, en scope (écran large) aux couleurs somptueuses, avec des ambiances gothiques envoûtantes, le film fut renié par son réalisateur, privé de montage par les producteurs. Les Contrebandiers de Moonfleet n’en reste pas moins fascinant, entraînant de bout en bout, sur les pas du jeune John Mohune, confié à la mort de sa mère à Jeremy Fox, un aristocrate qui se révèle être à la tête d’un gang de contrebandiers. D’abord indifférent au garçon, il s’y intéresse, John étant en possession d’un secret pour trouver un diamant exceptionnel.

Ce père de substitution se révèlera finalement touché par l’enfant, faisant des Contrebandiers de Moonfleet un grand récit d’apprentissage, pour l’un comme pour l’autre.

Quasiment invisible depuis sa sortie en 1974, L’île sur le toit du monde, réalisé par Robert Stevenson (Mary Poppins, Un amour de coccinelle) pour Disney, son port d’attache, est pourtant un grand film d’aventures. Il ne figure même pas sur la plateforme Disney +, mais on le trouve sur YouTube. En 1907, Sir Anthony Ross monte une expédition polaire vers l’Arctique, à bord du dirigeable Hypérion pour retrouver son fils disparu. Ils vont découvrir une île verdoyante au milieu des glaces, habitée par les descendants des Vikings.

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Le voyage de l’Hypérion est magnifique, dans la plus pure tradition des romans de Jules Verne. Son capitaine français est interprété par un truculent Jacques Marin, inattendu dans une production Disney. De très beaux décors, un dirigeable splendide, un mystérieux cimetière des baleines… traversent un film familial des plus distrayants, qui mérite de sortir de l’oubli.

Si vous êtes un peu à l'Ouest

Sergio Leone est incontournable en tant qu’inventeur du "western italien", comme il le nommait, détestant le vocable de "western spaghetti", méprisant à ses yeux. Il est convenu de nommer Pour une poignée de dollars (1964), Et pour quelques dollars de plus (1965), et Le Bon, la brute et le truand (1966) la "trilogie des dollars". Avec comme rôle principal un chasseur de primes anonyme, qui apporta la gloire à Clint Eastwood, on trouve à ses côtés Gian Maria Volontè dans les trois films et Lee Van Cleef dans les deux derniers. Le film de 1966 surpasse les deux premiers, mais tous ont le mérite d’installer un style novateur. Le premier est un remake avoué du Garde du corps de Akira Kurosawa, film de samouraï de 1961, où Leone trouve la source d’un code de l’honneur et une approche contemplative qui engendrera, avec plus ou moins de bonheur, une foule de westerns italiens jusque dans les années 70.

Dès 1964, Leone s’adjoignait le compositeur Ennio Morricone qui participera pour beaucoup à la singularité de ses films. Aussi Leone retrouve-t-il Morricone pour Il était une fois dans l'Ouest, qui sort trois ans après Le Bon, la brute et le truand. L’ambition devient tout autre et le film est le premier acte d’une deuxième trilogie, suivi de Il était une fois la révolution (1971), puis Il était une fois en Amérique (1984). Leone filme pour la première fois aux Etats-Unis, qui le fascinent tant, avec une icône du western classique, Henry Fonda, et la star montante de l’époque, Charles Bronson. Jason Robards remplace quant à lui Gian Maria Volontè en crapule au grand cœur qui tombera dans les bras de Claudia Cardinale.

Leone réalise un des plus grands westerns, opératique et fiévreux, avec sa scène d’introduction taiseuse avant le déferlement de violence qui décime une famille, son homme à l’harmonica, ses scènes de train mythiques… Le film créé à l’époque l’événement, il est adulé en France mais rejeté aux Etats-Unis. Son sujet autour d’une nation nouvelle émergente corrompue par l’argent, au détriment de ses colons et habitants épris de liberté, passe mal.

Si vous voulez mener l'enquête 

Après Il était une fois la révolution, qui tourne autour du soulèvement mexicain de 1913, Leone réalise Il était une fois en Amérique, dernier opus de sa trilogie. C’est son dernier film, le cinéaste décédant en 1989 à l'âge de 60 ans. C’est une immense fresque qu’il nous offre, l’équivalent du Parrain (1972) de Francis Ford Coppola. Il y raconte l’ascension et la décadence de "Noodles" (Robert De Niro), depuis son enfance en 1933, jusqu’à son retour d’exil à New York en 1968.

