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"Man of Steel" : faut-il ressusciter les films de super-héros encore et encore ?

Le nouvel épisode de "Superman" qui sort aujourd'hui revient sur les débuts du héros. Les studios hollywoodiens affectionnent ces versions remaniées de films déjà sortis, les "reboots". Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Article rédigé par Michael Bloch
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Henry Cavill incarnant Superman dans "Man of Steel", sorti en salles le 19 juin 2013. (KOBAL / AFP)

Sixième adaptation cinématographique de Superman, Man of Steel, qui sort mercredi 19 juin,  est centré sur les débuts du super-héros. Dans le jargon du cinéma, on appelle cela un “reboot”. Autrement dit, une nouvelle version remaniée d’un film déjà sorti en salles, qui part sur des bases identiques mais dont l’histoire est largement modifiée.

Les Quatre Fantastiques, Spiderman, et maintenant, Superman : les reboots sont revenus à la mode, en particulier pour les films de super-héros, même si les studios doivent faire face à des difficultés au moment d’engager de tels projets. Mais cette voie est-elle la bonne ?

Cela limite les risques financiers…

Les reboots sont l’une des solutions favorites d'Hollywood. Le quotidien britannique The Telegraph a ainsi recensé près de dix-sept reboots qui devraient sortir cette année. Les studios prennent ainsi moins de risques financiers puisque la marque, déjà connue, leur permet de rêver à un succès presque automatique au box-office. Le pari est déjà en partie réussi pour le héros à la cape rouge. Lors de son premier week-end d’exploitation aux Etats-Unis, Man of Steel a amassé près de 113 millions de dollars, selon le décompte du site Allociné.

Même réussite pour The Amazing Spider-Man, reboot de Spiderman. Il a totalisé plus de 750 millions de dollars au box-office mondial. Le théorème fonctionne aussi pour les Batman de Christopher Nolan. The Dark Knight et The Dark Knight Rises ont tous les deux dépassé le milliard de dollars de recettes.

Lors d'une conférence donnée à l'université de Californie du Sud, George Lucas a pourtant critiqué, la semaine dernière, cette vision mercantile d'Hollywood. "[Les studios] font [ces films] pour l'argent, a affirmé le réalisateur de Star Wars, cité par Allociné. Du coup, leurs points de vue sont de plus en plus étriqués et les gens vont se lasser."

Steven Spielberg estime lui aussi que ce système n'est pas tenable. "Il y aura éventuellement une implosion – ou une grande crise. Il va y avoir une implosion où trois ou quatre, ou peut-être même une demi-douzaine de films à méga budget vont s’écraser, et cela va changer le paradigme", a prophétisé le réalisateur de Lincoln, comme le rapporte un blog du journal canadien La Presse. 

… mais il faut contenir la déception des fans

La principale difficulté à laquelle se heurtent les studios lorsqu’ils s’engagent dans un reboot est de parvenir à contenter les fans de la première heure. Et ce n’est pas chose aisée. "Les fans des précédents films s’opposent fermement à tout ce que vous faites, à moins que vous soyiez Chistopher Nolan, et il s’avère souvent difficile d’échapper à l’accusation que le produit final est tout simplement une redite paresseuse du précédent film", ironise Whatculture, un site culturel américain (en anglais).

La trilogie des Batman de Christopher Nolan est l’exemple parfait d’un reboot totalement réussi. Le réalisateur a su allier succès critique et carton au box-office, et ce avec une franchise qui avait déçu beaucoup de fans par le passé. Mais tous les reboots ne suscitent pas le même enthousiasme. L’annonce d’un reboot pour Spiderman, moins de dix ans après la sortie du premier Spiderman avec Tobey Maguire, avait particulièrement agacé les fans. Le site spécialisé Cultureblend (en anglais) avait, par exemple, qualifié ce projet de “pire idée dans la longue histoire d’Hollywood”.

D'autant que les studios ne tiennent parfois pas compte des appréciations des fans. Pour Hollywood, "personne n'est irremplaçable". Peu importe que le public ait adoré la prestation de Tobey Maguire dans Spiderman, les studios américains n’hésitent pas à lancer des reboots sans les acteurs emblématiques des films. Les comédiens subissent aussi ce renouvellement perpétuel. “Un reboot des Quatre Fantastiques ? C'est très triste pour moi personnellement et pour le reste des acteurs”, soupirait ainsi sur MTV, en 2011, Ioan Gruffudd, l’un des acteurs du premier des Quatre Fantastiques, sorti en 2005.

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