Danseuse au Crazy Horse, Bamby Splish-Splash dévoile la femme derrière la Crazy girl
Les spectacles du Crazy Horse sont connus pour leurs interprètes pétillantes habillées de jeux de lumière et de costumes. Mais qui sont ces Crazy girls ? Jusqu'à fin avril, le cabaret a décidé de présenter ses artistes en fin de show. Rencontre avec l'une d'entre elles, Bamby Splish-Splash.
Le Crazy Horse met à l’honneur ses Crazy girls : du 1er au 30 avril, les danseuses (elles sont une douzaine sur scène chaque soir) prennent la parole à la fin de chaque spectacle afin de dévoiler la femme derrière l’artiste. Bamby Splish-Splash, Tina Tobago, Lola Kasmir, Hippy Bang-Bang, Pixelle Canon, Kika Revolver, Prima Analytic, Coco Vanille… découvrez les femmes qui se cachent derrière ces noms chimériques et ces perruques arc-en ciel.
"Si les danseuses se ressemblent par moment sur scène grâce aux artifices du spectacle, dans la vie elles sont toutes différentes. Elles viennent de pays différents, de cultures différentes. Elles sont complexes et décomplexées, libres et multi-facettes. Ce sont des femmes fortes qui peuvent avoir des fragilités, choisir de les montrer ou pas. Comme nous, en somme", souligne d'emblée Andrée Deissenberg, Directrice Générale Création & Marques du Crazy Horse.
Chaque jour d'avril, le site web et les réseaux sociaux du Crazy Horse dévoilent le portrait d’une Crazy girl. Elle y révèle son histoire, ses passions, ses challenges, sa personnalité. Le soir cette danseuse est mise à l’honneur dans les solos du spectacle Totally Crazy et lorsque le rideau tombe, elle revient sur scène à la rencontre du public pour une session de questions-réponses.
Rencontre avec l'une d'entre elles, Bamby Splish-Splash.
Franceinfo Culture : Depuis combien de temps êtes-vous au Crazy Horse ? Comment y êtes-vous entrée ?
Bamby Splish-Splash : Cela fait sept ans. Cela faisait un moment que je rêvais d'entrer au Crazy Horse. Quand j'étais étudiante à Nice, une amie, qui rêvait aussi de ce cabaret, m'a montré des vidéos. J'ai commencé à me prendre de passion pour l'histoire du lieu, les chorégraphies, les costumes, et à me dire que ce serait mon point de chute. Je voulais, plus que n'importe quoi, rentrer ici, mais j'ai attendu d'avoir 19 ans. J'avais peur à 18 ans de passer l'audition, j'avais très peur d'un refus. J'ai envoyé ma candidature le 1er janvier 2015, me disant c'est le premier jour de l'année, c'est symbolique. Le 2 janvier paraît une annonce sur Facebook indiquant que le Crazy Horse organise à Marseille, dans ma ville natale, une audition le 13 janvier. Pour moi, c'était un signe du destin. J'ai postulé.
Mais je n'ai pas eu l'expérience de la scène du Crazy avant d'y être vraiment : là c'était dans un petit studio avec une lumière très forte devant deux jurys. Ce n'est pas l'expérience que les filles ont quand elles passent l'audition à Paris. J'ai su le lendemain, le 14 janvier, que j'étais prise. Je passais alors un partiel Histoire des arts pour ma licence Art du spectacle-danse à Nice quand j'ai reçu un coup de fil du Crazy qui m'annonçait que je partais pour un an à Séoul pour une tournée internationale.
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Quelle est l'origine de votre nom de scène ? Qui vous le donne ? Peut-on le refuser ?
Bamby était une évidence pour plusieurs raisons. D’abord pour mon jeune âge quand j’ai intégré la troupe, ensuite pour mon regard de biche, et enfin pour le faon de Disney dont je partage le caractère doux et la détermination. La direction artistique m'assimilait à ce personnage qui saute dans de grandes flaques d’eau, d’où le Splish-Splash.
Le choix du nom est normalement très protocolaire : le jour de la première de la Crazy girl, la direction la baptise avec un nom de scène juste avant que le rideau ne s'ouvre pour le spectacle. On a le droit de le refuser une fois mais si le deuxième nom ne nous plaît pas, on doit cependant le garder.
Quelle histoire entretenez-vous avec la danse ?
J'ai une histoire assez particulière et un parcours très peu conventionnel car je n'ai pas suivi un parcours de danse classique. J'ai fait ce que je pouvais : si j'allais au centre aéré, je prenais l'atelier danse. J'étais passionnée de films bollywoodiens dont je reproduisais les chorégraphies et j'adorais faire des spectacles quand mes parents organisaient des soirées à la maison.
J'ai pris un bac littéraire option danse, ce qui m'a permis de toucher un peu plus à la danse, mais c'était frustrant car on avait beaucoup de théorie sur l'histoire de la danse mais la pratique n'était pas assez élaborée pour me donner des vraies bases de danse classique. À 18 ans, quand je suis partie faire mon cursus universitaire à Nice, j'ai eu l'occasion d'être liée à l'école de danse Rosella Hightower de Mougins, qui est une école pour professionnels. On avait un accès amateur : pendant un an, à raison de deux cours par semaine, classique et jazz, je m'y suis mise à fond.