Une saga mafieuse d’une durée de 2h19 aux Etats-Unis, de 3h41 en Europe et de 4h11 dans sa version "director cut". Un des plus grands films de gangsters, avec le Coppola, autour d’une bande de potes qui va conquérir Brooklyn dans sa lutte contre les gangs irlandais. Mais aussi un grand film habité d’une nostalgie amère, construit tout en flash-back, avec l’amour impossible entre Noodles et Deborah (Jennifer Connelly, puis Elizabeth McGowern) comme fil rouge.

Grand amateur de gangsters, Martin Scorsese réalisa aussi une saga autour de la naissance de la pègre, elle, irlandaise, dans Gangs of New York. Mais le film, gâché par les producteurs, ne remplit pas son contrat. Reste que Scorsese est éblouissant dans Les Affranchis (1990) et Casino (1995). Tous deux avec Robert De Niro, l’acteur campe à chaque fois un chef de gang, jouet de ses partenaires. Il est le mentor de Henry Hill (Ray Liotta) dans Les Affranchis qui relate l’ascension d’un jeune arriviste au sein de son organisation, et qui le trahira.

Dans Casino, il mène la danse à Las Vegas, mais son amour pour une flambeuse (Sharon Stone, géniale) le mènera à sa perte. Encore une histoire de confiance trahie. Enrichis de seconds rôles de haut vol, notamment Joe Pesci qui explose à l’écran, Les Affranchis et Casino sont au sommet du cinéma de Scorsese.

Si vous voulez courir sous les bombes

Stanley Kubrick a fait de la guerre un de ses sujets de prédilection (Fear and Desire, Les Sentiers de la gloire, Spartacus, Barry Lyndon, Full Metal Jacket). Il l’abordait sous un œil totalement iconoclaste dans Docteur Folamour en 1964, avec Peter Sellers dans un triple rôle, George C. Scott et Starling Hayden. Alors qu’un général siphoné déclenche le plan d'attaque nucléaire contre l'URSS, le président américain convoque tout le staff militaire dans la salle de guerre du Pentagone. Il engage des pourparlers avec Moscou, alors que le premier B-52 de l'armada armée de bombes atomiques survole l'espace aérien russe et est injoignable.

En pleine Guerre froide, Kubrick, qui sort tout juste du scandale provoqué par son adaptation de Lolita de Nabokov, rue dans les brancards avec une satire décapante sur les rapports diplomatiques entre les Etats-Unis et l’URSS. Toujours somptueux dans sa mise en images, dans les décors géniaux de Ken Adams, il réalise le film emblématique de toute une époque. Le monde sortait alors tout juste de la crise de la Baie des cochons qui faillit provoquer la Troisième Guerre mondiale. Provocateur, drôle, antimilitariste : génial.

Si vous voulez en faire un drame

L’Anglaise et le Duc d’Eric Rohmer en 2001 est un des meilleurs films sur le Révolution. Il adapte le journal intime de Grace Elliott (Lucy Russell), ressortissante britannique en France dans les années 1780-90. Aristocrate sympathisante des idées révolutionnaires, elle est une proche du Duc d’Orléans (Jean-Claude Dreyfus). Elle observe et subit avec horreur l’instauration de la Terreur, en subissant toutes les suspicions des révolutionnaires en plein Paris.

Dans une langue qui rend hommage au français le plus pur, aux subjonctifs délicieux, Rohmer met en images le Paris du XVIIIe siècle en insérant ses personnages dans des peintures de Jean-Baptiste Marot d’une extrême délicatesse. Les intérieurs et costumes créent par ailleurs des harmonies colorées évocatrices de la subtilité esthétique du siècle. Lucy Russell est émouvante de sincérité et Jean-Claude Dreyfus tient là son meilleur rôle. Le récit est plein de suspense dans les tourments de l’Anglaise et de ses proches menacés par la guillotine. Magnifique témoignage sur la Terreur, L’Anglaise et le Duc s’avère le parfait complément au Danton de Andrzej Wajda de 1982, avec Gérard Depardieu, consacré au conflit entre Robespierre et Danton.

Grand prix du festival d’Avoriaz et César du meilleur film étranger, Elephant Man, deuxième film de David Lynch, bouleversait toute la planète en 1981. Rare film tourné en noir et blanc et écran large à l’époque, il évoque la vie tragique de John Merrick (John Hurt), un monstre de foire maltraité par son propriétaire, et recueilli par le Docteur Treves (Anthony Hopkins) en 1884 à Londres. Plus que l’étudier, Treves va introduire Merrick dans la haute société victorienne où il va devenir la coqueluche du Tout-Londres, avant d’être kidnappé par son ex-propriétaire. "L’homme éléphant" va s’échapper et retrouver Treves pour fuir son tortionnaire.

