"X-Men : Apocalypse" : les super-héros essoufflés respirent encore
Plastique borderline
Si Bryan Singer fait preuve d'éclectisme et de talent dans sa filmographie ("Usual Suspect", "Un Elève doué", "Walkyrie", et quelques séries TV), il semble particulièrement attaché à la franchise "X-Men". Et plus généralement au super-héros au sens large, étant passé par la case "Superman" ("Superman Return"). "Jack, le chasseur de géant" peut de son côté faire figure de super-héros dans un environnement féérique. Il persiste et signe dans "X-Men : Apocalypse", alors qu'il réalise le septième film de la série."X-Men" est un des piliers de la ménagerie Marvel depuis les années 70, après avoir peiné à s'imposer dans les années 60. Le succès de leur adaptation au cinéma depuis 2000 n'a, lui, jamais été démenti, engendrant même un prolongement dans les deux films consacrés à Wolverine, qui a lui-même son propre comic book. Les codes esthétiques des films demeurent toutefois problématiques. La couleur bleue de Mystique, de Fauve et du petit nouveau dans "Apocalypse", Diablo, est particulièrement laide et redondante. Les casques du professeur Xavier et de Magnéto sont ridicules, tout comme la cape de ce dernier. Quand à la pilosité lupine de Wolverine, elle s'intègre beaucoup moins bien au cinéma qu'en bande-dessinée. Etonnant de constater que les Avengers passent beaucoup mieux le cap, même s'il n'était pas facile de faire accepter les costumes de Captain Americain ou de Thor.
Trilogie
Considérations plastiques à part, "X-Men : Apocalypse" demeure dans la continuité des films précédents. Avec son lot de conflits psychologiques propres à chaque super-héros et entre eux (l'amour contrarié du professeur Xavier pour Mystique), le climat de guerre constant entre mutants et humains, les bagarres et prouesses homériques (l'arrachage du stade sportif par Magnéto) aux effets spéciaux toujours nickel… Des thèmes auquel s'ajoute celui des origines. Il était déjà au centre de "X-Men : le commencement", mais ouvrait également le premier film de la franchise, "X-Men" en 2000, où la première scène explicite le trauma originel d'Erik Lehnsherr, alias Magnéto, dans un camp de concentration nazi.
Les origines remontent encore plus loin dans "Apocalypse", puisqu'elles enracinent les pouvoirs mutants dans l'antiquité égyptienne, 3600 ans avant notre ère. L'introduction du film voit les dieux égyptiens identifiés à des mutants avec, déjà, les conflits qu'ils suscitent. Le jeu avec le temps - résurgence antique dans "Apocalypse", Seconde Guerre mondiale dans "X-Men", voyage temporel dans "Days of Future Past - projette la mythologie des X-Men dans l'intemporel, l'universel. Cette dernière livraison Marvel est une sorte de conclusion d'une trilogie, ouverte avec "Le Commencement" et poursuivi avec "Days of Future Past", même s'il est un chouilla en-deçà. "X-Men : Apocalypse" porte donc bien son titre, l'étymologie d'Apocalypse renvoyant au substantif grec signifiant "dévoilement" ou "révélation", donc à une régénérescence, à l'issue d'un terme. Ce qu'augure la préparation d'un septième film d'ores et déjà en tournage.
La fiche
Science-fiction de Bryan Singer (Etats-Unis) - Avec : James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Oscar Isaac, Sophie Turner, Rose Byrne, Olivia Munn - Durée : 2h23 - Sortie : 18 mai 2016
Synopsis : Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d'années et désillusionné par le monde qu'il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l'humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l'humanité d'une destruction totale.
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