Entrer au Crazy m'a donné de bonnes bases. À notre arrivée, on nous dit : vous avez votre bagage gestuel, vous allez vous en servir mais on va - comme une pierre brute - vous tailler façon Crazy. C'était aussi une chance pour moi car j'étais moins dépendante du langage chorégraphique classique que mes camarades : je pouvais facilement me mouler à ce vocabulaire Crazy. Ici on a un code, un langage très spécifique. Parfois c'est très dur pour les filles qui viennent du classique, car il faut vraiment apprendre à déconstruire ce corps qui pendant tant d'années a été interdit de cambrer, par exemple. Ici on cambre ! Cela dépend de la disponibilité que chaque fille a dans le corps : la danse demande de l'intelligence, de l'observation et de s'adapter.
Faut-il avoir des talents de comédienne pour passer d'un personnage à un autre dans les différents tableaux ?
Assurément oui. Je pense que c'est mon atout principal étant donné que je n'ai pas eu cette base de danse classique. Il faut pouvoir se mettre dans la couleur d'un personnage, aller chercher les émotions. J'ai beaucoup de solo vignette (ndlr : solo très court, très rapide, qui revient deux fois dans le spectacle) qui sont très riches. Par exemple, pour les numéros Miss Astra, Miss Bisou, Lolita, il y a la chorégraphie mais parfois l'interaction avec le public. Les duos aussi sont très enrichissants. Solo, duo, en groupe, chaque numéro est différent, il se passe quelque chose, c'est vivant, on communique avec son public ou avec les filles.
Quelle est la durée d'une carrière ?
C'est très différent. Là actuellement, on a une fille qui a quinze ans de maison. C'est une question aussi : comment aborder la rupture avec la scène, cet espace intime, d'amour, signifiant pour l'artiste. C'est très dur de dire au revoir à la scène et encore plus à celle du Crazy quand on est passionnée et qu'on a rêvé d'être ici. Il y a un côté très angoissant et très dur à gérer... pour l'après, il faut vraiment être prête, avoir un truc derrière pour se dire : je quitte une aventure pour une autre aventure aussi belle !
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Si vous n'aviez pas été danseuse, vers quelle profession vous seriez-vous tournée ?
Je pense que j'aurais voulue être dans les métiers de l'art, de l'artistique, du manuel, du créatif, peut-être costumière car j'aime beaucoup les costumes d'époque comme l'Empire, la Régence.
Vous avez un compte Instagram et une chaîne YouTube où l'on découvre votre passion pour le Do It Yourself
J'aime beaucoup ce qui est lié au Do It Yourself. Je chine beaucoup en brocante et j'adore la mode de seconde main : cela me permet d'avoir des pièces uniques, de voir des pièces qui ont un potentiel mais que j'aurais vues différemment. Là, je peux les transformer, c'est le côté créatif que j'adore dans la seconde main. Je me cherche encore, c'est un truc que je faisais seule chez moi et je commence un peu à le présenter avec ma chaine YouTube, à le partager avec les gens qui me suivent sur mon compte Instagram bamby.fr.
Je n'ai jamais cessé de faire cela. J'ai toujours été attirée : quand j'étais jeune, j'avais une nounou qui avait un pistolet à colle et je disais que quand je serais plus grande j'en aurais un ! Je voulais tout le temps l'aider, cela me fascinait, j'étais manuelle, je créais des robes de poupées....
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Pensez-vous développer cette passion demain quand vous aurez tourné la page du cabaret ?
Je pense que pendant longtemps cela a toujours été présent dans ma vie mais ce n'était pas évident : je ne me suis pas dit que c'était mon moyen d'expression, que c'était quelque chose qui me faisait vibrer quotidiennement, c'était plutôt en off. Maintenant, je commence à comprendre que cela fait partie de ma vie, me nourrit, m'aide à me recentrer, me ressourcer. Cela fait partie des temps calmes de ma journée. Je pense que c'est ma voie, c'est mon chemin. Peut-être qu'il y a quelque chose à faire avec cela après le Crazy Horse ? Je ne sais pas !
Peut-être j'ouvrirai un magasin, je serai créatrice de crochet, je créerai des ateliers, j'aiderai des jeunes filles à commencer la couture... J'essaie d'écouter mon instinct, je fais confiance à la vie. Pour le moment cela me plaît de le faire, de le partager avec les gens qui me suivent ; en même temps, c'est gratifiant parce que je sens que cela inspire d'autres personnes. C'est un moyen de communiquer d'une autre manière à travers un autre art, un autre média. C'est une communication, qui est virtuelle, digitale, mais tout aussi intéressante qu'ici au Crazy Horse où avec la Crazy girl Lola Kashmir, je fais des maillots au crochet.
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Ornella le jour, Bamby la nuit : des points communs ?
Il ne faut pas voir Bamby et Ornella comme deux entités différentes. Je pense que Bamby est une valeur ajoutée d'Ornella : Bamby vient enrichir Ornella et lui apporte plus de confiance.
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