Dans une magnifique photographie signée Freddie Francis (deux fois oscarisé), Elephant Man est un condensé d’humanité. Lynch ne manque pas toutefois au passage d’écorner la bonne conscience victorienne, ou l’ambition du Dr. Treves, auquel "L’homme éléphant" apporta la reconnaissance et la gloire. La bande sonore originale est signé par un John Morris inspiré, dans laquelle il insère le bouleversant Adagio pour cordes de Samuel Barber. L’éditeur StudioCanal vient de rééditer le film en DVD/Blu-ray 4K et en VOD, dans une somptueuse copie, accompagnée de nombreux et précieux compléments.

Si vous voulez avoir peur ou entrevoir le futur 

En ces temps de confinement, une petite visite dans une des plus terrifiantes demeures hantées s’impose. La Maison du diable (1963) de Robert Wise (West Side Story) reste un des films les plus effrayants. Adaptation fidèle du roman de Shirley Jackson (Hantise), il relate l’expérience menée par un anthropologue (Richard Jackson), avec des invités sensibles aux phénomènes parapsychologiques, pour prouver la hantise qui habite Hill House, réputée être "L’Everest des maisons hantées" en Nouvelle Angleterre.

Tout est en dans le noir et blanc gothique des décors, et la bande sonore, sans jamais ne rien montrer. Eléonore (Julie Harris, formidable) est prise dans le labyrinthe de la maison qui l'envoûte. Mariant épouvante élégante et psychologie, La Maison du diable reste bien plus efficace que Shining, sans doute le film le plus surestimé de Kubrick, même s'il fascine toujours.

Embrayant sur le cocktail de science-fiction et d’horreur inauguré par Alien de Ridley Scott, John Carpenter, grand amateur et cinéphile du genre, se lance en 1982 dans The Thing, un remake de La Chose d’un autre monde, qui engendra en 1950 la grande vague du cinéma de science-fiction à Hollywood. Ce retour aux origines s’effectue sous la gouverne d’un réalisateur qui met la paranoïa au cœur de sa filmographie (Halloween, Invasion Los Angeles), avec les effets spéciaux révolutionnaires de son maquilleur spécial Rob Bottin.

Relatant la découverte d’un extraterrestre endormi depuis des siècles en Arctique ayant la faculté de prendre l’apparence de toute créature touché, The Thing est le film de la méfiance absolue envers l’autre, en qui peut se dissimuler l’ennemi. Effets spéciaux incroyables (sans numérisation à l’époque) et subtilité psychologique alimentent un très grand film anxiogène, incompris à sa sortie. Un pseudo remake honorable de Matthijs van Heijningen Jr., sorti sous le même titre en 2011, bénéficie d’effets numériques, et relate les événements précédents le film de Carpenter.

Si revisiter le patrimoine vous tente

Farouche opposant au passage du muet au parlant en 1927, Charlie Chaplin est incontournable, avec son personnage de Charlot et ses nombreuses réalisations, toutes devenues des classiques. Chaplin s’est inspiré du Français Max Linder, qui fit carrière aux Etats-Unis aux débuts du cinéma, en projetant le dandy ridicule qu’il incarnait dans un clochard lunaire. Rapidement, ses premiers courts métrages se transforment en très grands films longs, tels que Le Kid (1921), La Ruée vers l’or (1925), Les Lumières de la ville (1931), Les Temps modernes (1936) ou Le Dictateur (1940).

Tous sont basés sur des scénarios très ingénieux et variés, valorisant les classes défavorisés, avec une tendresse humaniste éclatante, sans parler de ses trouvailles humoristiques irrésistibles. Plus d’une scène anthologique nourrissent ses films, sur les musiques entêtantes qu’il composait, en privilégiant toujours la pantomime, fidèle à son art du cinéma muet.

En France, Jean Epstein transfigure au cinéma toute la poésie macabre de Edgar Allan Poe, en rassemblant dans La Chute de la Maison Usher de 1928, cette nouvelle éponyme de l’auteur bostonien et Le Portrait ovale. Nul autre film n’atteint cette identification picturale, tant Epstein capte dans l’image l’encre noire et venimeuse de son auteur. Le cinéaste, mort prématurément à 56 ans, exalte les espaces infinis d’une vaste demeure délabrée, où se joue l’amour incestueux d’un frère pour sa sœur, dont il vampirise la vitalité en peignant son portrait pour la rejoindre dans une passion nécrophile.

Aucun autre film n’a d’équivalent au cinéma. Cinéaste et théoricien, Epstein est toujours d’avant-garde, mais ses films sont difficilement visibles. La Chute de la maison Usher est, lui, disponible gratuitement sur le site de la Cinémathèque française.

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